Quinze causeries en Chine

Gallimard

27 février 2020.
 

Les conférences qui figurent dans ce volume ont été prononcées en Chine entre 2011 et 2017. Le recueil comporte une présentation du traducteur de J. M. G. Le Clézio en langue chinoise, Xu Jun, que l’auteur considère comme son mentor en matière d’initiation à la culture chinoise.A travers ces conférences le prix Nobel de littérature évoque des sujets ayant un rôle important au sein de son œuvre. Notamment la place de la littérature dans la cité, au sens philosophique du terme, et la responsabilité morale de l’écrivain. Dans une autre conférence, Le Clézio se demande à quoi aurait ressemblé notre monde sans le livre imprimé. Il s’interroge également sur l’universalité de la littérature : si, parfois, elle touche à l’universel, ce n’est pas par sa vocation. Dans une autre conférence, il affirme que les livres sont nos biens les plus précieux car « ils ne sont pas seulement des témoignages du passé, ils sont aussi des vaisseaux d’exploration, qui nous permettent de mieux comprendre le monde qui nous entoure. En lisant Au bord de l’eau ou Quatre générations sous le même toit je m’aventure dans une autre culture et j’y découvre des vérités différentes de la mienne. Mais cette aventure est aussi une aventure intérieure, qui me permet de découvrir la part chinoise qui est en moi-même. La connaissance de l’autre est une richesse indispensable, et c’est en approchant l’autre qu’on se connaît soi-même. Sans le livre une telle aventure est difficile, ou impossible. »Avec cette série de conférences, J. M. G. Le Clézio développe un point de vue tout à fait singulier sur la littérature, sur son universalité et la nécessité de préserver la pensée imprimée. Dans notre monde où le numérique est en train « d’arraisonner » la pensée et de la soumettre, il se pose en fervent défenseur du livre, l’antidote le plus puissant contre cette domination.Avant-propos et recueil des textes par Xu Jun.

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Revue de presse :

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Chanson bretonne

Gallimard - 2020

Ce livre évoque des souvenirs de séjours réguliers que Le Clézio a passés dans la ville de Sainte Marine, à l’embouchure du fleuve Odet, dans le Finistère, lors de son enfance entre 1948 et 1954. Bien que l’auteur se défende de respecter une chronologie, le texte poursuit néanmoins l’ordre de la mémoire, allant de l’enfance vers la maturité. Le lieu de Sainte Marine est placé sous le signe de la mère. La Bretagne, et particulièrement le pays bigouden, que Simone Le Clézio aimait par dessus tout, ce pays où elle a reçu la demande en mariage de son père, ou elle a accouché de son frère et où elle est revenue se réfugier trois mois après la naissance de l’auteur à Nice, à cause de la seconde guerre mondiale. Au fil des chapitres, qui sont présentés comme des « chansons », le narrateur fait revivre une époque où Sainte Marine n’avait pas encore été arraisonnée par les boutiques, les carrefours giratoires, ni les bistrots en tout genre… À travers ces « chansons », l’auteur propose un vrai récit sur son enfance en Bretagne, qui s’enrichit également d’une réflexion plus large sur les changements de la géographie bretonne. Malgré son dépit face à ces bouleversements, Le Clézio ne cultive pas le goût de la nostalgie, car pour l’auteur « la nostalgie n’est pas un sentiment honorable ». Son intention est plutôt de rendre compte de la magie ancienne dont il fut le témoin, par les mots empruntés à la langue bretonne et les motifs d’une nature magnifique. Le texte est bercé par une douceur pastorale, qui fait vibrer les images des moissons en été, la chaleur des fêtes de nuit à Sainte Marine ou la beauté simple d’un verger en fleur – autant une ode à la campagne éternelle que la réminiscence de souvenirs intimes.