Dim. 14h, Grande passerelle 2

L’Europe en ses frontières

24 mai 2019.
 

Se penser, c’est aussi penser son « dehors » – voyez comme la question de ses « frontières » hante l’Europe aujourd’hui. Comment se construit la figure de l’étranger ? Comment penser, franchir ou habiter les frontières ? Comment accueillir l’autre, en soi ? Gardons-nous des idées simples dans lesquelles nous enferme le délire identitaire, ou les rêveurs d’un monde sans frontière, chacun négateur de l’altérité ? Soit on pense la fron- tière comme mur (et les murs toujours finissent par s’écrouler) soit on la pense comme un entre-deux mouvant, matrice d’une autre manière d’être au monde. L’Europe a été vivante à chaque fois qu’elle a su être elle-même et « du monde entier ». L’est- elle encore ? Margaux Chouraqui remonte la route des Balkans de l’Angleterre jusqu’aux frontières turques, à la rencontre de la « majorité silencieuse » d’Européens confrontés à cet afflux de migrants. Guerres mondiales, guerre froide, guerres balka- niques, leurs confidences font écho aux parcours des réfugiés actuels. Son film, Exilés, érige un pont entre ces histoires et les fait dialoguer.

Avec Michel Quint, Alexandre Lévy, Michel Agier, Inara Verzemnieks.

 

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Romans

Les aventures du Cilento

Phébus - 2019

Né en France, Pippo Pugliese est petit-fils d’immigrants italiens. Alors que sa mère perd la mémoire, il décide de se rendre au Sud de Naples, en Campanie, à la recherche de ses racines. Là, dans un Mezzogiorno toujours très pauvre, proche de la Calabre et de la Sicile, des régions traversées par les migrants, il retrouve les traces de son grand-père, né en 1917.

Sa quête le ramène aux années noires. Secondé par la belle Gina, il découvre que son aïeul a aidé deux opposants au régime de Mussolini : Paolo Zancani et Umberto Zanotti-Bianco, qui ont retrouvé un sanctuaire d’Héra, aussi légendaire que l’Atlantide mais surtout preuve d’une colonisation de l’Italie des origines par la Grèce. Une découverte qui ne plait pas au Duce, adepte de la “romanità”, une idéologie prônant la pureté historique de l’Italie.

Peu à peu, Pippo reconstitue l’exploit, tout en se rendant compte que le débat actuel entre humanisme et xénophobie est partout le même, en Campanie comme en France. Et que la tentation totalitaire est plus présente que jamais dans un contexte où le passé est instrumentalisé.

 

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Romans

Carnets de la Strandja - 1989-2019 d un Mur l Autre

Buchet Chastel - 2019

Le massif de la Strandja se situe au Sud de la Bulgarie, à la frontière avec la Turquie. Domaine naturel sauvage et désertique, il fût à époque de la Guerre froide le saillant méridional du Rideau de Fer, un lieu de passage pour ceux qui fuyaient les pays communistes. Aujourd’hui, c’est une porte d’entrée dans l’Union européenne pour les migrants empruntant la route turque. Les barbelés rouillés de 1989 ont laissé la place à la clôture high-tech de 2019. Dans ce paradis pour chasseurs et amoureux de la nature, Alexandre Lévy retourne sur les lieux de son enfance pour conter l’histoire des femmes et des hommes de cet endroit « Kusturicesque ».

 

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Essais

La peur des autres : Essai sur l’indésirabilité

Rivages - 2022

La peur des autres – proches ou lointains – se transforme en repli sur soi, souvent en mépris, rejet. Plus encore, elle fonde des politiques. C’est ainsi que naît l’indésirable, image spectrale et effrayante de celle ou celui qui peut être chassé à la frontière, nationale ou urbaine, voire abandonné à la mort.
Il n’y a pas de compromis possible avec ces politiques de la peur et de la haine des autres. Une autre description du monde, un autre horizon des possibles et d’autres imaginaires sont nécessaires pour redonner à chacun et chacune le sens et le courage de la vie commune.

 

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Témoignage

Mémoires des terres de sang

Hoëbeke - 2019

“On présume depuis longtemps, dans cette région où ma grand-mère est née, qu’à un certain moment chaque année, les morts rentrent à la maison”, écrit Inara Verzemnieks dans ce récit de déchirant de guerre, d’exil, et de reconnexion.

Les histoires de sa grand-mère rappelaient un unique foyer : la ferme familiale en Lettonie abandonnée durant la seconde guerre mondiale. Là, sa grand-mère, Livija, et sa grand-tante, Ausma, ont été séparées. Livija a fui le conflit et est devenue une réfugiée ; Ausma a été exilée en Sibérie, sous Staline. Les deux sœurs ne se sont pas revues durant plus de cinquante ans.
2levée par ses grands-parents dans l’état de Washington, Inara a grandi parmi des expatriés, dispersant sur les cercueils des défunts du sable letton entré clandestinement aux États-Unis, entonnant des chants populaires d’un pays qu’elle n’a jamais visité. Dans une boîte contenant les affaires de sa grand-mère, Inara découvre l’écharpe que Livija portait lors de son départ. Ce vestige tangible du passé lui montre le chemin jusqu’au village isolé où la famille s’est désagrégée. En Lettonie, Inara apprend à connaître Ausma, sa famille, leur pays ainsi que ses histoires. Là, elle reconstitue les années de survie de Livija en tant que réfugiée.

En tissant ensemble ces deux parties de l’histoire familiale dans une prose lyrique et envoûtante, Inara Verzemnieks nous livre un témoignage cathardique de l’amour, de perte et de survie.