MCGUANE Thomas

11 mars 2019.

Scénariste, nouvelliste hors pair et romancier des Grandes plaines américaines, il est une figure légendaire du nature writing. Proche de Jim Harrison, l’auteur à la plume décadente sera enfin présent à Saint-Malo pour notre plus grand plaisir ! Par un regard unique sur ce qui l’entoure, mêlant humour et tragédie, espoir et désillusion, il parcourt dans ses œuvres l’immensité des grands espaces de l’Ouest mais aussi la fin d’un mythe et dresse le tableau d’une Amérique moderne individualiste et miséreuse. Thomas McGuane met en scène dans ses nouvelles des personnages marginaux, perdus et dont le passé vient consteller l’avenir d’incertitude.

 

Écrivain haut en couleur, Thomas McGuane est né en 1939 dans le Michigan. Il passe une partie de son enfance à travailler dans un ranch du Wyoming et se consacre à l’écriture dès son adolescence. Après avoir fréquenté les bancs de la Michigan State University, il intègre l’école d’art dramatique de Yale où il étudie l’écriture théâtrale. Il obtient finalement une bourse de l’Université de Stanford pour entamer l’écriture de son premier roman Le club de chasse (1969).

Tout au long des années 70, Thomas McGuane écrit divers scénarii pour Hollywood, dont The Missouri Breaks, en 1976, dirigé par Arthur Penn et mettant en scène Jack Nicholson ainsi que Marlon Brando. Il est également l’auteur de Rancho Deluxe (1975) ou encore Tom Horne (1980), dans lequel Steve McQueen interprète le rôle-titre.

Après de tumultueuses expériences d’écriture à Hollywood et dans les archipels floridiens, il s’échappe dans le Montana où il écrit son premier roman autobiographique, Panama (1992).

En 2010, il est élu membre de l’Académie américaine des Arts et des Lettres et reçoit de nombreux prix pour récompenser sa carrière.

Tout au long de ces dernières années, il a publié de nombreux ouvrages marqués par l’immensité du ciel de l’Ouest mythique dont il saisit l’éclat afin d’en immortaliser la beauté et la richesse. L’auteur s’ancre également dans la réalité lorsqu’il dresse avec habileté le tableau d’une Amérique industrielle, individualiste et destructrice.

Cette année, Thomas McGuane revient avec un recueil regroupant toute une série de nouvelles. Il signe ici une œuvre irrésistible et rythmée, dans laquelle il aborde avec spiritualité la solitude, la remise en question des valeurs traditionnelles et les absurdités de la vie. Au cœur de l’Amérique des grands espaces, il célèbre aussi l’obstination des êtres qui arrivent à tout surmonter.


Bibliographie

 

DERNIER OUVRAGE

 
Nouvelles

Quand le ciel se déchire

Christian Bourgeois - 2019

Dans « Une énigme », un vieux cow-boy déambule dans la rue principale de Livingston (Montana) après la fermeture des bars. « Il ne restait plus beaucoup de spécimens de son genre, de ces types qui s’étaient fait amocher par des chevaux dans des coins éloignés de tout secours et qui avaient toujours les mains aussi dures que du cuir. Ils ne quittaient jamais leur vieux Stetson afin qu’on ne les prenne pas pour des cheminots. » Suivent un architecte maussade, un accident de voiture, un pirate de la route, un rapport sexuel inopiné et une explication avec un policier, tout cela en l’espace de cinq pages. Dans le dernier paragraphe, l’image du vieux cow-boy arpentant la rue déserte prend une tout nouvelle signification qui vient éclairer les vicissitudes de l’humaine condition. « Kangourou » met en scène un homme en liberté conditionnelle, récidiviste, qui traverse l’État pour aller récupérer les cendres de sa mère, pourchassé par son contrôleur judiciaire et un flic nerveux de la gâchette ; « L’Automobiliste » un enfant victime inconsciente d’une mère négligente ; « Little Big Horn » un narrateur qui évoque, avec humour et à ses dépens, une histoire d’amour de jeunesse qui tourna court ; dans

« Tango » un médecin se remémorant ses difficultés à communiquer avec une certaine femme et les conséquences tragiques de cet échec.
Thomas McGuane livre ici neuf textes ciselés qui confirment, s’il en était besoin, son statut de maître de la nouvelle. Son art, qui convoque et mêle avec fluidité le merveilleux et le terre-à-terre, s’attache à dépeindre avec un fatalisme grinçant mais non exempt de compassion les rêves brisés et les mauvaises décisions d’exclus, de marginaux et de contestataires qui cherchent à faire la paix avec le monde. L’auteur sait extraire l’ordre du chaos et, en un seul paragraphe, rendre cohérents des événements et des images en apparence sans rapports.

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Marc Amfreville, Eric Chédaille et Brice Matthieussent