Sam. 10h30, théâtre Chateaubriand

Passion Américaine

24 mai 2019.
 

Rien n’y fait.

Qu’il s’agisse de romans noirs ou de cinéma, l’Amérique, quels que soient les modes en vigueur, reste toujours présente.

On l’oublie au profit des auteurs scandinaves ? Arrive True Detective. On rêve d’un monde premier, de grands espaces sauvages ? L’Ouest est là, et nous attend. Et il suffit que les beaux esprits décrètent le western mort pour qu’il renaisse, parce que les conflits qu’il met en scène sont les mêmes que ceux de la tragédie antique. On sait la passion de Bertrand Tavernier pour le western, dont il nous fait découvrir chaque année les merveilles romanesques dans sa belle collection chez Actes Sud. Belle moisson cette année avec W. R. Burnett, Alan Le May, Luke Short.

Superbes rencontres en perspective avec B. Tavernier, H. Micol, et M. Ciment, figure historique de la revue Positif ! Cerise sur le gâteau : John Ford, l’homme qui inventa l’Amérique de Jean Christophe Klotz.

Avec plus de 150 films, il aura contribué plus que tout autre à bâtir la légende de l’Ouest américain.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Lune pâle

Actes Sud - 2018

Vers 1890, près de la frontière mexicaine, à l’époque où le Far West sauvage se transforme peu à peu en une société démocratique, se joue le destin d’une famille puissante aux origines mêlées – mexicaines, indiennes et américaines –, dont le patriarche, Jake Starr, règne sur la petite ville de San Miguel grâce à un féodalisme autoritaire mais bienveillant.

Quand Doan Packer, un Américain au passé trouble et au fort charisme, arrive et s’éprend d’Opal, la fille de Jake, le conflit entre les anciens et les progressistes se trouve exacerbé.

W. R. Burnett réussit le coup de maître d’imposer un héros loyal, tourmenté et obstiné tout en le faisant évoluer dans la so­ciété équivoque et captivante dirigée par la famille Starr.

Fable politique, histoire criminelle et roman d’amour, Lune pâle est un western haletant, rythmé par les amitiés fidèles et la passion amoureuse, où l’Ouest américain dévoile ses deux visages – politicien et aventureux.

La traduction française parue dans les années 1950 a été entière­ment révisée et actualisée pour la présente édition.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Recueil d’articles

Une vie de cinéma

Gallimard - 2018

« J’ai toujours pensé que dans mon activité de critique de cinéma le reportage, l’entretien, l’hommage, l’essai et la controverse sont intimement liés. C’est ce dont ce livre, qui rassemble en cinq grandes parties un choix d’une cinquantaine de textes publiés sur plus d’un demi siècle, voudrait être le reflet. Ils témoignent tous d’une curiosité qui je crois n’a jamais faibli, d’un soutien de films qui m’ont confirmé dans l’idée que le cinéma était encore un art vivant et novateur.

On y trouvera deux grandes enquêtes sur les cinémas soviétiques et sur la comédie italienne, des reportages de tournage, mais aussi des rencontres rares avec Coppola sur Apocalypse Now, avec Serge Gainsbourg, réalisateur méconnu, et avec quatre prix Nobel de littérature concernés par le cinéma.

J’ai aussi voulu saluer des metteurs en scène qui me sont chers, de Resnais à Polanski, de Sautet à Wilder, soit à la suite de leur disparition ou lors de rétrospectives qui leur furent consacrées.J’ai privilégié par ailleurs des réflexions critiques sur une des périodes les plus riches du cinéma moderne (1963-1974) où de célèbres réalisateurs (Bergman, Comencini, Ferreri, Losey) poursuivaient leur recherche formelle tandis que de nouveaux venus, issus des pays les plus divers, imposaient la nouveauté de leur style.

Il me restait enfin à rendre compte de mes polémiques pour défendre le statut de la critique et pointer les impasses dans lesquelles elle peut se retrouver. » (Michel Ciment)

 

DERNIER OUVRAGE

 
Bande Dessinée

Whisky

Cornélius, 2018 - 2018

Entre fauvisme et western spaghetti, un voyage pictural à dos de cheval s’initie aux côtés de cowboys solitaires. En associant la gouache avec l’aquarelle, Hugues Micol nous fait sentir la roche chauffée par le soleil et entendre les sabots soulevant la poussière.

Plaines immenses, déserts pourpres et montagnes rocheuses, la géographie si particulière de l’Ouest américain est depuis longtemps un sujet qui inspire les artistes occidentaux. De Sergio Leone à Mœbius, l’image de cette région s’est peu à peu construite dans la culture populaire pour devenir le lieu de l’aventure et de la liberté.

Baigné depuis l’enfance dans cette représentation d’une Amérique fantasmée, Hugues Micol livre avec Whisky sa propre vision du Far West. Mélangeant avec subtilité la gouache et l’aquarelle, d’une tache sur la feuille naît petit à petit une montagne, un caillou ou une silhouette. Cette méthode spontanée dans l’élaboration du dessin fait écho à l’allégorie du cow-boy, homme solitaire qui parcourt un paysage en s’affranchissant des frontières et des lois.

Après Providence - où l’action se déroulait à chaque fois dans une pièce - Hugues Micol abandonne ici les espaces cloisonnés pour parcourir un extérieur riche en rocailles et en canyons. Il s’inscrit ainsi dans la tradition du western art, sous-genre de l’art pictural très populaire au milieu du XXe siècle. Pourtant, ce classicisme est ici détourné en faveur d’une approche plus instinctive, offrant au dessin un rendu proche des œuvres cubistes. Cette douce mélancolie d’une époque est symbolisée par la figure du cow-boy, icône d’un monde qui n’existe plus, sorte de fantôme traversant l’immensité du désert libéré de toutes contraintes.