Dimanche à 11h30, Vauban 1
Culture et développement
8 mai 2018.
Dimanche à 11h30, Cinéma Vauban 1
De peu de poids sont les mots du poète au regard de la dure réalité de l’économie, ironiseront les esprits forts. C’est tout le contraire : la prise en compte de la culture est la condition du développement. Et tout projet de développement ignorant la culture des populations concernées sera voué à l’échec.
Avec Érik Orsenna, Felwine Sarr, Michel Le Bris, économistes de formation, en dialogue avec Rémy Rioux, président de l’Agence Française de Développement, Patrick Chamoiseau, engagé dans l’élaboration d’un développement de Saint-Louis en Martinique et Jean-Christophe Rufin qui a travaillé dans l’humanitaire.

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Romans
Briser en nous la mer gelée
Gallimard - 2020 - 2020
Voici l’histoire d’un amour fou.
Et voici une lettre, une longue lettre envoyée à Madame la juge, vice-présidente aux affaires familiales.
En nous divorçant, Suzanne et moi, le 10 octobre 2011, elle a soupiré : « dommage, je sentais beaucoup d’amour en vous ».
Comme elle avait raison !
Mais pour nous retrouver, pour briser en nous la mer gelée, il nous aura fallu voyager. Loin en nous-mêmes, pour apprendre à ne plus trembler.
Et loin sur la planète, jusqu’au Grand Nord, vers des territoires d’espions d’autant plus invisibles que vêtus de blanc, dans la patrie des vieux chercheurs d’or et des trésors perdus, refuge des loutres de mer, des libraires slavophiles et des isbas oubliées.
Le saviez-vous ? Tout est Géographie.
Qu’est-ce qu’un détroit, par exemple le détroit de Béring ? Un bras de mer resserré entre deux continents.
A l’image exacte de l’amour.
Et c’est là, entre deux îles, l’une américaine et l’autre russe, c’est là que court la ligne de changement de date.
Après L’exposition coloniale, après Longtemps, l’heure était revenue pour moi de m’embarquer pour la seule exploration qui vaille : aimer.
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Revue de presse :
- « Une magnifique histoire d’amour. » (Anne-Élisabeth Lemoine, C à Vous)
- « La plume d’Erik Orsenna est allègre, teintée d’humour désinvolte. Pétillante comme un mojito, légèrement ambrée de rhum. » (Thierry Clermont, Le Figaro Littéraire)
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Essais
Pour l’amour des livres
Grasset - 2019
« Nous naissons, nous grandissons, le plus souvent sans même en prendre la mesure, dans le bruissement des milliers de récits, de romans, de poèmes, qui nous ont précédés. Sans eux, sans leur musique en nous pour nous guider, nous resterions tels des enfants perdus dans les forêts obscures. N’étaient-ils pas déjà là qui nous attendaient, jalons laissés par d’autres en chemin, dessinant peu à peu un visage à l’inconnu du monde, jusqu’à le rendre habitable ? Ils nous sont, si l’on y réfléchit, notre première et notre véritable demeure. Notre miroir, aussi. Car dans le foisonnement de ces histoires, il en est une, à nous seuls destinée, de cela, nous serions prêt à en jurer dans l’instant où nous nous y sommes reconnus – et c’était comme si, par privilège, s’ouvrait alors la porte des merveilles.
Pour moi, ce fut la Guerre du feu, « roman des âges farouches » aujourd’hui quelque peu oublié. En récompense de mon examen réussi d’entrée en sixième ma mère m’avait promis un livre. Que nous étions allés choisir solennellement à Morlaix. Pourquoi celui-là ? La couverture en était plutôt laide, qui montrait un homme aux traits simiesques fuyant, une torche à la main. Mais dès la première page tournée… Je fus comme foudroyé. Un monde s’ouvrait devant moi…
Mon enfance fut pauvre et solitaire entre deux hameaux du Finistère, même si ma mère sut faire de notre maison sans eau ni électricité un paradis, à force de tendresse et de travail. J’y ai découvert la puissance de libération des livres, par la grâce d’une rencontre miraculeuse avec un instituteur, engagé, sensible, qui m’ouvrit sans retenue sa bibliothèque.
J’ai voulu ce livre comme un acte de remerciement. Pour dire simplement ce que je dois au livre. Ce que, tous, nous devons au livre. Plus nécessaire que jamais, face au brouhaha du monde, au temps chaque jour un peu plus refusé, à l’oubli de soi, et des autres. Pour le plus précieux des messages, dans le temps silencieux de la lecture : qu’il est en chacun de nous un royaume, une dimension d’éternité, qui nous fait humains et libres. »
- “Du grenier breton où le gamin plonge tête la première dans La Guerre du feu, jusqu’à la découverte en bibliothèque du Dernier des Mohicans et de Moby Dick, flibustiers et explorateurs, pionniers et cannibales sont réunis ici pour rappeler la puissance de la lecture sur un enfant solitaire.” Télérama
- “Ce nouvel opus est à la fois une autobiographie et un essai. Une ode à l’écriture et aux écrivains. Michel Le Bris fait de la lecture une nécessité, une urgence pour se construire soi-même. La littérature est aussi un engagement et une bataille pour la culture, essentielle à la démocratie.” France Inter
- "Pour l’amour des livres participe de belle manière à cet hommage choral que les écrivains ont rendu au fil du temps afin de s’acquitter de leur dette envers une littérature qui leur a tant apporté." Zone Critique
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Romans
La Matière de l’absence
Seuil - 2016
"Quand nous nous retrouvâmes autour des restes de Man Ninotte - ses deux filles, trois garçons - et qu’il nous fallut confronter l’immobilité plénière, l’impassibilité absente et minérale, le silence sans commencement ni fin, comme lors de cette même ronde autour du cercueil que l’on devait sceller, nousdûmes être persuadés qu’une bonne partie du monde s’était comme amoindri, que les horizons s’étaient soudain déformés, laissant des irruptions de vides et des dévastations de nature invisible. Une bonne part de nous avait basculé hors de l’espace et hors du temps."
À partir de la mort de sa mère, l’écrivain visite l’histoire encore méconnue des Antilles, leurs genèses, leurs rituels, leurs modes de vie, remontant aux origines de l’humanité, retraçant l’étonnante créativité d’un peuple qui a inauguré ses mythes et ses combats dans le ventre du bateau négrier. Dialoguant avec sa sœur, dite "la Baronne", il évoque, avec tendresse, humour et profondeur, la poétique de tout un monde qui dépasse le cercle familial et qui nous initie à un bel art de vivre.
Revue de presse
- "Un premier résumé du livre pourrait être celui-ci : un frère et une sœur se racontent, le temps d’une visite au cimetière, ce qu’ils ont fait de la perte, ce que leur mémoire a produit autour du manque. « Négrillon [c’est ainsi que l’aînée appelle le benjamin], ceux qui vivent longtemps n’ont pas besoin de cette réponse », prévient La Baronne, qui ramène son intellectuel de frère à l’évidence du mystère." (Catherine Portevin, Philo mag)
- "Dans ce livre, Chamoiseau sollicite ce qui le travaille depuis ses premiers écrits : sa vocation d’écrivain, son rapport à la langue française et au créole, le peuple martiniquais, ce « magma anthropologique » créé par le choc des rencontres entre Amérindiens, Européens et Africains, rejoints plus tard par les travailleurs chinois, indiens et syro-libanais." (Gladys Marivat, Le Monde)
- "Avec une précision chirurgicale, le prix Goncourt 1992 dit l’histoire de sa famille mais également celle de sa terre et d’une société née de la transplantation, de l’esclavage et d’un réenracinement progressif. Ce livre constitue un véritable bréviaire pour qui connaît peu les étapes de la construction socioculturelle de la Martinique." (France Info)
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Autres
Restituer le patrimoine africain
Philippe Rey - 2018
Les guerres ont toujours entraîné des spoliations d’objets et de trésors au détriment des pays vaincus. La France quant à elle a été particulièrement active au cours de ses conquêtes coloniales au xixe siècle. Dès cette époque, de prestigieuses voix s’élèvent en Europe pour condamner ce que la prétendue " civilisation " inflige à la " barbarie ". Victor Hugo " espère qu’un jour viendra où la France, délivrée et nettoyée " renverra ses butins.
On compte actuellement dans les collections publiques françaises au moins 88 000 objets provenant de l’Afrique subsaharienne. Malgré de nombreuses réclamations de pays africains depuis les indépendances, l’État français n’a pas jugé bon d’évoluer sur cette question, arguant de l’inaliénabilité du patrimoine national. Jusqu’au discours du 28 novembre 2017 du président Emmanuel Macron à Ouagadougou, qui annonça la mise en œuvre dans un délai de cinq ans de " restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique ". Il confia alors à Felwine Sarr et Bénédicte Savoy la mission de consulter les spécialistes en Afrique et en France, et de mener une large réflexion sur ce sujet. Le fruit de cette mission est le présent ouvrage, qui reprend le contenu du rapport remis le 23 novembre 2018 au président de la République.
Il raconte les spoliations à travers l’histoire mondiale, évalue la part de la France, dresse un premier inventaire des œuvres spoliées, fait le récit des tentatives des pays africains pour se réapproprier leur patrimoine, analyse les questions juridiques qui se posent, et énonce un certain nombre de recommandations pratiques pour la mise en œuvre des restitutions, un des chantiers les plus audacieux de ce XXIe siècle.
Un ouvrage passionnant, qui fera date. Car le mouvement de restitution du patrimoine vise non seulement à redonner accès aux Africains à leurs œuvres, mais aussi à fonder une nouvelle ère dans les relations entre l’Afrique et la France, à écrire une nouvelle page d’histoire partagée et pacifiée.
- « Les deux auteurs ont rencontré une centaine d’experts (directeurs de musées, juristes, historiens...), et se sont rendus au Sénégal, au Mali, au Cameroun ainsi qu’au Bénin. Leurs recherches se sont concentrées sur l’Afrique Subsaharienne, principale concernée par les pillages et les spoliations à l’époque coloniale. Selon les experts, 90% du patrimoine historique africain aurait été "emporté" en France à partir du milieu du dix-neuvième siècle. » La Croix
- « Comment s’organiserait, concrètement, ce retour des biens culturels africains ? Bénédicte Savoy et Felwine Sarr proposent de définir, dans l’année qui vient, entre les parties concernées, une méthodologie des restitutions, avec un calendrier donnant la priorité aux objets réclamés par les pays déjà prêts à leur accueil dans de bonnes conditions. » L’Humanité
- « À qui rendre ? Comment ? Combien ? Les préconisations des deux intellectuels sont radicales. » Télérama