Les mains de ma mère

Bruno Doucey

13 mars 2020.
 

Entre terre, mer et ciel, une remontée aux sources de l’enfance et du poème Il y a une mère qui plie un mouchoir dans l’armoire. Il y a un homme qui déplie ce mouchoir, et le voilà qui remonte la route des souvenirs. Il y a un enfant qui court sur la plage, apprivoise les oiseaux, joue avec les vagues et cueille ses rêves à la pointe des phares. Il est là, entre terre et ciel. Il interroge les nuages. Il écoute chanter le vent. Se souvient de ces hommes rudes qui refusèrent la guerre. Se souvient de ces inconnus qui ne sont pas des étrangers. Respire l’orange. Dépose la buée sur la vitre du jour. Il cherche l’amour, la vie. Alors vient le poème, alors vient l’image. Il y a un père, qui déplie sa main pour y nicher celle de l’enfant. Et nous les regardons s’éloigner : qu’ils longent le rivage ou cheminent dans le champ de blé, les voici ensemble pour toujours.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Poésie

Les continents sont des radeaux perdus : Tome 4, Un passeport pour la vie

Bruno Doucey - 2024

Quand Yvon Le Men parle de son enfance dans le Trégor, de son père trop tôt parti, de sa mère chevillée au réel, de la pauvreté, des galères et des guerres, la lumière dessine des rigoles sur son visage. Mon ami a alors le coeur à marée basse. Mais écoutez parler de poésie et de peinture, de Guillevic ou de Claude Vigée, de Millet, de Rembrandt ou d’Hokusai, accompagnez-le dans le récit de ses voyages, en Haïti, en Afrique ou en Chine, et vous verrez la marée battre les digues de la mélancolie. Quand la voile du poème se gonfle, Yvon n’est jamais seul à monter à bord. Il embarque les autres pour un voyage à travers mots, relie les pays et les langues, les terres et le ciel, les paysages immenses et les choses minuscules. Et s’il part, c’est pour revenir, le regard empli d’autres promesses.

« la main qui m’ouvre le chemin
dans ce pays où je me perds

m’est plus proche
que celle qui menace
dans mon pays où l’on se perd

dès que de l’autre côté de la route
qui relie nos villages
nos quartiers
dans notre ville
de notre pays

ils font de l’inconnu
un étranger. »