Histoire du dernier homme de la Terre

2 juillet 2020.
 

Il se met à courir.
Il ne pense qu’à ça. Il veut retrouver le vent, il veut retrouver les oiseaux, les chiens, les animaux. Il veut retrouver la mer. Mais il a beau courir, toujours plus loin, des heures durant, il ne voit ni présence d’animaux, malgré leurs traces, qu’il suit depuis des lustres, ni la mer et son doux murmure. Il ne sent pas non plus le moindre souffle de vent, malgré la vitesse à laquelle il court. Hormis le sable à perte de vue, il n’y a plus rien. Plus le moindre son. Comme si… comme si on avait rendu le monde muet. Comme si… quelqu’un avait voulu tout enlever du monde, et ne laisser qu’une infinie étendue de sable. C’est à peine si l’on distinguait la terre du ciel. Junid fut saisi d’une impression étrange. Une espèce de sentiment de malaise, de vide. Comme quand il était petit, et qu’il recevait une récompense. Tous ses camarades le regardaient alors avec un regard assassin, chargé, au fond, d’une profonde tristesse. D’une grande injustice. Comme s’ils étaient trahis. Comme si Junid les avait trahis. Eh bien, maintenant, il avait le sentiment d’avoir reçu un grand privilège qu’il ne méritait pas. Comme s’il n’avait rien à faire là. Et toutes les cellules de son corps lui criaient qu’effectivement, il n’avait rien à faire ici. Qu’il ferait bien mieux d’arrêter de courir et de retourner d’où il venait. Sauf que son cœur, lui, lui criait de continuer à courir parce que, même s’il ne comprendrait jamais où la mer était partie, qu’il ne retrouvait pas les animaux disparus, au moins, il aurait essayé. Et on avait toujours répété à Junid d’écouter son cœur. Enfin, surtout Mila. Mila sa meilleure amie, sa confidente, sa bonne étoile. Mila qui ressentait si bien les choses et qui avait compris… Mila qui était partie. Envolée. Elle l’avait su, Mila. Elle savait tout de ce monde. Toujours. Elle ressentait. Et elle avait toujours raison. Elle avait dit à Junid, un jour, il s’en rappelait :