Envie d’école en Haïti

Retour sur le succès des rencontres scolaires à Haïti

24 janvier 2008.

"Il n’y a que la littérature qui puisse représenter ce que nous traversons en Haïti". Cette phrase d’un étudiant de l’Ecole Normale Supérieure d’Haïti, rapportée par le Magazine Littéraire dans son numéro de décembre 2007, résume l’enjeu de cette première édition du festival Etonnants Voyageurs à Haïti.

 
Maryse Condé, Denis Laferrière et les élèves du Collège Universitaire Caraïbe

Tout le projet du festival est là, que ce soit à Saint Malo depuis bientôt vingt ans, ou décliné de Sarajevo à Bamako en passant par Missoula : diffuser une littérature soucieuse de dire le monde, d’ouvrir des horizons et de le raconter au plus grand nombre, qu’à nouveau l’on puisse interroger : "dites, qu’avez-vous vu ?"

Dany Laferrière

Dans un pays où l’analphabétisme touche plus de 50% de la population, il est primordial de porter ce questionnement auprès des jeunes populations. Parce que la difficulté à dire ses maux, l’impossibilité d’exprimer le désespoir brouillent l’horizon, effacent les perspectives, emprisonnent en soi même. Après des années de dictature, et même si la situation semble lentement s’améliorer, Haïti reste aujourd’hui en proie au chaos. Un chaos qui « ne dit pas son nom » selon James Noël, jeune poète haïtien, d’où l’importance d’apprendre à dialoguer avec le réel et à cultiver l’imaginaire. Pour ce faire, quel meilleur vecteur que la littérature ? « La littérature pense le social, le réel et le rapport à l’homme. On vit mieux avec la littérature » dira encore l’un des étudiants.

Elèves Haïtiens

Dans les lycées et collèges d’Haïti, là encore, l’accueil enthousiaste rencontré par les écrivains qui se sont portés à la rencontre des élèves est étonnant (entre autres Dany Lafferière, Maryse Condé, Moussa Konaté…). Conscients et heureux de l’occasion rare qui leur était donnée d’écouter et d’interroger les auteurs du monde entier, les élèves des écoles de Port-au-Prince, Pétion Ville et Delmas ont fait montre d’une curiosité dévorante. Dans le même temps d’autres élèves qui avaient fait, eux, le déplacement au Ritz Kinam à Pétion Ville pouvaient suivre des débats autour de thèmes forts comme la question du rapport à la mémoire littéraire chez les écrivains des sociétés post-coloniales ou la littérature et l’engagement.

Maryse Condé poursuit la rencontre

Dans ce pays où un livre vaut en moyenne cinq mois de salaire, où les conditions de vie laissent finalement peu de place au superficiel, ces instants de rencontre montrent, s’il en est encore besoin, à quel point l’éducation et l’accès à la culture sont des préalables indispensables à l’édification d’une société apaisée.