Pays sans chapeau

Zulma

22 avril 2021.
 

« La nuit existe dans ce pays. Une nuit mystérieuse. Moi qui viens de passer près de vingt ans dans le Nord, j’avais presque oublié cet aspect de la nuit. La nuit noire. Nuit mystique. Et il n’y a que le jour qu’on puisse parler de la nuit… On dirait que deux pays cheminent côte à côte, sans jamais se rencontrer. »
Après vingt ans d’absence, l’écrivain rentre chez lui, à Port-au-Prince. Le pays, en apparence, est le même. Mais au fil des silences, des mots chuchotés, et de quelques rencontres improbabales, le voilà lancé, lui, l’écrivain qui se dit primitif, dans une étrange enquête au Pays sans chapeau – c’est ainsi qu’on appelle l’au-delà en Haïti. Et c’est le pays rêvé qui prend le pas sur le pays réel…

Pays sans chapeau est l’extraordinaire chronique de ce reportage habité par l’émotion du retour et la magie des dieux cachés. « Ils sont là, je le sais, ils sont tous là à me regarder travailler à ce livre. Je sais qu’ils m’observent. Je le sens. »

 

DERNIER OUVRAGE

 
Témoignage

Autobiographie américaine

Bouquins - 2024

L’œuvre autobiographique de Dany Laferrière, rassemblée dans ce volume, montre qu’il personnifie une démarche singulière, qu’a déterminé son attitude envers la vie. Et c’est cette attitude qui fait que tant de lecteurs aiment mettre leurs pas dans les siens.
"Un matin de février 1984, il y a quarante ans de cela, je me suis réveillé dans le grand froid montréalais, avec cette idée étrange qu’on ne devrait pas écrire plus d’un livre. Le manuscrit que j’avais fatigué toute la nuit dernière s’était assoupi près de la fenêtre de ma modeste chambre, au milieu des restes du repas de la veille. De mon lit, je l’observais avec un mélange de suspicion et de tendresse. J’attendais trop peut-être de ce premier roman écrit pourtant dans la misère et la liberté. D’abord qu’il me sorte de l’usine, ensuite qu’il me rende célèbre.
Venant d’un pays qui a connu l’esclavage et la dictature, et ayant longuement vécu dans des villes comme Montréal, Miami ou New York, avant de parcourir São Paulo, Mexico, San Juan ou Buenos Aires, je me sentais comme un arbre qui marche dans sa forêt. J’ai fouillé dans l’histoire pour découvrir que cette Amérique continentale était le rêve de Bolívar dont la devise se résumait à « Un continent, un pays ». Tant de cultures diverses que les écrivains de ce continent ou de ce pays allaient m’apprendre. J’ai donc décidé d’entreprendre une longue balade littéraire, en commençant par cette Caraïbe où j’ai pris naissance, et où je suis tombé, un jour de pluie, sur le recueil du poète haïtien René Philoctète Ces îles qui marchent. Je note dans mon calepin noir ce vers rimbaldien : « Je suis venu vers toi, nu, et sans bagages ». C’est donc les mains libres et la tête légère que j’ai entrepris cet interminable voyage dans cette Amérique bigarrée et survoltée."
D. L.