FRANKETIENNE

Haïti

3 avril 2015.
 

Le géant des lettres haïtiennes, auteur du premier roman en créole haïtien Dezafi (1975) est à la fois enseignant, chanteur, comédien, dramaturge, peintre et écrivain, membre fondateur du mouvement du Spiralisme. Sa pièce Pèlen Tèt jouée en pleine dictature des Duvalier a connu un succès considérable en Haïti et dans la diaspora haïtienne. Un “Maldoror” noir, prodigieux créateur de mots, de sons, de rythmes, comme si musique, danse, tradition orale mettaient chez lui la littérature “écrite” en transe, faisaient éclater les cadres traditionnels de la narration.

Auteur d’une œuvre-cri totalement originale, d’une invention verbale vertigineuse, initiateur du “mouvement spiraliste” qui rassemble en lui dirait-on toute l’âme haïtienne, dont l’autre grand représentant est Jean-Claude Fignolé : nous sommes ici au point où rêve et réalité, se rencontrant, entrent en incandescence, quand grondent encore les forces premières du chaos, à la naissance du monde, et que prend forme peu à peu en nous la lave en fusion des grandes mythologies…

Son œuvre a été primée par plusieurs prix et distinctions, entre autres, le prix Carbet de la Caraïbe, pour H’Éros chimères, en 2002 ; Medalla de Honor Presidencial Centenario Pablo Neruda en 2004, le Grand Prix du Livre Insulaire (Ouessant), le Prix des îles du Ponant, pour Anthologie Secrète, en 2005, le Prix International Union Latine de Littératures Romanes (Rome), pour l’ensemble de son œuvre et le Prix Prince Claus (Pays-Bas), pour l’ensemble de son œuvre artistique, son usage poétique de la langue, son engagement en faveur des langues locales et sa contribution à la langue et à la culture régionales en 2006. Le 24 mars 2010, il a été nommé Artiste de l’UNESCO pour la paix par la Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova.

Quelques jours après le séisme en Haïti survenu le 12 janvier 2010, nous retranscrivions sur notre site une conversation entre Frankétienne et Philippe Bernard : il nous raconte sa maison, les secousses, le pays et cette étrange prémonition... cette pièce de théâtre écrite quelques mois avant la catastrophe. Pour relire ce témoignage : .

Melovivi ou le piège raconte en effet l’histoire de deux hommes qui se retrouvent enfermés on ne sait où, suite à une hécatombe : « la terre titube, la terre vacille, la terre vire et chavire en tressaillements de frayeur, en déraillements de terreur, dans le macabre opéra des rats… ». En mai 2010, Frankétienne nous a fait l’honneur de sa présence en jouant sur la scène du Théâtre Chateaubriand Melovivi ou le piège accompagné de Garnel Innocent, un grand moment du festival à revivre en images sur notre site.

Avec Une étrange cathédrale dans la graisse des ténèbres et Clavier de sel et d’ombre, les éditions Vents d’ailleurs poursuivent en 2012 la publication des Métamorphoses de l’Oiseau schizophone, œuvre en huit tomes au souffle gigantesque, culbutant prose et poésie dans une "écriture quantique". En 2013, la maison d’édition Hoëbeke publie une réédition du premier roman de Frankétienne paru en 1968 : l’occasion de lire ou de relire l’ouvrage qui propulsa le poète haïtien au rang de grand romancier.

Le légendaire Frankétienne revient et signe ici un ouvrage testamentaire Chaophonie : réflexion sur le temps, l’écriture et la ville sous la forme d’une longue lettre à son fils Rodney Saint-Éloi. De Port-au-Prince à Montréal, la voix du vieil écrivain roule en échos, éclate en mille saveurs et délices cette langue dont lui seul connaît les folles arcanes.

Bibliographie :

Théâtre / Pyèsteyat :

Roman :

Publié en France :

Les métamorphoses de l’oiseau schizophone

Autres ouvrages en français :

 

DERNIER OUVRAGE

 
Autres

Chaophonie

Mémoire d’Encrier - 2015

« Je pense souvent à toi, mon fils, qui aujourd’hui vis loin de moi, tant mes souvenirs s’anguillent à travers ma mémoire. Et alors, tout s’entremêle. Nos paroles et nos silences qui s’entrelianent dans un métissage époustouflant. »

Le légendaire Frankétienne signe ici un ouvrage testamentaire : réflexion sur le temps, l’écriture et la ville sous la forme d’une longue lettre à son fils Rodney Saint-Éloi. De Port-au-Prince à Montréal, la voix du vieil écrivain roule en échos, éclate en mille saveurs et délices cette langue dont lui seul connaît les folles arcanes.