GEORGES Karoline

Québec

19 mars 2019.

Le projet artistique de cette Québécoise mêle littérature, vidéo, photographie, modélisation 3D et art sonore. Autrice de plusieurs romans, de poèmes et de nouvelles, elle a reçu, entre autres, le Prix à la création artistique du Conseil des arts et des lettres du Québec, en 2012. Son œuvre s’interroge sur le monde virtuel, et en particulier sur le culte de l’image. Lauréat du Prix littéraire du Gouverneur général, son nouveau roman se déroule dans un futur proche, au Québec. Confrontée à la maladie incurable de sa mère, la narratrice crée Anouk, un avatar conforme à l’idéal féminin stéréotypé. Alors que le virtuel se fait immortel, infini, le vivant ne peut faire autrement que d’affronter sa fin inévitable. Une réflexion passionnante sur les corps, la famille et l’intelligence artificielle.

 

Née à Montréal en 1970, Karoline Georges a enseigné la danse contemporaine avant d’entamer des études de cinéma et d’histoire de l’art.

Appartenant à l’une des premières générations ayant grandi devant un écran de télévision, elle se remémore ces instants passés devant le téléviseur comme des moments d’évasion. S’identifiant aux grandes héroïnes de l’époque, l’artiste s’intéresse très tôt à la figure féminine virtuelle.

L’idée de la femme-image, elle l’explore déjà dans son roman Ataraxie, un huis clos qui met en scène une perfectionniste en quête du sublime. Séquestrée par son amant, elle est livrée aux mains d’une coiffeuse tortionnaire. Cet ouvrage insolite est composé de "chapitres flottants", que l’autrice nous invite à écouter grâce à un mini-cd intégré au livre. Ici, ce sont nos sens que l’œuvre sollicite, interrogeant la littérature, ses prolongements, sa façon de porter les mots, de donner à voir et à entendre.

En 2011, Sous béton cloître le lecteur dans un bloc de béton. Numéro 804, étage 5996. Une famille sans nom y vit, coupée du monde extérieur. Seule une brèche infime subsiste entre les murs et devient, pour l’enfant de la famille, une véritable source de questionnement. Ce roman, expérimental et oppressant, interroge sur notre rapport à l’extérieur avec un style chirurgical remarquable.

Désireuse d’explorer plus en profondeur "la représentation du féminin et ses stéréotypes dans le monde virtuel", Karoline Georges s’attaque à la notion du corps dans son dernier roman. Inspirée par un épisode dramatique de sa vie (la maladie et le décès de sa mère), l’autrice fait le constat d’un décalage, voire d’une opposition, entre le corps réel et le corps virtuel. La narratrice est confrontée à la maladie incurable de sa génitrice, et crée en parallèle Anouk, un avatar qui n’a de cesse d’évoluer. Le virtuel se fait immortel, infini, et il semblerait que le vivant ne peut faire autrement que d’affronter sa fin inévitable.


Bibliographie

Roman

Recueil de nouvelles

Littérature d’enfance et de jeunesse

Poésie

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

De synthèse

Alto - 2018

L’une s’immobilise devant les fenêtres de sa maison en banlieue avec le poids de la mort au creux du ventre ; l’autre cherche à traverser l’écran pour se transformer en image grâce à son avatar numérique, en quête d’absolu. L’une a donné naissance à l’autre, qui tente maintenant de renaître à travers un corps virtuel, loin de la morosité du nid familial. Récit d’une lumineuse lucidité propre à ouvrir les consciences et à faire vibrer les âmes, De synthèse met en lumière l’aboutissement d’une relation filiale du point de vue d’une femme-image renouant avec sa famille au moment où sa mère entre en phase terminale, au terme d’une longue période de dégénérescence. C’est une histoire de corps, de disparition, de reflets, de composition et de décomposition. C’est l’histoire d’une image à parfaire, par-delà le désastre de la chair.