L’exil n’a pas d’ombre

Bruno Doucey

16 avril 2019.
 

Une femme. Un homme. Ils marchent l’un derrière l’autre. Ils ont quitté leur village et traversent le désert sans savoir qu’ils finiront par atteindre la mer.

Pourquoi sont-ils partis ? Nous n’en saurons pas beaucoup plus mais l’essentiel nous est donné : nous savons que la femme est partie parce que le livre de son enfance a été déchiré et qu’elle est entrée dans le langage.

Son exil est celui de toutes les femmes qui tentent dans le monde d’aller vers la liberté, à travers la lecture et l’écriture.

Quant à l’homme… Lui ne sait pas lire les signes écrits sur une page. Son univers est celui des signes du ciel, du vent, des herbes, des traces d’animaux. L’homme et la femme ne se rejoindront que devant la mer. « Nous sommes sous le soleil. / Nos corps n’ont plus d’ombre », disent-ils enfin.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

La Patience des traces

Actes Sud - 2022

Psychanalyste, Simon a fait profession d’écouter les autres, au risque de faire taire sa propre histoire. À la faveur d’une brèche dans le quotidien – un bol cassé – vient le temps du rendez-vous avec lui-même. Cette fois encore le nouveau roman de Jeanne Benameur accompagne un envol, observe le patient travail d’un être qui chemine vers sa liberté. Pour Simon, le voyage intérieur passe par un vrai départ, et – d’un rivage à l’autre – par le lointain Japon : ses rituels, son art de réparer (l’ancestrale technique du kintsugi), ses floraisons…
Quête initiatique qui contient aussi tout un roman d’apprentissage bâti sur le feu et la violence (l’amitié, la jeunesse, l’océan), c’est un livre de silence(s) et de rencontre(s), le livre d’une grande sagesse, douce, têtue, et bientôt, sereine.