HARAMBAT Jean

France

5 avril 2018.

Journaliste et dessinateur, il parle de ses amours avec une passion communicative à travers ses BD : ainsi En même temps que la jeunesse sur le rugby, Les Invisibles sur les révoltes contre la gabelle. Il excelle à mettre en dessin des grandes œuvres littéraires : le très beau Ulysse, les chants du retour, — distingué à Angoulême et lauréat de nombreux prix, et sa géniale série Hermiston tiré du dernier roman inachevé de R. L. Stevenson. On retrouve régulièrement ses dessins dans des reportages illustrés pour la presse écrite (Le Monde, XXI, Télérama).

 

Après des études de commerce à l’ESSEC et de philosophie à Nanterre, Jean Harambat décide de partir vivre en Argentine. Il y donne des cours de français, vends trois aquarelles au Caminito de la Boca et traie des vaches dans une estancia de la Pampa humeda. Surtout, il pratique avec passion son sport de prédilection : le rugby.
Originaire d’un petit village des Landes, où le sport est avant tout un lien social très fort, Jean Harambat s’est dirigé naturellement vers le rugby, pour lequel il avait de bonnes dispositions. Cet amour du rugby, il le partage avec nous dans sa très belle BD En même temps que la jeunesse, parue chez Actes Sud en 2011 et sélectionnée au festival d’Angoulême : loin de l’idéaliser, de lui accorder un crédit romantique et viril d’image d’Epinal, cette discipline a permis à l’auteur de croiser des personnages hauts en couleur, de connaître le monde par une géographie excentrique, et de vivre d’heureux moments de grâce sur le terrain, avec la densité des sensations que l’on a à vingt ans… Avant que tout cela ne disparaisse, en même temps que la jeunesse.

Après son périple argentin, un petit tour dans un ranch de moutons en Tasmanie, un peu d’aide humanitaire au Libéria comme logisticien pour Action Contre la Faim, Jean Harambat rentre en France pour se consacrer à l’écriture et au dessin. Il travaille alors pour la presse écrite (grands reportages illustrés pour Le Monde 2, Géo, Sud Ouest), pour laquelle il voyage en Biélorussie, en Ethiopie, en Céphalonie, au Sahara, et finalement jusque dans les Landes ! En 2006, Le journal Sud Ouest lui demande de réaliser une bande dessinée qui doit passer en feuilleton dans le quotidien : il écrit l’histoire des révoltés contre la gabelle en Chalosse au XVIIIème siècle, celle qu’on lui racontait enfant. Il développe en 2008 pour Futuropolis une version longue de cette épopée tragique baptisée Les Invisibles. Un album qui lui vaut le Prix de la Bande Dessinée Historique aux Rendez-Vous de l’Histoire à Blois, en 2009, et fait l’objet d’une exposition au festival BD Boum de Blois en 2010.

En 2011, l’année d’En même temps que la jeunesse, il débute une série adaptée du dernier roman inachevé de Robert Louis Stevenson Hermiston, le juge pendeur, dont la rédaction a été stoppé par la mort de l’auteur en 1894. Cet ultime récit devait être, selon l’auteur lui-même, son testament, son chef-d’œuvre. Jamais terminé, ce joyau demeure méconnu du grand public. Jean Harambat s’en empare donc plus d’un siècle après pour en proposer une version en bande dessinée, et l’achever !
Nous sommes au début du dix-neuvième siècle en Écosse. Lord Hermiston est un juge impitoyable et redouté de tous. Son fils, Archibald, se dresse contre lui lors d’une pendaison orchestrée par son père, il s’écrie publiquement : « c’est un assassinat ! ». Le père exile alors son fils et l’envoie s’occuper des terres familiales sur la paroisse reculée d’Hermiston.
Après un premier tome très réussi, il sort la suite dans la foulée : un deuxième tome qui poursuit directement le récit inachevé de Stevenson, où Jean Harambat conclut l’histoire dans un feu d’artifice d’action, respectant au mieux l’esprit du père de L’île au trésor.

En 2014, il adapte à nouveau une œuvre littéraire en s’attaquant au plus célèbre des voyageurs : Ulysse, les chants du retour (Actes Sud, 2014). Sélectionnée à Angoulême en 2015, Ulysse, les chants du retour remporte le prix de la BD du "Point" et, à nouveau, le prix de la meilleure bande dessinée historique, à Blois. L’année dernière, il signe chez Dargaud Opération Copperhead, une BD cette fois inspirée de faits réels. Cette opération consistait, selon une idée de Winston Churchill, à recruter et former un sosie pour jouer le rôle du général Montgomery – le général des forces alliées, alors surveillé par les nazis – et ainsi induire en erreur l’ennemi quant au lieu réel du Débarquement. De cet épisode rocambolesque du contrespionnage britannique, Jean Harambat en tire une histoire à l’inventivité folle, où rien n’est entièrement vrai, où rien n’est entièrement faux... Un pastiche désopilant et fantaisiste autour de trois protagonistes, les comédiens David Niven, Peter Ustinov et Clifton James, doublé d’un bel hommage au cinéma et notamment à la « comédie sophistiquée » des années 1930 et 1940. Prix Goscinny 2018.

Aujourd’hui, Jean Harambat vit dans son pays natal des Landes et réalise toujours des reportages illustrés pour la presse écrite (‘Le Monde’, ‘XXI’, ‘Télérama’, ‘Sud Ouest, ‘L’Équipe Mag’).
Il présente à Saint-Malo les originaux de l’intégrale d’Hermiston et d’Ulysse, les chants du retour


Bibliographie

 

DERNIER OUVRAGE

 

Hermiston, l’intégrale

Futuropolis - 2018

En 1894, Robert Louis Stevenson rend son dernier souffle alors qu’il est en train de dicter Hermiston le juge pendeur. Cet ultime récit devait être, selon l’auteur lui-même, son testament, son chef-d’œuvre. Jamais terminé, ce joyau demeure méconnu du grand public. Plus d’un siècle après, Jean Harambat s’en empare pour en proposer une version en bande dessinée et l’achever ! Nous sommes au début du dix-neuvième siècle, dans une Écosse encore passionnément attachée à ses traditions. Lord Hermiston est un juge impitoyable et redouté de tous. Il condamne au gibet quiconque s’est mis en dehors de la loi. Son fils, Archibald, pour qui l’être humain n’a pas vocation à décider de la vie ou de la mort de son prochain, se dresse contre lui : lors d’une pendaison orchestrée par son père, il s’écrie publiquement : « c’est un assassinat ! ». Un violent tête-à-tête oppose les deux hommes lors du retour du fils à la demeure, le soir, près de l’âtre. Le père exile son fils qu’il estime faible et inconséquent. Il chasse Archie et l’envoie s’occuper des terres familiales, sur la paroisse d’Hermiston, dans la la lande écossaise. Archibald, troublé par cet affrontement, y mène alors une vie solitaire et mélancolique, diverti toutefois par ses visites au pasteur et les récits pleins de verve que lui fait sa vieille servante énamourée, Kirstie. Elle lui conte les légendes du pays, la vie de ses ancêtres et les exploits de ses neveux hauts en couleurs, surnommés les « Quatre Frères Noirs ».
Archie croise à la messe Christina, la sœur des « Frères Noirs », à la fois tentatrice et innocente. Il en tombe amoureux et les jeunes gens se donnent des rendez-vous secrets dans la lande, près de la Pierre du Tisseur. Mais la tragédie pointe son nez avec l’arrivée de Frank, le faux-frère, le double maléfique, qui se prétend l’ami d’Archie.