4 avril 2024.
Passionnée de cinéma et de théâtre, cette autrice à l’écriture fine et touchante a déjà signé un recueil de nouvelles et deux romans, salués pour la profondeur de leurs analyses des relations et des psychés humaines. Fruit d’une enquête fouillée, son dernier roman nous fait pénétrer dans l’existence de deux figures étonnantes. Entre la Hongrie et la Tchécoslovaquie, un jeune Français mène l’enquête sur ses origines familiales, tandis qu’une vieille dame se remémore son enfance et ses amours dans cette Europe centrale au sortir de la Guerre. Dans Horn venait la nuit (Christian Bourgois Éditeur, 2024), Lola Gruber déploie une ode lumineuse à la mémoire juive ashkénaze et aux rencontres inattendues.
Née en 1972 à Paris, Lola Gruber a effectué des études dans le cinéma. Vendeuse un temps en librairie, elle travaille aujourd’hui au théâtre de l’Athénée-Louis-Jouvet en tant qu’autrice attachée et conseillère en dramaturgie.
Pour sa première publication, elle nous livre un recueil de douze nouvelles, Douze histoires d’amour à faire soi-même (2005). Des idylles qui se délitent, des couples qui se décomposent… comme autant d’écrans dans lequel le lecteur peut se projeter. Dans cette œuvre où la parole fait figure d’action, mal-entendus, non-dits et quiproquos sont au rendez-vous.
L’amour bancal, fragile et instable occupe aussi une place cruciale dans son premier roman, Les pingouins dans la jungle (2009). Ana et Maurice se connaissent depuis une quinzaine d’année et s’aiment de travers, avec maladresse. La plume à la fois mordante et touchante de l’autrice dresse avec humour le portrait d’Ana, qui s’interroge sur sa relation et sur son identité ashkénaze.
Avec Trois concerts, Lola Gruber met la musique à l’honneur. Ce livre est le fruit de plusieurs années de travail et surprend par son sens du détail et sa justesse analytique, notamment musicale. Ce roman relate l’entrée d’une enfant, Clarisse, au sein de l’univers de la musique classique. Elle en découvre la magnificiance, mais aussi les défis et les difficultés. Ce voyage musical saisissant nous plonge avec subtilité dans la psyché de trois personnages et mène une réflexion profonde sur les liens qui les unissent.
Bibliographie
- Horn venait la nuit (Christian Bourgois Éditeur, 2024)
- Trois concerts (Phébus, 2019)
- Les pingouins dans la jungle (Les petits matins, 2009)
- Douze histoires d’amour à faire soi-même (Les petits matins, 2005)
Simon Ungar ne sait pas grand-chose de sa famille pater- nelle ni de son père, parti refaire sa vie au Canada. Quand il se fait licencier et que sa petite amie le quitte, il se dit que c’est l’occasion d’en savoir plus sur ses origines : il part en République tchèque, dans la petite ville d’Olomouc, le berceau des Ungar. Son amateurisme en toutes choses va mener Simon jusqu’à Bratislava puis à Budapest, de train en train, enchaînant les hasards, les rencontres et les coïncidences. Mais le puzzle familial s’avère plus difficile à reconstruire que prévu, entre fausses pistes et pièges tendus...
Ilse Küsser est elle aussi originaire de cette partie de l’Europe, née en Tchécoslovaquie pendant l’entre-deux- guerres. L’arrivée de l’armée d’Hitler la prive de ses deux frères, avant que la mort de son père dans un bombardement à Prague et le remariage de sa mère changent la donne. Mais c’est autant un accident de gymnastique qu’une soirée à l’Opéra qui vont décider du destin d’Ilse : dans la Tchécoslovaquie communiste des années 1950, elle sera accessoiriste de théâtre, à Bratislava. C’est là qu’elle tombera folle amoureuse du mystérieux Horn. Jusqu’à ce qu’un jour l’histoire d’Ilse rejoigne celle de Simon.
Que ce soit en invoquant la mémoire juive ashkénaze, les livres de Jules Verne, le clapotis du Danube la nuit ou les banlieues sinistres de Budapest où se terrent des écrivains nobélisables, Lola Gruber nous entraîne dans un formidable roman-enquête mené tambour battant où l’humour côtoie la tragédie, la mort et l’amour à chaque page.
