Le Pendentif d’argent

4 juillet 2020.
 

Il se met à courir. En courant vers le village, Junid aperçoit des scorpions et se demande pourquoi ils sont là, pourquoi ce sont les seuls animaux à être présents. Junid s’arrête un instant pour reprendre son souffle et regarde au loin : toujours aucune mer, ni aucun bruit… Alors, Junid reprend sa course. Après plusieurs minutes à courir à perdre haleine, il s’arrête.
Le village est là. Bizarrement, il n’y a pas le remue-ménage habituel : le marché est fermé, les habitations sont recouvertes de sable, certaines toitures sont abîmées. Tout cela à cause de cet étrange phénomène. Junid se rend devant l’entrée d’une des habitations et frappe à la porte en bois de cocotier qui s’effondre aussitôt. Normalement, il aurait dû entendre un horrible craquement mais, rien ! Il entre dans la maison et la parcourt brièvement mais ne trouve personne. En essayant de contenir sa peur, il se demande où ils sont tous passés, où sont ses parents. Prenant une grande inspiration pour éviter de pleurer, il rebrousse chemin, éprouvant une grande tristesse et une grande solitude.
Soudain, Junid qui est encore dans la salle principale, devine, dans l’entrée, une ombre grande et mince. Junid pense tout de suite à un arbre mais plus il s’approche, plus l’ombre se réduit et c’est là qu’il voit d’abord de longs cheveux noirs de jais, puis des yeux d’un bleu brillant à vous en faire perdre la tête et un sourire d’une infime douceur. Il n’en croit pas ses yeux : c’est bel et bien une jeune fille ! Cette mystérieuse apparition lui fait oublier, un instant, la disparition des sons et des habitants de son village, autrefois tumultueux.
C’est alors, que la jeune fille s’agenouille pour écrire dans le sable « Sais-tu ce qu’il se passe ? » Junid tente de lui répondre mais il avait oublié qu’il lui était impossible de parler. A son tour, il s’accroupit et écrit dans le sable brûlant : « aucune idée. Mais, qui es-tu ? » En guise de réponse, elle trace dans le sable son prénom « Ilana » et pointe son doigt vers lui pour connaître son nom. Puis, elle prend sa gourde et verse son contenu sur le sable pour permettre à Junid de lui répondre. Il inscrit donc son nom et lui demande si elle sait comment arranger cette situation. Elle lui répond : « Aller là où tout à commencer, suis moi. »
Après une longue réflexion, Junid se décide à suivre Ilana. Il n’a pas trop le choix, il est seul ici, il ne peut rien faire et elle a l’air de savoir ce qu’elle fait. Mais de nombreuses questions sans réponse flottent dans sa tête. « Qui est-elle ?, D’où vient-elle ? Comment sait-elle ce qu’il faut faire ?... »
Plus ils s’éloignent du village, plus Junid est anxieux à l’idée de suivre une inconnue. Lorsque le soir tombe et qu’ils ne peuvent plus distinguer au loin, le village, la jeune fille s’assoit par terre. Le garçon fait de même. Junid a de nombreuses questions qui lui brûlent les lèvres mais Ilana semble ne pas vouloir lui répondre. Elle reste assise regardant l’horizon comme si elle attendait quelque chose. Après plusieurs minutes, Ilana tend un pendentif à Junid. Il le prend et le garde dans sa main. Aussitôt, elle lui écrit, de nouveau dans le sable « garde le pendentif, il nous servira si nous sommes séparés . » Junid met alors le bijou à son cou. C’est un pendentif en argent, avec des motifs gravés dessus. Junid ne voit pas du tout en quoi un simple collier lui servirait à la retrouver s’ils étaient séparés. Il a tout simplement accepté par pure politesse.
Tout à coup, Junid prend conscience de l’obscurité et réalise la disparition de la fraîcheur de la nuit, comme si elle s’était, elle aussi, évaporée avec le vent. Dans cette chaleur étouffante, Junid réalise qu’il est affamé et assoiffé. Il n’a pas eu le temps de penser à ces choses là pendant son périple. Il attrape la gourde d’Ilana et boit une gorgée, pas plus, afin d’économiser cette précieuse ressource. Pour faire taire son estomac, il décide de s’allonger. Essayant de trouver le sommeil, il se questionne sur ce qu’a fait Ilana pendant ce voyage : elle n’a pas bu une seule fois, même pas maintenant...
Le lendemain, ils se remettent en route. Junid a les membres engourdis à cause de sa nuit blanche qu’il vient de passer. Il avait bien essayé de se reposer mais impossible. Il avait eu trop peur que l’inconnue l’assassine pendant son sommeil ! Même s’il était conscient que c’était une idée stupide.
Après de longues heures de marche sans faire de pause, Ilana s’arrête net et se retourne. Le garçon suit son exemple et regarde derrière lui. « Quoi ? », pense-t-il. Une grande masse bleue vient dans leur direction, comme si elle voulait les dévorer. Junid remarque qu’il est impossible de la contourner puisque c’est de l’eau… non pas que de l’eau, l’OCEAN ! L’OCEAN revenait ! Et ils sont en plein sur sa trajectoire. A l’allure d’un tsunami, il se déplace rapidement. Junid se dit que sa couleur bleue ressemble étrangement aux yeux d’Ilana. Après tout, elle avait bien regardé l’horizon comme si elle cherchait à déclencher quelque chose. Serait-ce cela ? Devant ce danger, Junid n’a pas le temps de penser davantage, il reprend ses esprits et il se met à courir dans l’autre sens pour échapper à la noyade. Mais llana l’en empêche. Il veut lui crier « Mais que fais-tu ? Tu vas nous tuer ! Mais, impossible . » Et là, Junid remarque qu’Ilana sourit, d’un sourire angélique. Il se demande pourquoi elle reste figée et pourquoi ce sourire. Elle semble lui dire : « ne t’en fais pas, prends ma main et tout ira bien. ». Alors, il prend sa main, puis le trou noir…
Junid se réveille alors en sursaut. Il est dans son lit. Comment ? Il est chez lui, dans sa hutte de pêcheur. Il se lève difficilement, la tête lui tourne, ses poumons le font souffrir. La gorge en feu, il prend la direction de la cuisine et entend un : « Bonjour, Junid. » que lui adresse son père. Alors, ce n’était bel et bien qu’un rêve ? Mais lorsqu’il porte la main à son cou, il y trouve le pendentif que lui avait confié Ilana, le pendentif d’argent !