Les enjeux de la culture

Avec Christiane Taubira, Patrick Chamoiseau, Jean-Michel Le Boulanger ; Jean Rouaud

19 juin 2017.
 

La culture comme rempart contre la barbarie ? Pas si simple : toutes les cultures ne se valent pas. La preuve : il y eut une culture nazie, des artistes nazis, des philosophes nazis, dont un qui embarrasse bien le monde intellectuel. Non : le combat est à l’intérieur de la culture. Pour une certaine idée de l’être humain… Une rencontre en ouverture de la matinée « littérature-monde », entre Jean-Michel Le Boulanger, Christiane Taubira, Jean Rouaud et Patrick Chamoiseau.

Avec Christiane Taubira, Patrick Chamoiseau, Jean-Michel Le Boulanger, Jean Rouaud

 

DERNIER OUVRAGE

 
Essais

L’avenir des simples

Grasset - 2020

On a bien compris que l’objectif des « multi-monstres » (multinationales, Gafa, oligarchie financière) était de nous décérébrer, de squatter par tous les moyens notre esprit pour empêcher l’exercice d’une pensée libre, nous obligeant à regarder le doigt qui pointe la lune, ce qui est le geste de tout dictateur montrant la voie à suivre, de nous rendre dépendant des produits manufacturés, des services et des applications en tout genre, nous dépossédant ainsi de notre savoir-faire qui est leur grand ennemi, un savoir-faire à qui nous devons d’avoir traversé des millénaires, du jardinage à la cuisine en passant par le bricolage, l’art savant de l’aiguille et du tricot et la pratique d’un instrument de musique au lieu qu’on se sature les oreilles de décibels. Reprendre son temps, un temps à soi, reprendre la possession pleine de sa vie. Et pour échapper à l’emprise des « multi-monstres », utiliser toutes les armes d’une guérilla économique, montrer un mépris souverain pour leurs colifichets : « votre appareil ne nous intéresse pas », graffite le capitaine Haddock sur un mur. Contre les transports, la proximité des services, contre l’agriculture intensive empoisonneuse, des multitudes de parcelles d’agro- écologie, ce qui sera aussi un moyen de lutter contre l’immense solitude des campagnes et l’encombrement des villes, contre la dépendance, la réappropriation des gestes vitaux, contre les heures abrutissantes au travail, une nouvelle répartition du temps, contre les yeux vissés au portable, le nez au vent, et l’arme fatale contre un système hégémonique vivant de la consommation de viande, le véganisme. Car nous ne sommes pas 7 milliards, mais 80 milliards, à moins de considérer que tout ce bétail qui sert à engraisser nos artères ne respire pas, ne mange pas, ne boit pas, ne défèque pas. Il y a plus de porcs que d’habitants en Bretagne, et quatre-vingt pour cent des terres cultivées dans le monde le sont à usage des élevages, pour lesquels on ne regarde pas à la santé des sols et des plantes. Renoncer à la consommation de viande et des produits laitiers, c’est refroidir l’atmosphère, soulager la terre et les mers de leurs rejets toxiques, se porter mieux, envoyer pointer au chômage les actionnaires de Bayer-Monsanto et en finir avec le calvaire des animaux de boucherie pour qui, écrivait Isaac Bashevis Singer, « c’est un éternel Treblinka ».

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Revue de presse :

 

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Romans

Le vent du nord dans les fougères glacées

Seuil - 2022

« Boulianno Nérélé Isiklaire était espécial. Il savait des choses sur le profond du conte, sur la Parole qui demande majuscule, sur la lutte contre la mortalité… Il avait développé une connaissance de tout cela dans le secret de son esprit. »

Le dernier « maître de la Parole » qui, comme les bambous a sept vies et ne fleurit qu’une fois, va s’enfermer dans le silence. Il s’est réfugié dans les hauteurs de l’île, plus haut encore que les mornes où se sont développées les pratiques des veillées. Avant que son retrait ne soit définitif, un groupe espérant qu’il formera l’un des leurs, « le tambour Populo », et, de son côté, une toute jeune fille étrange et solitaire, surnommée « l’anecdote », partent sur ses traces pour qu’il choisisse l’héritier et lui donne en legs sa dernière leçon et le secret de sa poésie. Mais les deux jeunes gens s’associent. Ils vont retrouver, au prix d’innombrables exploits, trois cases successives…

Patrick Chamoiseau renoue donc, au bout de quinze ans, avec sa grande veine narrative riche en personnages inoubliables.

 

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Essais

Lettre à Thibaut Pinot

Goater - 2024

Le mois d’octobre 2023 marque la fin de carrière du cycliste Thibaut Pinot. Aimé pour ses victoires autant que pour ses échecs, il a marqué les esprits de nombreux supporters. Jean-Michel Le Boulanger est l’un d’entre eux. Une lettre entre ode au coureur, traversée intime de la Bretagne et récit autour du cyclisme. « Vous êtes un drôle de coureur, Thibaut Pinot. Vous grimacez quand tant de vos concurrents paraissent impavides, impassibles. Vous attaquez et attaquez encore quand tant de coureurs semblent mesurer leurs forces. Vous êtes malade quand il ne faut pas l’être. Vous êtes victime de défaillances quand d’autres sont toujours fidèles à leur niveau, dans une régularité de métronome. Vous gagnez des étapes très prestigieuses et perdez du terrain à des moments plus anodins. Oui, vous êtes un drôle de coureur et être supporter de Thibaut Pinot est un exercice difficile. Ce qui est sûr, et c’est pourquoi on vous aime, c’est qu’avec vous l’eau n’est jamais tiède ni la course prévisible. »

 

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Essais

Nous habitons la Terre

« Nous devons reprendre l’ouvrage. Nous, la Gauche.
En renouant avec notre identité : refaire de la justice sociale la colonne vertébrale des politiques publiques ; ressaisir la question démocratique ; penser la culture ; retisser les liens de solidarité internationale avec les travailleurs, les déshérités, les femmes opprimées, les enfants exploités, les croyants et les incroyants persécutés, les victimes des traites, des guerres, des misères, des catastrophes. Et assumer tout cela tête haute. »
Ch. T.

Dans une langue éblouissante, Christiane Taubira s’indigne des inégalités et des violences qui règnent sur notre planète, s’attaque aux idées dangereuses des extrêmes, critique l’invocation permanente du concept de crise qui assoit la domination des puissants, identifie les règles de vie commune dans une société laïque, redonne leur sens aux mots si souvent dévoyés aujourd’hui, trace les axes d’un combat urgent.
Un livre lucide et engagé, un livre d’espoir porté par le souffle d’une citoyenne de la Terre qui ne peut vivre sans exaltation ni s’accommoder du monde tel qu’il lui est donné.