Junid et la mer disparue

4 juillet 2020.
 

Il se met à courir. « Où est la mer ? » se demande-t-il .
Mais un bruit vient briser le silence.Un oiseau de couleur bleu roi est magnifiquement posé sur un arbre d’or . Junid est impressionné par autant de beauté . Alors , pour la première fois , des mots sortent de sa bouche : « Magnifique volatile , sais-tu , toi , où est la mer ? » . L’oiseau lui répond : « Mon bon garçon , la mer est ma confidente et jamais je ne révélerai ses secrets ! » . Junid est dévasté mais il remercie quand même le volatile et repart .
Sur son chemin, il croise un chat . Junid lui demande alors : « Chat , protecteur des demeures et gardien des peines de tous et de chacun , saurais-tu où est la mer ? » . Ce dernier se lèche longuement la patte et dit : « De tous mes protégés , la mer est la plus déprimée … Elle se plaint des Hommes … » . Junid remarque alors que le félin est au bord des larmes mais n’ose pas le faire remarquer . Le chat continue son récit : « Comprends-la , petit humain … vous lui jetez tous vos déchets … » . Junid observe les yeux du félin , ils sont humides de tristesse et de colère . Il se sent assez honteux ; c’est vrai qu’il n’est pas « l’écologiste de l’année » . Le chat le regarde et lui dit : « Elle veut aller plus au nord ; pour trouver la paix apparemment … Je n’ai pas su la retenir , j’ai été le pire confident qui soit ! » . Le félin pleure maintenant sans retenue . Junid réconforte le chat alors , celui-ci vient se frotter à ses genoux . Le corps du chat est chaud . Junid serre l’animal contre lui puis s’en va .
Il marche vers le nord comme le lui a indiqué le félin . Il sent en lui l’espoir de pouvoir revoir la mer , cette chaleur le protège de tout . Même la bise glacée de l’hiver ne le dérange . Il se sent près à braver tous les dangers qui seront sur son chemin .
L’espoir qu’il a le rend plus fort , plus courageux … Il se répète alors sans arrêt « Je sais où elle est ! Je vais la retrouver ! Et après , elle reviendra à la maison et tout redeviendra comme avant ! » .

A plusieurs milliers de kilomètres plus loin , la mer est emprisonnée . Juste à côté d’elle se trouve un homme de grande taille avec un cigare à la bouche . Il se retourne vers la mer et lui dit « Alors ma grande , tu vas nous aider sinon ,... » , un homme vient mettre un bâton enflammé dans la main de son collègue . La mer est effrayée et alors au fur et à mesure que le bout de bois s’approche d’elle , elle s’évapore . L’homme au bâton ricane et lui demande : « Donc t’as choisi quoi ma belle ? » . La mer se tasse , en signe de soumission . L’homme la regarde et lui dit : « Très bon choix ! » , il se retourne vers ses camarades et hurle « ON VA ETRE RICHE LES GARS ! » .

Plusieurs milliers de kilomètres plus bas , Junid appelle à l’aide ; « Quel idiot j’ai été de vouloir absolument passé par la forêt ! J’ai l’air bien malin avec une jambe sous cette grosse branche ! » . En effet , Junid a une jambe en sang cachée sous un immense morceau de bois ! Soudain , il entendit quelqu’un , une jeune fille un peu plus âgée que lui est debout devant lui . « Puis-je t’aider ? » demanda t’ elle . « Avec plaisir ! » répondit-il , heureux que quelqu’un ait entendu son appel . La fille remarque alors que Junid est blessé ; « Regarde ! Tu saignes ! » . Il se tourna vers sa jambe , à présent le liquide rouge la recouvre presque entièrement. « Effectivement , mais il faut absolument que je continue ma route ! Elle compte sur moi ! » dit-il avec rage . « Qui ça « elle » ? Une amie à toi ? » demande la fille intriguée . « La mer ! » dit il en essayant d’enlever la branche avec ses mains . L’adolescente le regarde en se demandant s’il plaisante , mais les yeux du jeune garçon lui disent le contraire . « Alors comme ça, tu cherches la mer ? » demande-t-elle en faisant le plus d’efforts pour ne pas rire . « Oui ! » dit-il d’un ton plein d’assurance , contrairement à elle . « D’accord... » répond-elle , amusée que ce garçon s’intéresse à quelque chose d’aussi peu important à ses yeux . « Bon tu y arrives avec cette branche ? » finit elle par lâcher . « J’y arriverai peut être mieux si tu m’aidais » lui dit-il d’un air accusateur . La jeune fille soupire , puis se décide à l’aider . Elle soulève la branche d’un geste brusque . Junid la remercie puis décide de s’en aller . Le remarquant boiter , la jeune fille lui dit « Vaudrait mieux que tu restes ici , tu boites et la nuit va bientôt arriver » . Junid se retourne en titubant et lui répond « Merci de cette gentille attention , mais elle compte sur moi , le destin m’a choisi pour aller l’aider » . La jeune fille lui demande « Qu’est ce qui te dis ça ? » . Junid la regarde, assez surpris qu’on lui pose la question mais elle n’a pas tort ; c’est lui qui s’est convaincu que la mer l’avait choisi . Lui , l’adolescent mal aimé , doit sauver la mer . Junid se met à douter . L’adolescente le regarde avec un sourire de fierté et lui dit « Alors ? Tu viens ? » . « J’arrive … » dit-il d’un air perdu.
Il commença à peine à marcher en boitant que la jeune fille arrive et met le bras de Junid sur ses épaules . Celui-ci la regarde , surpris de son geste . « Quoi ?!? Tu veux ma photo ? » rugit-elle . Ils arrivent chez elle , c’est une maison en bois ne contenant qu’une pièce . Elle s’harmonise parfaitement avec la forêt qui l’entourent . « Puisse que tu es chez moi , tu dois faire à manger ! » décrète-t-elle . Junid rigole puis se met au travail . Après le repas , Junid sent la fatigue le prendre et il finit par s’endormir .

Plusieurs milliers de kilomètres , au nord . La mer gèle et va chercher le pétrole . L’homme au bâton lui crie dessus ; « ALLEZ ! DEPECHE-TOI ! » . La mer est tellement triste que la glace se met à craqueler puis à fondre . Elle pleure . Et de ses larmes naissent des animaux ; au début des lapins arctiques , puis des loups blancs , et après des ours polaires … Les Hommes sont étonnés de voir pour la première fois ces êtres au pelage blanc . La mer pleure une dernière larme . Celle ci n’est pas comme le autres ; elle prend la forme d’un dauphin avant de se terminer par une corne . La mer lui dit : « Va , licorne de mer , répandre mon appel . Elle se met alors à grossir , grossir , et encore grossir pour lui frayer un chemin sans danger . L’animal disparaît et nage à grande vitesse .

Entre les deux adolescents est né un lien d’amitié . « JUNID ! REVIENS ICI TOUT DE SUITE ! » crie l’adolescente « CE N’EST PAS PARCE QUE TU ES GUERI QUE TU DOIS COURIR DANS LA MAISON ! » . « Je dois aller l’aider ! Laisse-moi y aller , s’il te plaît ! La mer est sûrement en train de souffrir ! » dit Junid d’un ton suppliant . « On en a déjà parlé ! La mer est sûrement en vacances ou quelque chose comme ça... » répond la jeune fille en levant les yeux au ciel . Le garçon la regarde puis dit : « S’il te plaît , Léa , je sens qu’elle est quelque part et qu’elle souffre … » , il baisse les yeux , « Je t’en supplie ... » . L’adolescente l’observe puis finit par dire ; « Bon... O.K... » . « Merci ! » crie Junid . « Minute papillon ! Si tu pars , je pars aussi ! Hors de question que tu y ailles tout seul ! » dit Léa . « Quoi ?!? » répond le garçon , étonné du courage de son amie . Celle-ci lui répond : « C’est ça ou rien ! Alors prépare tes affaires ! D’ailleurs... » , le garçon l’écoute attentivement , « Vu que tu as dormi sur MON canapé tu dois le remettre CORRECTEMENT ! » . Ils ramassent leurs affaires . « Attend ! J’ai oublié mes épingles à cheveux ! » dit Léa . Junid ricane et ironise : « Tu as la plus grande mémoire que je connaisse et tu oublies des choses ? Décidément, vous , les filles, vous êtes bien décevantes ! » . Léa s’approche sauvagement de lui ; « Retire IMMEDIATEMENT ce que tu viens dire avant que je t’étouffe avec cette pomme ! » . Junid s’excuse puis tous deux sortent de la maison . Le jeune garçon regarde sans cesse sa boussole . Léa , remarquant l’obsession de Junid pour le petit objet , elle lui demande : « Mais tu as oublié de me dire . On va où ? » . « Au nord ! » répond-il . Ils marchent . Mais au bout d’un moment , l’adolescent finit par s’épuiser. « On peut faire une pause s’il te plaît , je suis exténué ! » . Son amie , qui est elle aussi fatiguée , acquiesce de la tête . Tous deux mangent et boivent avec avidité . « Posons-nous là pour la nuit ! On continuera le voyage demain » proposa Léa. « Parfait ! » répond Junid , heureux de pouvoir se poser . Il ramasse des brindilles et les entourent de pierres . Léa frotte deux silex . Ils font des étincelles avant de créer une petite flamme .
Junid regarde le feu grandir . « Voilà , je pense qu’il devrait tenir la nuit » dit son amie . Tous deux passent la soirée à chanter et à danser . Le lendemain , ils partiraient à l’aube . Tous deux se couchent dans leur tentes respectives en rêvant de l’avenir . Junid gesticule dans sa tente . Léa ouvre la « porte » de la tente de son ami et lui touche le bras ; « Eh ! ... Junid … réveille toi … » . Le jeune garçon ouvre un œil , puis l’autre. Junid se réveille . Les deux amis prennent le petit déjeuner ensemble puis reprennent leur route . Non loin de là , le narval file comme le vent ; il doit arriver vite s’il veut que sa créatrice ne meure pas . Il arrive dans un cours d’eau glacée . Sur le rebord , deux adolescents remplissent des gourdes . Il y a un garçon à la peau blanche comme neige et une fille , visiblement plus âgée que lui , à la peau couleur caramel . Le narval s’approche doucement d’eux . « Qui es tu , créature des eaux glacées ? » lui demande le jeune homme . « Je suis un narval , et je viens vous porter un message de la mer . » lui répond gentiment l’animal . « Parle , licorne de mer et confie-nous tes secrets , apparemment , si importants . » lui dit Junid . Le narval regarde
le garçon d’un regard demandant de l’aide . « Ma créatrice , la mer , est en danger ... » dit-il tristement . « Ah ! J’avais raison ! » crie Junid fier de lui , mais remarquant la surprise du narval, « Excusez-moi , vous pouvez reprendre … » . L’animal soupira puis dit « Elle est plus loin , au , nord … Aidez-moi ! S’il vous plaît ! » . Junid est pris d’un élan de courage ; « Montre nous le chemin ! » . Tout trois voyagent longuement avant d’arriver au plus au nord de la Terre . Ils aperçoivent l’homme au bâton malmener la mer . « C’est qui lui ? » demande Léa « Qu’est qu’il fait à la mer ? » . « Je ne sais point . Mais ce qui est sûr c’est qu’il lui fait mal ! » lui répond Junid . Le narval regarde la scène , dévasté et triste pour sa créatrice ; « La pauvre … J’espère qu’ils pourront l’aider ... » . Les deux adolescents finissent par trouver un plan . « C’est compris ? Tout le monde sait ce qu’il doit faire ? Pas la peine de réexpliquer ? » demande Léa . Le narval et Junid hochent de la tête . Le mammifère marin se met alors à sortir de derrière le rocher. « Au secours ! Aidez moi ! A l’aide ! Un ours m’a attaqué ! » dit celui-ci . « Les gars ! Faut aider la licorne sans pattes ! » dit l’homme au bâton . « Mais chef … Je croyais que l’on devait être sans-cœur ? » dit l’un de ses collègues . « Avec la mer seulement , triple-buse ! Allez ! Aide-le ! » répond l’homme au bâton .
« Attention ! Allons, je suis très fragile vous savez ! » cria le narval . Pendant que les deux hommes s’occupait d’aider le mammifère « blessé » , Junid et Léa s’approchent de la cage dans laquelle la mer est prisonnière . « On va vous aider » promet Junid . « Merci les enfants... » dit la mer d’une voix faible . « Léa ! Viens voir ! » dit Junid . « J’arrive ! » , elle s’assoit à côté de lui , « Qu’y a t-il ? » .« Regarde ! » dit-il en pointant le cadenas qui retenait la mer dans la cage d’acier . « Ce n’est pas un problème » dit-elle en prenant un petit fil de fer plié en barrette dans ses cheveux blonds . Elle met le fil en fer dans le cadenas ; « Attends … Mince ! » . « Qu’y a t-il ? »dit Junid s’attendant au pire. « Faudrait prolonger la distraction des hommes car là ça va être un peu long . Tu crois que tu peux t’en charger ? » dit-elle . « Moi ? » répondit-il en regardant autour de lui . « D’après toi , il y a d’autre Junid à la peau blanche et au cheveux noir ébène , ici , dans ce lieu perdu au nord de la Terre ? » dit-elle d’un ton ironique . Junid glousse puis s’avance doucement vers l’homme au bâton . L’homme fait au moins trois têtes de plus que lui , il a toujours un cigare en bouche , ce qui déplaît fortement au narval qui suffoque à cause des fumées s’en dégageant . « Pardon ?... » demande le jeune garçon , à sa grande surprise l’homme se retourne énervé qu’on l’ai dérangé . « Je m’appelle Junid et j’aimerais vous aider ! » dit le jeune adolescent pétrifié par la peur . « O.K , tiens moi ça . » répond l’homme au cigare d’un ton montrant clairement sa colère . Junid prend le produit que l’homme lui tend . Il lit lentement ce qu’il y a marqué sur le pot et manque de faire un malaise ; « C’est de l’arsenic ! Vous allez le tuer !!! » . L’homme au cigare soupire ; « Je ne vois pas du tout comment éviter qu’il souffre trop longtemps , pour qu’il en vienne à parler c’est qu’il est vraiment pas bien ! ». Léa apparaît de derrière le rocher de glace ; « C’est bon ! Junid dépêche-toi de te mettre en lieu sûr ! C’est dingue ce qui va se passer ! » . L’homme au cigare regarde autour de lui , ne comprenant pas ce qui se passe . Soudain , une énorme forme translucide apparaît dans le ciel bleu . Elle se rue sur l’homme au cigare et ses collègues . Ceux-ci ouvrent la bouche , interloqués . C’est un spectacle cruel et magnifique . La forme s’agrandit et fond sur le sol en recrachant les hommes . Ils fuient espérant ne plus jamais revenir . La chose s’approche des deux adolescents , elle rétrécit pour devenir une belle femme à la peau noire et aux cheveux bleus ondulant sur ces épaules . Léa et Junid font une révérence . La mer s’approche d’eux et caresse la joue de Léa et regarde tendrement les deux adolescents . Elle dépose des objets dans les mains de ses deux protégés ; « C’est un cadeau pour votre courage , et surtout rester les mêmes... » . Léa regarde la mer puis la prend dans ses bras, « Ton père et moi sommes fiers de toi , ma fille. » dit la mer avant de disparaître sous les eaux glacées qu’elle s’est crées .
Léa regarde sa mère s’éloigner ; « Je t’aime maman ... » . Puis elle prend la main de Junid , ils vont retrouver leurs logis ! Junid va retourner dans sa petite maison du bord de mer , désertée par le silence de la mort de ses parents et par le chant des vagues . Quand à Léa , elle continuera d’habiter dans sa cabane dans la forêt . D’ailleurs , si un jour vous allez dans les bois et que vous voyez une jeune fille à la peau caramel qui chante des chansons maritimes , allez lui dire « bonjour » .

L’aventure va beaucoup manquer aux deux adolescents … Mais qui dit qu’une autre ne les attend pas quelque part ?

FIN

*aucun animal n’a été maltraité durant cette aventure.
** remerciement : à ma professeure de S.V.T qui m’a lancé dans l’écologie , à ma meilleure amie et ma cousine qui m’ont montrées le plaisir d’écrire et , enfin , à mes parents qui m’ont toujours soutenu.