Michel Serres, un penseur pour notre temps

Avec Michel Serres

16 juin 2017.
 

Avec Michel Serres
Animé par Yann Nicol

À considérer l’humeur chagrine des temps présents, il nous donne de livre en livre une leçon de jeunesse – et aussi de sagesse. Curieux de tout, attiré par l’ailleurs, philosophe et officier de marine, croisant les savoirs avec bel appétit, penseur avant tout le monde de l’âge de la communication, il n’a cessé de réfléchir à ce qui attache l’Humanité à la Terre et l’en détache depuis la révolution néolithique. Penseur de la complexité fasciné par la littérature, conteur intarissable, il s’affirme comme un des grands penseurs des temps présents.

Une belle rencontre en perspective, avec en ouverture un documentaire, de Catherine Bernstein : Le voyage encyclopédique de Michel Serres (2007, 52’) qui accompagne le philosophe dans le voyage qu’il fait en bateau, depuis sa Garonne natale jusqu’à la Seine, et qui n’est rien d’autre que la métaphore d’un questionnement incessant sur la vie et le monde. En traversant des dizaines de lieux, Michel Serres évoque son parcours biographique et intellectuel, tandis que se tisse petit à petit la vision de notre humanité passée, présente, future. Et nous nous émerveillons de découvrir un monde menacé par la violence mais riche de surprises, de beauté et d’amour…

 

DERNIER OUVRAGE

 
Essais

Darwin, Bonaparte et le Samaritain

Le Pommier - 2016

« Darwin raconta l’aventure de flore et de faune ; devenu empereur, Bonaparte, parmi les cadavres sur le champ de bataille, prononça, dit-on, ces mots : « Une nuit de Paris réparera cela ». Quant au Samaritain, il ne cesse, depuis deux mille ans, de se pencher sur la détresse du blessé. Voilà trois personnages qui scandent sous mes yeux trois âges de l’histoire.
Le premier, long, compte des milliards d’années. Réussissant à dater les événements dont elles s’occupent, les sciences contemporaines racontent le Grand Récit de l’univers, de la planète et des vivants, récit qui déploie nos conditions d’habitat et de nourriture, sans lesquels nous ne vivrions ni ne survivrions.
Pendant des milliers d’années, le deuxième, dur, répète cette guerre perpétuelle dont un chiffre bien documenté dit qu’elle occupa 90% de notre temps et de nos habiletés.
Quant au dernier, doux, il glorifie, depuis quelques décennies seulement, l’infirmière, le médecin, la biologiste dont les découvertes et les conduites redressèrent à la verticale la croissance de notre espérance de vie ; puis le négociateur, qui cherche la paix ; enfin l’informaticien qui fluidifie les relations humaines.
Histoire ou Utopie ? Il n’y a pas de philosophie de l’histoire sans un projet, réaliste et utopique. Réaliste : contre toute attente, les statistiques montrent que la majorité des humains pratiquent l’entraide plutôt que la concurrence. Utopique : puisque la paix devint notre souci, ainsi que la vie, tentons de les partager avec le plus grand nombre ; voilà un projet aussi réaliste et difficile qu’utopique, possible et enthousiasmant. » Michel Serres


Revue de presse