« Ce jour-là, le 25 août 2015, l’événement n’est pas : un ours attaque une anthropologue française quelque part dans les montagnes du Kamtchatka. L’événement est : un ours et une femme se rencontrent et les frontières entre les mondes implosent. Les limites physiques entre un humain et une bête, en se confrontant, ouvrent des failles sur leurs corps et dans leurs têtes. C’est aussi le temps du mythe qui rejoint la réalité ; le jadis qui rejoint l’actuel ; le rêve qui rejoint l’incarné. »
Croire aux fauves est le récit d’un corps-à-corps entre un ours et une anthropologue au Kamtchatka. Et comme Nastassja Martin le souligne immédiatement, c’est une blessure et une renaissance, dont elle sortira en partie défigurée, mais surtout transfigurée. La singularité de son point de vue a toujours tenu à son engagement avec les peuples étudiés – les Gwich’in de l’Alaska puis les Évènes d Kamtchatka –, engagement si total qu’il a parfois aboli les distances soi-disant objectives et soulevé en elle des interrogations vertigineuses. Ainsi, avec cet ours, s’est-elle confrontée à une figure essentielle des mythologies locales, « l’âme sauvage », comme si cette bête fauve était le point de collision entre savoirs scientifiques et implication animiste. Outre ce motif initial, elle relate les nombreuses opérations subies en Russie à l’hôpital de Petropavlosk, puis en France à La Salpêtrière ou au CHU de Grenoble. Au cours d’une énième hospitalisation, de nouvelles menaces surviennent, une maladie nosocomiale puis un risque de tuberculose. Face à ces sombres perspectives, la rescapée décide de retourner sur les lieux du « baiser de l’ours ». Et c’est dans ce refuge d’une inquiétante familiarité qu’elle approfondit les questionnements qui l’ont assaillie depuis des mois, les met au diapason d’une pleine Nature habitée par des croyances ancestrales et des solidarités élémentaires, mais aussi à l’épreuve des préjugés de certains habitants envers la « miedka » qu’elle est devenue, mi-femme mi-fauve. Ultime stigmatisation qui va nourrir son désir de pousser plus loin encore sa méditation anthropologique.
Revue de presse
- « Nastassja Martin entrevoit, non sans une forme de jubilation, un versant du réel auquel l’enquête ethnographique ne lui avait pas donné accès. L’étreinte forcée, à laquelle elle tente de trouver un sens, revient obsessionnellement au fil de ce palpitant journal de survie rédigé à la Artaud, à la Michaux, au bord des gouffres. » Le Monde
- « Pour fuir le réchauffement climatique, il paraît qu’une partie de la faune se déplace désormais clairement vers le Nord et l’altitude. Les écrivains français font la même chose, et les lecteurs les suivent. » Le Nouvel Obs
- « Comme si sa vie en dépendait, elle cherche loin d’elle, auprès des peuples des confins gelés (les Gwich’in d’Alsaka, les Évènes du Kamtchatka), les multiples manières de composer les mondes et les identités. » Philosophie magazine