DELACHENAL Odéric

France

22 avril 2021.

Témoin du séisme qui a ébranlé Haïti en 2010, alors qu’il y travaillait comme éducateur auprès des enfants des rues à Port-au-Prince, il en fait dix ans plus tard le point de départ d’un récit autobiographique poignant, qui sonde les fissures et cicatrices des individus comme des lieux qu’ils habitent. Le jeune auteur y relate les désillusions et questionnements des idéalistes et rêveurs face à la brutalité du monde, mais aussi la résilience des habitants livrés à eux-mêmes.

 

Odéric Delachenal arrive à Haïti en 2008 avec la Délégation Catholique pour la Coopération, où il restera deux ans, avant de rentrer en France, où il suivra les mineurs non accompagnés d’Ile-de-France. Actuellement guide accompagnateur au château de Miolans, en Savoie, Odéric Delachenal est aussi batteur dans un groupe de métal, avec lequel il a fait des tournées en Europe de l’Est.

Dans Fissuré (Métailié, 2021), son premier livre, l’auteur examine, avec une sincérité déchirante, les contradictions et les cicatrices de ceux qui rêvent d’aider, de changer le monde, et qui se rendent compte qu’ils sont à peine des minuscules pansements, hantés par la brutalité de leur insignifiance, de ce qu’ils ont vu et de ce qu’ils côtoient au quotidien.

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Bibliographie

 

DERNIER OUVRAGE

 
Témoignage

Fissuré

Métailié, 2021 - 2021

Odéric Delachenal a vécu en Haïti de 2008 à 2010. Il travaille pour la délégation catholique pour la coopération. Le 12 janvier 2010, à 16:53:10, il vit le grand séisme de Port-au-Prince. Cet après-midi-là, la capitale s’effondre avec lui. Alors, sans relâche, le jeune éducateur erre dans des décombres de fin du monde. Protéger, rassembler les enfants épars pour les mettre à l’abri. Courir la ville écrasée, en quête des siens. Soigner, secourir, fouiller les gravats, tirer des bâches sur les parkings-dortoirs. Il arpente la ville exsangue, à la recherche de ses amis, des enfants qu’il est « censé » protéger.

Comment se détacher du pire quand, atteint au cœur, on est désem- paré ? Comment continuer lorsqu’on rentre en France, « ce pays en paix », et qu’on s’immerge dans l’absurdité d’un travail social où on doit « trier » les enfants migrants auprès de la Protection de l’en- fance ? L’auteur examine ici, avec une sincérité déchirante, les con- tradictions et les cicatrices de ceux qui rêvent d’aider, de changer le monde, et qui se rendent compte qu’ils sont à peine des minuscules pansements, hantés par la brutalité de leur insignifiance, de ce qu’ils ont vu et de ce qu’ils côtoient au quotidien. Comment refuser à ceux qui se noient quand ce sont les villes entières qui s’abîment… ?

Dix ans après son expérience à Haïti, l’auteur lit Dany Laferrière et comprend qu’il y a des gens comme des maisons « qui sont profondé- ment fissurés à l’intérieur et qui ne le savent pas encore… [ceux-ci] sont les plus inquiétants, le corps va continuer un moment, avant de tomber en morceaux un beau jour. Brutalement. Sans un cri ».

Odéric Delachenal décide donc de témoigner, de mettre son cata- clysme en mots avec une force narrative magistrale, de montrer l’en- vers du décor du costume du bon Samaritain, au nom des vivants comme des morts, au nom de ses amis haïtiens qui versaient tous les matins une goutte de café à terre pour tous ceux qui étaient partis.