Present Tense de Lorenzo Castore : projection-rencontre

Avec Christian Caujolle et Lorenzo Castore

7 juin 2018.
 

Dans le cadre de la matinée L’œil du photographe, une projection-rencontre autour de Present Tense de Lorenzo Castore, en présence du photographe et de Christian Caujolle. Animé par Christine Ferniot

 

DERNIER OUVRAGE

 
Beaux livres

Ewa et Piotr - Si Vis Pacem Para Bellum

Noir sur Blanc - 2018

Ewa et Piotr est un livre de photographies bouleversant. Il documente l’existence d’un frère et d’une soeur dans leur grand âge, abandonnés à
eux-mêmes dans leur appartement de Cracovie, qui acceptent peu à peu de dévoiler leur histoire et leur intimité. Face à leur dénuement, le spectateur est d’abord effrayé, puis il les apprivoise, dans le même mouvement que le photographe. Lorenzo Castore signe là une ode à la beauté, un appel à l’humanité et à la fraternité.

Lorenzo Castore est l’un des photographes italiens les plus intéressants de sa génération. Avec Ewa et Piotr, il nous livre l’histoire d’une rencontre improbable, presque monstrueuse. Elle aurait pu, comme tant d’autres, rester le fait d’un instant, mais elle s’est transformée en une grande amitié. Entre 2007 et 2013, le photographe habite en Pologne. Il croise un jour dans la rue une femme extravagante, qui refuse d’échanger le moindre mot avec lui. Lorsqu’il parvient, grâce à une amie, à retrouver sa trace, Castore découvre les conditions de vie d’Ewa et de son frère Piotr, dans un appartement décrépit d’une rue de Cracovie. Abandonnés à eux-mêmes, alcooliques, vivant sans gaz, sans électricité, sans eau chaude, Ewa et Piotr dévoilent leur existence par bribes, et se laissent peu à peu photographier. Castore entrecoupe ses propres photographies d’images d’archives, des photos de famille que lui ont confiées le frère et la soeur.
Lorenzo Castore est un photographe qui prend des risques : il va à la rencontre de la misère, de l’humanité qui souffre, des lieux de deuil, de malheur et de rejet. Il va là où personne n’a envie d’aller. Et il en ramène des merveilles… Par son travail, dans lequel l’horreur et la beauté sont si proches, Castore nous incite à regarder l’autre sans préjugés, sans oeillères et sans peur. Il nous invite à plonger dans le grand chaudron du monde d’aujourd’hui.

Traduit de l’italien par Louise Boudonnat.

 

DERNIER OUVRAGE

 

Mai 68 - État des lieux

André Frère éditions - 2018

Mai 68, ce sont bien sûr les événements qui vont enflammer la France, mais c’est aussi la naissance d’un photographe important dont, à l’époque, les images ont été à peine vues et publiées.
Le 3 mai au soir, Claude Dityvon entend sur les ondes l’annonce des premières émeutes du quartier Latin, et dès le lendemain, il quitte l’appartement dans lequel il refait les peintures afin de gagner sa vie, pour aller photographier son Mai 68. Il photographie pour lui, il se fait son album personnel, il suit le mouvement, il improvise, il accompagne, ne cherche pas à être sur les moments chauds et médiatiques, « il accumule les images des entre-deux, les temps significatifs mais peu spectaculaires. Il veut donner à voir ce qui est entre les choses », dit Christian Caujolle. Il ne travaille pour aucun support, et, loin d’un Caron qui produira des images précises et iconiques, Claude Dityvon, lui, proposera une « antiphotographie de presse ». Comme il le disait : « Je me permettais toutes les audaces, flou, bougé, gros plan. Je photographiais en toute liberté, sans aucune contrainte. » Il affirme un ton, une manière de voir et crée « une écriture visuelle ». C’est ainsi qu’une nuit, il nous offrira cette image extraordinaire d’un jeune homme assis sur une chaise, à 2 heures du matin, enveloppé de gaz lacrymogène sur le boulevard Saint-Michel, semblant « narguer l’ultime assaut d’un escadron de CRS ».