Sujets et résultats du concours de nouvelles 2007

22 juillet 2010.
 

Samedi 26 mai : Le verdict est tombé. Félicitations à Pierre Gauvin qui a reçu le premier prix du concours de nouvelles 2007. Vous pouvez lire sa nouvelle ci-dessous.

Les recueils de nouvelles sont disponibles gratuitement dans les espaces culturels Leclerc partenaires du festival. Vous retrouverez les textes des premiers de chaque académie participantes. Voir les résultats de l’étape académique.


Voici le classement des 5 lauréats :

Premier prix

Pierre GAUVIN, « Mimo », en terminale au lycée de la Fontaine des eaux, Dinan (22)

Deuxième prix

Zoé FREUND, « Une mare de boue », en 4ème au collège Victor Hugo, Nantes (44)

Troisième prix

Tibault LETOUT, « Ailleurs », en 1ère au lycée Fénlon, Elbeuf (76)

Quatrième prix

Caroline PARTIOT, « Les fleurs de l’aube », en 1ère au lycée franco allemand, Buc (78)

Cinquième prix

Théo LECLERE, « De l’autre coté », en 4ème au collège de Montalembert, Nogent sur Marne (94)


Couverture du recueil de nouvelles 2007

Au coeur des villes-monde

Les nouvelles que l’on pourra lire dans cet ouvrage ont été sélectionnéees dans le cadre du concours d’écriture de nouvelles organisé pour la seizième année par le Festival Etonnants Voyageurs avec le soutien des Espaces Culturels E. Leclerc et du ministère de l’Education nationale, de l’enseignemetn supérieur et de la Recherche.

Ont participé à ce concours, les académies d’Aix-Marseille, d’Amiens, de Besançon, de Bordeuax, de Caen, de Clermont-Ferrand, de Corse, de Créteil, de Dijon, de Grenoble, de Lyon, de Montpellier, de Nancy-Metz, de Nantes, d’Orléans-Tours, de Paris, de Poitiers, de Reims, de Rennes, de Rouen, de Strasbourg, de Toulouse, de Versailles, de la Guadeloupe, de la Guyane, de la Martinique et de la Réunion.

Le jury 2007 était présidé par Marie Desplechin, écrivain et composé d Jean-Luc Fromental, éditeur et directeur du festival jeunesse Etonnants Voyageurs, Marie-José Cegarra, responsable des Espaces Culturels E. Leclerc, Anne-Laure théard, libraire à l’Espace Culturel de Vitré, Aurélie Pregliasco, éditrice chez Gallimard Jeunesse, Jessica Jeffries-Britten, chef de rubrique livres pour Okapi et Je Bouquine, Anne-Laurence Guillon, responsable Lecture-Ecriture au rectorat de Rennes et professeur de lettres, et Monique Paris, professeur de lettres à la retraite.


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CONCOURS DE NOUVELLES 2007
AU CŒUR DES VILLES-MONDE

PRESENTATION DES SUJETS

Cette année, c’est la Ville. Parce que nos vies s’y empilent, que nos destins s’y tissent, que nos différences s’y croisent, s’y guettent, s’y métissent. Ville-Monde. Ville-Monstre. Ville broyeuse de chair et pourvoyeuse d’énergie. Ville-solitude où des êtres peuvent dériver, s’effacer, disparaître dans l’indifférence de leur prochain. Ville-creuset où se fondent les trajectoires individuelles, où se forgent les solidarités et les façons de vivre de demain. Voici venu le temps des Mégalopoles. C’est là, dans ces concentrations urbaines en perpétuelle expansion, que la fourmilière humaine sans cesse se recrée, se repense, se réorganise. Là que se joue le futur de l’humanité. Calcutta, Londres, Mexico, Pékin, Saõ Paulo... tels sont les noms qui sont appelés à baliser la Terre. Leurs lumières jamais ne s’éteignent. On peut les voir de très loin, du fond du l’Espace... ou de très près, à travers les yeux de l’écrivain.

Cette année, l’écrivain, c’est Marie Desplechin. Elle écrit aussi bien pour la jeunesse que pour les adultes. Auteure libre, elle conçoit son travail comme un engagement dans la vie de la Cité. Elle refuse à ses romans toute fonction "pédagogique", estimant qu’elle n’a de leçon à donner à personne, mais leur prête le rôle de papier sensible, de révélateur, de miroir de notre monde. Un monde qu’elle ausculte sans complaisance, sous ses aspects les plus contrastés, dans ses splendeurs comme dans ses injustices. En suivant les pistes qu’elle esquisse dans ses deux "incipit" - sur les pas de Véra, la jeune amnésique qui redécouvre sa ville, sa vie, comme si elle ne les avait jamais vues, ou dans ceux de l’enfant banni qui regarde les Beaux Quartiers depuis le mauvais côté de l’autoroute - vous allez pouvoir réinventer l’espace urbain, lui donner la forme et le sens que vous voudrez, trouver le rythme, les mots le ton, pour peindre à vos couleurs ce monde de béton qui tous nous attend. Laissez-vous guider et laissez-vous aller. Livrez-vous entier au bonheur d’écrire. C’est Marie qui conduit. Vous êtes entre de bonnes mains.


Jean-Luc Fromental
Directeur du Festival Jeunesse

DEUX INCIPIT AU CHOIX PROPOSES PAR MARIE DESPLECHIN

Début 1

Elle n’a rien gardé de sa vie d’avant. Rien sauf la chute.
Le frein ne répond plus. Elle pense : le câble est cassé, c’est bête. Le vélo prend de la vitesse. Elle lance les deux jambes devant elle, pour se protéger peut-être. Le choc arrive sans qu’elle le voie venir. Le ciel tournoie au-dessus d’elle. C’est fini.
Quand elle se réveille, elle est dans le lit blanc. Elle bouge les jambes, les bras. Elle est intacte. Mais elle ne se souvient plus. Un homme entre dans sa chambre. Il s’appelle Jonas.
C’est Jonas qui la met debout. Jonas qui lui tend ses couverts et les guide vers l’assiette. Jonas qui fait couler l’eau de la douche et lui indique les serviettes de toilette en coton. Avec lui, elle retrouve les gestes. Les mots. Mais pas les images. Jonas prétend qu’elle est née le jour où elle s’est réveillée. Il lui donne un nom. Elle s’appelle Véra. Jonas l’emmène avec lui dans la ville. Tous les jours, elle s’assied dans sa voiture.
- Regarde autour de toi, lui dit Jonas en démarrant. Essaie de te rappeler.
Elle regarde, tout l’étonne, elle ne se souvient de rien. Jonas la conduit depuis un mois. En vain. Et puis elle le voit. Le garçon qui promène un chien. Sans qu’elle s’y attende, les larmes lui viennent aux yeux.

(...)

Début 2

Je me souviens du jour où j’ai décidé. Il pleuvait depuis deux mois. Des pluies fétides et lourdes, porteuses de fièvres. J’habitais avec ma mère le grand camp sous les autoroutes, dans le quartier des tentes. Le soir, des nuées de gamins se glissaient sous les grilles, près du canal. Nous grimpions sur les talus détrempés jusqu’au bord de l’autoroute. Et là, nous regardions passer les voitures.
De l’autre côté des autoroutes, j’ai vu s’allumer les grandes tours des Beaux Quartiers. Aucun d’entre nous n’y était jamais entré, mais les vieux en parlaient souvent. Ils se vantaient d’y avoir travaillé, autrefois. À les écouter, on aurait cru que là-bas, les gens n’avaient jamais froid, jamais faim et qu’ils ne connaissaient pas la fièvre. C’était comme un rêve.
C’est là, accroupi sous la pluie tiède, le derrière dans la boue, que j’ai décidé de visiter un Beau Quartier. Une fois dans ma vie. Il devait bien exister un moyen d’y arriver. Il fallait que je demande au vieux Sylla. Il devait savoir ça.

(...)

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LA NOUVELLE LAURÉATE Auteur : Pierre GAUVIN, 1er prix 2007


Mimo

Je me souviens du jour où j’ai décidé. Il pleuvait depuis deux mois. Des pluies fétides et lourdes, porteuses de fièvres. J’habitais avec ma mère le grand camp sous les autoroutes, dans le quartier des tentes. Le soir, des nuées de gamins se glissaient sous les grilles, près du canal. Nous grimpions sur les talus détrempés jusqu’au bord de l’autoroute. Et là, nous regardions passer les voitures. De l’autre côté des autoroutes, j’ai vu s’allumer les grandes tours des Beaux Quartiers. Aucun d’entre nous n’y était jamais entré, mais les vieux en parlaient souvent. Ils se vantaient d’y avoir travaillé, autrefois. A les écouter, on aurait cru que là-bas, les gens n’avaient jamais froid, jamais faim et qu’ils ne connaissaient pas la fièvre. C’était comme un rêve. C’est là, accroupi sous la pluie tiède, le derrière dans la boue que j’ai décidé de visiter un Beau Quartier. Une fois dans ma vie. Il devait bien exister un moyen d’y arriver. Il fallait que je demande au vieux Sylla. Il devait savoir ça.

Au fait, je me présente, je m’appelle Mimo, enfin ce n’est pas mon nom, c’est un surnom, mon nom je ne le connais même pas, au camp on en avait pas vraiment, on s’appelait comme on nous appelait, et ici un nom c’était trop long, trop compliqué, trop riche…Moi c’est Mimo parce que je ne parle pas, je murmure, je souffle mes phrases, à demi-mot… A cette époque, j’avais douze ans, mais au campement, l’âge, on s’en fichait un peu, les vieux disaient juste qu’à douze ans, on était déjà trop grands…Métis, mais je ne saurais pas dire de quoi, orphelin de père, fils unique avec une mère autoritaire, belle, fatale mais seule. J’ai vécu une belle enfance, faite de jeux, de cris, de rires, d’amis, de poussière, de boue, et de pluie…Les cheveux en bataille, toujours un peu ailleurs, les vieilles disaient que j’avais un air de « pas réveillé » dans les yeux. Ma mère, elle me traitait « d’irresponsable ». Elle me disait que « si je trouvais un boulot, je le garderais pas longtemps » tellement j’étais dans la lune, mais comme j’en avais pas et qu’ici, personne n’en avait vraiment, la lune, elle m’occupait bien…Bon je vais arrêter de parler de moi, de toute façon j’étais juste un gars paumé des « bidonvilles » comme disent les riches, un rêveur qui voulait voyager, un « gentil bon à rien » comme disait ma maman, un pauvre enfant de pauvres, qui voulait juste voir les Beaux Quartiers…

Je suis donc allé voir Sylla, l’ancien, le doyen. Le doyen c’est celui qui sait tout, enfin on ne sait pas vraiment s’il sait tout, mais il le dit, donc on suppose que c’est vrai. Sylla c’est un petit vieux avec un grand sourire édenté, le genre à rire tout le temps, à parler fort et à dire plein de gros mots. Quand je suis arrivé, il était allongé sur sa vieille banquette arrière de Cadillac, toute défoncée, que des gamins comme moi lui avaient ramenée pour son anniversaire. Il ne disait rien, comme s’il dormait. Quand il m’a entendu, il a souri, et sans bouger, sans ouvrir les yeux, avec sa voix d’extra-terrestre qui n’aurait jamais appris à parler, il m’a dit :
« - Qu’est-ce que tu viens foutre chez moi à cette heure, p’tit Mimo, tu devrais être en train d’jouer au foot comme tout bon morveux qui se respecte !

Je suis parti vite, les adieux, ce n’est pas mon fort, j’en avais un peu peur, je n’avais jamais quitté ma mère, sauf pour aller cinquante mètres plus loin dormir chez un copain… Et puis il y avait le remords, la souffrance de l’aventurier qui dit au revoir, qui accepte de tout perdre… Mais mon tout d’ici, c’était ma mère, point, et ma mère elle voulait une belle vie pour son « gentil bon à rien » donc elle devait comprendre…Je suis parti un matin, très tôt pour croiser personne, j’ai laissé sur la table un mot où je m’étais appliqué, qui disait « je t’aime maman, je vais faire le turiste, m’attends pas, je sais pas quand je rentrerai, à bientôt. Mimo. » Et avec mes rêves dans la tête et mon sac sur le dos, je me suis évanoui dans la nuit, vers l’autoroute, vers la ville, vers ma vie, qui m’attendait, là bas, dans l’ombre, le sombre de la nuit. J’ai marché le long de l’autoroute sale où les voitures vont vite sans se soucier de personne ; j’ai vu le périphérique mal organisé, bruyant, file ininterrompue de poids lourds, camionnettes, 4x4, voitures de sport (comme celle dans mon sac mais en plus gros), et autres seigneurs de la route, puissants et mal élevés, ne faisant attention à personne à part eux, râlant à coup de klaxons sur les trop lents, sur les plus rapides qu’eux, sur ceux qui ont eu l’idée stupide de prendre le « périph » à cette heure-ci, sur tout le monde à part eux parce que eux « c’est pas pareil »… Arrivé en ville, toujours dans le monde bruyant, j’ ai vu les grandes rues qu’on devine, qu’on s’imagine quand on voit les tours, les « chatouille-ciel », rois de la ville, surplombant les petites fourmis, les milliers d’humains, tassés, entassés dans des rues bondées, où ils s’insinuent partout, recouvrant le bitume de pieds minuscules…Mais dans ce boulevard immense, mes sens se sont égarés, et bruits et images ont laissé place aux odeurs, des odeurs de tous les côtés, odeurs diverses, variées, de sucre, de chaud, de croustillant, de bon, et plein d’autres odeurs que je ne saurais même pas nommer…Je découvrais « nasalement » la ville et le monde, qui m’étaient étrangers, inconnus, dans le camp où les odeurs principales étaient le « chien-mouillé » et l’excrément, odeurs que le nez heureusement, par habitude, rejetait… Je fis mon « turiste » pendant des heures, apprenant sans le savoir à « flâner », à faire du « lèche - vitrine », en particulier devant les boulangeries et leurs étals appétissants…Et c’est là dans mon errance, que je devins un vrai « turiste », un vrai de vrai, en me trouvant là où je n’aurais jamais dû être…

En passant à tout hasard dans une ruelle quelconque, j’ai vu un pauvre homme « différent » comme moi, l’air un peu poussiéreux comme moi, plus vieux que moi, mais aussi plus mal en point que moi, être tabassé par un riche salopard « bien comme tout le monde », plus grand, plus costaud, l’air plus méchant, plus bête, qui souriait, satisfait, blaguant même avec un autre, en rentrant dans son magasin…Et dans cette rue, devant ce clochard maltraité qui aurait pu être mon père tellement il me ressemblait dans sa crasse et sa pauvreté, le temps a fait une pause, je me suis rendu compte qu’il pleuvait, comme avant, et que le temps et les pauvres étaient toujours aussi gris. Et devant ce spectacle, j‘ai d’abord eu envie de vomir de ma condition, au nom de tous les miséreux crasseux, je me suis senti suant, sale et seul, presque honteux de paraître aussi laid aux yeux des gens qui ont « réussi ». J’étais dépité, sans issue, sans espoir pour m’affranchir de la servitude, du poids de la misère. Mais c’est là que tout a changé, en quelques secondes un peu irréalistes, que ma vie a basculé.

L’homme, par terre, saignait, après les coups du gorille en costard, il saignait de la bouche, comme si une de ses dents s’était cassée. Le spectacle était effrayant, il était là, tout seul, dans sa douleur, répandant son sang sur le trottoir. Soudain, il a éclaté d’un rire caverneux, qui faisait peur, à glacer le sang ; puis il a hurlé une ou deux insultes qui devaient être destinées à la pluie vu qu’à cette heure et dans cette rue, il n’y avait plus qu’elle, lui, et moi (et je n’avais pas encore été présenté) ; il s’est relevé, il s’est avancé claudiquant vers le mur à côté de lui, et avec un visage de gamin qui s’applique, en tirant la langue pour ne pas raturer, en mouillant ses doigts avec son sang, il a dessiné une tête toute ronde d’enfant sur le mur, une tête de gamin comme on les fait quand on ne sait pas dessiner…Puis il a souri, il s’est retourné, il m’a regardé et toujours en souriant, il m’a dit dans un langage sourd et à peine audible : « - Il est beau, hein !? ». Là je me suis dit qu’il devait être fou, inconscient, ou stupide (après réflexion j’en suis sûr, il était les trois), et à cet instant je me suis souvenu d’une formule que Sylla disait toujours en prenant un air intellectuel (d’ailleurs je crois qu’il ne savait pas trop ce qu’elle signifiait car certaines fois ça n’avait pas l’air de correspondre à la situation) : « Heureux sont les simples d’esprit ». La phrase a résonné un peu dans ma tête, et je me suis dit pour une fois quelle convenait à l’instant.

Depuis cette scène, j’ai fait ma vie. Les villes, j’y habite. Le personnage seul, misérable, miséreux, orphelin de père, mangeur de poussière, ami des terrains vagues, patron des autoroutes, dont la ville était le rêve et la vie le ghetto, est devenu « le poète des murs », le « taggeur des gravats », tamponnant des enfants suants, sales et seuls comme lui, à la tête ronde comme celle de l’enfant de l’imbécile heureux, sur les murs des Beaux Quartiers, sur tous les murs, de tous les quartiers, sur la ville. Exilé, seul, voyageur clandestin, habitant nomade des quartiers du monde, citoyen invisible, parti seul à douze ans pour un nouveau départ, je reconstruis ma famille sur la délabre des villes, dessinant des petits anges de misère, aux joues poignantes et rouges, aux sourires colorés et joyeux, les cheveux en bataille, le même air de « pas réveillé » dans les yeux, et mes enfants dansent sur les briques poussiéreuses, horde de citadins, clandestins, joyeux drilles de bonne fortune, visuellement brillants, dansants, absorbés dans une ronde, gorgée d’espoir. Le petit Mimo, marmot, minot, impuissant, chétif et trop rêveur que j’étais, devint au fil du temps l’ennemi des encarts publicitaires, car la joie distillée sur les murs, revigorant la moindre ruine, éloignait le citoyen de sa consommation, proposait un autre rêve, gratuit et populaire. Je n’enviais plus personne, je n’avais toujours pas grand-chose, voire encore moins, mais je ne demandais rien. Parce que tous ces péquenots des beaux quartiers, avec leurs belles voitures, leurs vêtements bien taillés, leurs sourires de publicités pour dentifrices, publicités collées partout sur les murs, murs où les tags sont interdits, ces gens là, ils ne pensent pas. Ils sont riches et trop lourds, trop lourds pour voyager, pour voler, pour rêver. « Marche ou rêve », « Vole ou crève », le voyage était mon essence, la peinture rythma mon existence. J’avais laissé ma mère, je n’avais pas de père, je les réinventais, silhouettes peintes au pochoir, sorties du fond de ma mémoire. Je peignais sur chaque mur, une famille heureuse, faite d’enfants imaginaires, d’une mère belle et souriante, accompagnée d’un homme en noir, inconnu, sans visage, avec sur sa valise, un nom : Mimo. Il était un peu mon père, un peu moi, une chimère de bonheur, anonyme, sympathique, et mystérieuse.

J’ai écrit ma vie sur les murs de chaque ville, villes toutes différentes, qui maintenant se ressemblent pour me constituer moi, Mimo peintre des villes-monde, qui sera toujours tout, tout en ne demeurant rien…