BINET Laurent

France

10 mai 2020.

Amateur d’histoire et de littérature, nourri de longues et méticuleuses recherches, Laurent Binet explore dans chacun de ses romans une période historique précise, perturbée par un élément surréel. Dans le premier, HHhH, la période nazie bifurque grâce à l’assassinat d’un dirigeant SS et La Septième fonction du langage imagine un complot autour de la mort de Roland Barthes. Après ces ouvrages faisant la part belle à l’humour, tous deux salués par les institutions (prix Goncourt du premier roman et prix Interallié), il s’attaque avec panache à la colonisation. Dans Civilizations, les victimes deviennent les envahisseurs : les Incas conquièrent le vieux continent et regardent avec incrédulité les dérives des monarchies et des institutions religieuses. Ce renversement ironique de l’histoire, subtil décentrement du regard, offre à ce maître de l’uchronie la possibilité de s’attaquer aux maux contemporains, à l’européocentrisme ou encore la dérive du système capitaliste.

 

Bibliographie :

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Civilizations

Grasset - 2019

Vers l’an mille : la fille d’Erik le Rouge met cap au sud.
1492 : Colomb ne découvre pas l’Amérique.
1531 : les Incas envahissent l’Europe.

À quelles conditions ce qui a été aurait-il pu ne pas être ?
Il a manqué trois choses aux Indiens pour résister aux conquistadors. Donnez-leur le cheval, le fer, les anticorps, et toute l’histoire du monde est à refaire.

Civilizations est le roman de cette hypothèse : Atahualpa débarque dans l’Europe de Charles Quint. Pour y trouver quoi ?
L’Inquisition espagnole, la Réforme de Luther, le capitalisme naissant. Le prodige de l’imprimerie, et ses feuilles qui parlent. Des monarchies exténuées par leurs guerres sans fin, sous la menace constante des Turcs. Une mer infestée de pirates. Un continent déchiré par les querelles religieuses et dynastiques.
Mais surtout, des populations brimées, affamées, au bord du soulèvement, juifs de Tolède, maures de Grenade, paysans allemands : des alliés.
De Cuzco à Aix-la-Chapelle, et jusqu’à la bataille de Lépante, voici le récit de la mondialisation renversée, telle qu’au fond, il s’en fallut d’un rien pour qu’elle l’emporte, et devienne réalité.


Revue de presse :