Le combat

2 juillet 2020.
 

Il se mit à courir. Il ne dit même pas au revoir à ses parents. Tout en courant, il essaya de voir et d’identifier les traces de pas des animaux qui désertaient l’île. Il ne pensa qu’à une chose : quelle était la cause de ce massacre. À force de courir, Junid se fatigua et au bout d’une heure d’effort, il s’écroula et s’endormit.
À son réveil, il voulut repartir mais impossible de faire le moindre mouvement tant la douleur à son ventre était forte. Il comprit aussitôt qu’il avait faim et ramassa les quelques fruits qui étaient au sol. Rassasié, il put repartir. Il continua de suivre les traces des animaux. Soudain, il s’arrêta net. Il resta immobile pendant plusieurs longues minutes. Il contempla, impuissant, ce qui causait l’assèchement de l’océan.
A moins de quatre kilomètres de leur village se mettait en place un immense chantier. Il y avait des grandes grues, des camions et toutes sortes d’autres machines. Il se rapprocha discrètement d’un gigantesque panneau où il y avait marqué : « Bientôt, ici, votre résidence de rêve ‘’. Junid, intrigué, se rapprocha encore et comprit pourquoi l’océan s’était volatilisé.
Cette immense étendue d’eau n’était pas un océan, mais un immense lac. Les hommes étaient en train d’assécher le lac en creusant un énorme trou sur les extrémités du lac. Puisque le lac était en hauteur, l’eau s’écoulait et le lac se vidait. Junid remarqua aussi que les hommes du chantier étaient en train d’abattre la forêt. Sûrement pour construire par-dessus. Pas étonnant que les animaux désertent, se disait-il.
Il fallait agir -et vite- car le lac se vidait. Junid avait encore une lueur d’espoir car le lac n’était pas encore vide. Il pensait que vu la grandeur du lac, il faudrait au moins trois mois pour qu’il se vide en entier. D’ici-là, il fallait trouver une solution et vite. Mais, il était impuissant face à ce gigantesque chantier. Soudain il eut une idée. Il faudrait pouvoir reboucher la brèche et s’introduire dans le chantier pour le retarder en sabotant les machines. Mais voilà le problème : Junid était tout seul et donc impuissant face à ce chantier. Il commençait à désespérer. Mais il ne pouvait renoncer, car cette île, ce beau paysage, sa musique qui le berçait depuis son enfance, cette île était sa seule maison, son refuge. Epuisé de sa journée, il s’endormit.
À son réveil, le lendemain, il eut une idée : s’il arrivait à convaincre son village, ils seraient assez nombreux pour saboter le chantier. Il repartit donc vers son village. Tous en courant il songea que si lui et son village arrivaient à retarder le chantier, il pourrait partir avec ses parents pour prévenir une association de protection de la nature et faire cesser le chantier illégal. Junid est sûr qu’il est illégal car l’île est tellement coupée du monde qu’il n’y a pas de contrôle de police.
Quand il arriva enfin au village, ce n’est pas ses parents qui l’accueillirent mais tout le village entier. Ses parents furent soulagés de voir leur fils enfin retrouvé.