Lun. 11h30, Magic Mirror 2 (Grands débats)

Nous sommes un roman

9 juin 2019.
 

Il est né au Moyen Âge, en rupture avec les « chroniques » d’alors, de l’irruption de l’idée de « personne ». Entendez : de l’affirmation d’une dimension intérieure infinie de chaque être humain s’affirmant ou se découvrant à travers les épreuves surmontées. Toute l’histoire européenne est portée, nourrie, par cette idée de soi et des autres.

Il y a eu une Europe baroque, une Europe des Lumières, une Europe romantique, et cette Mitteleuropa qui porta l’idée au plus haut. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Avec Andreï Kourkov, Michel Quint, Itamar Orlev, Jean-Marc Turine.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Les abeilles grises

Liana Levi - 2022

Dans un petit village abandonné de la « zone grise », coincé entre armée ukrainienne et séparatistes prorusses, vivent deux laissés-pour-compte : Sergueïtch et Pachka. Désormais seuls habitants de ce no man’s land, ces ennemis d’enfance sont obligés de coopérer pour ne pas sombrer, et cela malgré des points de vue divergents vis-à-vis du conflit. Aux conditions de vie rudimentaires s’ajoute la monotonie des journées d’hiver, animées, pour Sergueïtch, de rêves visionnaires et de souvenirs. Apiculteur dévoué, il croit au pouvoir bénéfique de ses abeilles qui autrefois attirait des clients venus de loin pour dormir sur ses ruches lors de séances d’« apithérapie ». Le printemps venu, Sergueïtch décide de leur chercher un endroit plus calme. Ayant chargé ses six ruches sur la remorque de sa vieille Tchetviorka, le voilà qui part à l’aventure. Mais même au milieu des douces prairies fleuries de l’Ukraine de l’ouest et du silence des montagnes de Crimée, l’œil de Moscou reste grand ouvert…

Traduit du russe (Ukraine) par Paul Lequesne.

 

DERNIER OUVRAGE

 

TURINE Jean-Marc

Écrivain, mais surtout « bricoleur », c’est ainsi que le Belge se décrit. Réalisateur de fictions, de films, de documentaires, il a également été producteur chez France Culture. Récompensé par le Prix des 5 continents de la francophonie en 2018, La Théo des fleuves donne avec force la parole aux Tsiganes, à leurs errances et leurs souffrances, par l’intermédiaire de l’impétueuse Théodora. Une œuvre bouleversante et engagée, forte et entière, qui parcourt le 20e siècle et l’Europe, et s’impose comme une prodigieuse manière de pousser notre réflexion au-delà des sentiers battus.

Né en 1946 à Bruxelles où il vit toujours, cet auteur est aussi réalisateur et producteur.

Depuis 1978, il réalise des films, des fictions et des documentaires radio ; notamment avec son amie Marguerite Duras et Jean Mascolo (Les enfants, 1984). Il a également à son actif dix ans de production radio chez France Culture.

La plupart de sa filmographie, réalisée avec Jean Mascolo, est constituée de films documentaires à caractère historique, littéraire ou sociétal, notamment consacrés à Robert Antelme ou encore au groupe de la rue Saint-Benoît.Il est également producteur pour la RTBF et il a contribué aux actions du Collectif Manifestement.

La Théo des fleuves est son troisième titre aux éditions Esperluète, après Foudrol (2005), un roman qui trouve déjà sa source dans la Première Guerre mondiale, et Liên de Mê Linh (2014) qui dénonce les souffrances actuelles des victimes de la dioxine au Viêt Nam.

Théodora, femme aux mille vies, aux milles souffrances, mais aussi aux mille espoirs, est, avec son peuple - les tsiganes - au cœur de ce roman. Nous traversons, sous son regard, le XXème siècle et l’Europe. Son écriture juste et engagée donne une force considérable à ce récit, où les voix s’entremêlent pour livrer le portrait d’une communauté injustement stigmatisée.


Bibliographie

 

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Romans

Voyou

Seuil - 2018

Lorsque sa femme le quitte, emportant loin de lui leur jeune fils, Tadek voit sa vie se lézarder, rattrapée par la solitude. Son frère et ses soeurs sont depuis longtemps partis d’Israël, et sa mère, face à son désarroi, n’a qu’une rugueuse indifférence à lui offrir. Il n’a plus pour compagnie qu’un fatras de souvenirs, de cauchemars - et un fantôme, celui de son père, qu’il n’a pas revu depuis vingt ans. Sur un coup de tête, Tadek décide alors de quitter Jérusalem pour retrouver ce dernier, qui croupit dans un hospice de Varsovie. Nous sommes en 1988, et la Pologne est grise derrière le rideau de fer.
L’homme qu’il découvre n’est plus que l’ombre du personnage flamboyant qui a marqué son enfance. Stefan Zagourski était jadis un ogre, une force de la nature, un séducteur - et un monstre. Il buvait, vitupérait, cognait, faisait régner la terreur au sein de sa famille, qui a préféré le fuir en émigrant, et l’oublier. Aujourd’hui, c’est un vieil homme pitoyable aux portes de la mort, à moitié impotent, rongé par l’alcool, les rancunes et la rancoeur, hanté par les atrocités de la Seconde Guerre mondiale dont il fut à la fois une victime et un bourreau. Une semaine durant, incapables de s’aimer, incapables de se haïr, père et fils vont se confronter et affronter ensemble les spectres du passé, à la recherche d’une impossible réconciliation.
Pour son entrée en littérature, Itamar Orlev, récompensé en Israël par le prix Sapir du meilleur premier roman, signe une magnifique histoire de filiation. Une histoire d’amour. Une histoire de la violence.

Traduit de l’hébreu par Laurence Sendrowicz


 

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Romans

Les aventures du Cilento

Phébus - 2019

Né en France, Pippo Pugliese est petit-fils d’immigrants italiens. Alors que sa mère perd la mémoire, il décide de se rendre au Sud de Naples, en Campanie, à la recherche de ses racines. Là, dans un Mezzogiorno toujours très pauvre, proche de la Calabre et de la Sicile, des régions traversées par les migrants, il retrouve les traces de son grand-père, né en 1917.

Sa quête le ramène aux années noires. Secondé par la belle Gina, il découvre que son aïeul a aidé deux opposants au régime de Mussolini : Paolo Zancani et Umberto Zanotti-Bianco, qui ont retrouvé un sanctuaire d’Héra, aussi légendaire que l’Atlantide mais surtout preuve d’une colonisation de l’Italie des origines par la Grèce. Une découverte qui ne plait pas au Duce, adepte de la “romanità”, une idéologie prônant la pureté historique de l’Italie.

Peu à peu, Pippo reconstitue l’exploit, tout en se rendant compte que le débat actuel entre humanisme et xénophobie est partout le même, en Campanie comme en France. Et que la tentation totalitaire est plus présente que jamais dans un contexte où le passé est instrumentalisé.