NICOLE Eugène

France

4 mars 2016.
 
© Sophie Bassouls

Biographie

"Les îles, c’est une entité qui est à la fois une terre et une écriture", déclare Eugène Nicole. Et l’auteur le sait bien. Né en 1942 sur un morceau de France du bout du monde trop souvent oublié, l’île Saint-Pierre, il y passe toute son enfance. Jusqu’au jour fatidique de l’exil : à quatorze ans il part pour la métropole afin de poursuivre ses études, un voyage qui est pour lui une tragédie. Après un passage cauchemardesque en internat en Vendée, il part pour Paris, intègre la Sorbonne et l’Institut d’études politiques.

En 1968, il fait un voyage en Alaska avant d’entamer une carrière universitaire aux Etats-Unis. Passionné par les belles-lettres, il enseigne la littérature française à l’université de New York. Il participe à la rédaction de nombreux articles, sur Proust notamment, et collabore à l’édition de A la recherche du temps perdu pour la Bibliothèque de la Pléiade. Il établit ensuite l’édition de À l’ombre des jeunes filles en fleurs et Le Temps retrouvé pour Le Livre de Poche en 1993.

En dehors de ses travaux sur l’onomastique littéraire et la poésie française contemporaine, Eugène Nicole écrit aussi pour lui. Car sa plume lui permet de revenir sans cesse vers son île natale. En 2004, il rassemble trois de ses romans – L’œuvre des mers, Les larmes de pierre et Le caillou de l’Enfant-Perdu - publiés respectivement en 1988, 1991 et 1996 - pour sortir L’Œuvre des mers, un ensemble romanesque autobiographique auquel il joint une quatrième partie, intitulée La ville sous son jour clair. A l’image de Proust qui a nourri son imaginaire, Eugène Nicole s’amuse à dire "qu’il a, lui aussi, ses madeleines : il se trouve juste qu’elles ont le goût de la morue". Au fil de ces huit cents pages, il se met en quête de son propre temps perdu, un voyage à travers la mémoire effilochée de l’enfance pour faire revivre le temps d’une lecture les souvenirs de son île natale, puis de sa vie parisienne. En 2011, il ajoute une cinquième partie à son oeuvre, Un adieu au long cours, un hommage à son père disparu. Avec ces pages, Eugène Nicole raconte la difficulté de leurs relations, et tente de renouer avec la figure de ce père trop méconnu. Écrire L’Œuvre des mers lui aura pris plus de vingt années, pour conjurer la douleur de l’exil et offrir un hommage à la terre qui l’a vu naître. Véritable monument littéraire, le livre a été récompensé en 2011 par le prix Joseph-Kessel à Saint-Malo.

L’auteur nous revient cette année avec Le Silence des cartes. On y retrouve les thèmes qui lui sont chers - ceux de l’enfance et de l’insularité - et les coulisses du théâtre de L’Œuvre des mers ; mais aussi son écriture si évocatrice, son sens du détail et son goût pour la cocasserie des choses.


Bibliographie :

 

DERNIER OUVRAGE

 
Poésie

Le silence des cartes

L’Olivier - 2016

« Pendant des mois, j’ai scruté ces cartes et imaginé le monde dont elles constituaient la figuration réelle et simplifiée. »
Le Silence des cartes redonne vie au monde des îles Saint-Pierre, Miquelon et Langlade, inépuisable source de rêverie. Dans ces miscellanées poétiques qui rassemblent des textes très divers – fragments d’histoires, notes, poèmes en vers ou en prose –, on croise des personnages familiers, des figures fantasmagoriques et des écrivains admirés. On y retrouve aussi les thèmes chers à Eugène Nicole : l’enfance, l’insularité, l’exil, l’écriture.