L’Odysée de Junid

13 juillet 2020.
 

Il se met à courir.
Il court à perdre haleine jusqu’à l’endroit où il a l’habitude d’observer les oiseaux avec ses amis. Toujours le même silence terrifiant, oppressant. Au loin, il aperçoit un groupe de personnes. Parmi elles, il devine la silhouette de son père. Il court à la vitesse de la lumière pour les rejoindre.
Arrivé vers l’attroupement, il se faufile dans la foule jusqu’à son père. Il est très vite soulagé, car il voit aussi sa mère à quelques mètres. Les adultes sont inquiets, car tout le monde parle fort et en même temps. Junid, dans ce brouhaha, entend les mots « tsunami », « catastrophe » qui se répètent. Il sent l’angoisse monter.
Tout d’un coup il entend une voix plus forte que les autres s’élever. Le brouhaha cesse et le chef du village se met à parler :
« Mes amis, il faut fuir le village, un tsunami va arriver. Il faut monter, tout de suite, au plus haut point de l’île, au temple de Kakounra, là-bas ! Vite les femmes et les enfants, partez tout de suite ! Les hommes forts avec moi, nous allons aider les plus vieux. On se retrouve au temple de Kakounra. »
Junid rejoint sa mère, prend sa main et l’entraine. Ils commencent à grimper. L’ascension est difficile, épuisante, le chemin est pentu. Les plus petits ont peur, ils pleurent, ils glissent. Jili, un des plus petits, trébuche devant Junid et se met à pleurer. Junid le met sur ses épaules et continue la marche.
Enfin, ils arrivent au temple et Junid tape à la porte. Le gardien du temple leur ouvre. Il regarde Junid bizarrement et murmure :
« Ha… ! Ca doit arriver… Je t’attendais…
Puis il se reprend et s’adresse à tout le monde :

Junid se réveille. Il est dans son lit. Il ferme les yeux, écoute, retenant sa respiration, et fait le décompte de tous les sons qui sont revenus. Le vent, les oiseaux, les chiens et la mer…
Il sort de sa maison et se dit que tout n’était qu’un cauchemar. Il court vers sa mère et lui prend la main en l’embrassant. Elle lui rend son baiser et lui demande en souriant :
« Tu es bien câlin ce matin Junid ! Tiens, que t’es-tu fait dans la main ? »

FIN