Le sculpteur d’illusions

20 avril 2021.
 

George invite machinalement le vieillard à entrer, et c’est précisément au moment où il referme la porte derrière lui qu’il remarque qu’aucune trace de pas n’imprime la neige.

Surpris, il scrute le paysage mais ne remarque rien d’anormal. Se rappelant la présence du visiteur, il décide de ne pas se formaliser de ce qui n’est après tout qu’un détail. Il lui sert un thé fumant et lui indique un fauteuil confortable près du feu qui brûle dans la cheminée.
Après que le vieillard se soit bien réchauffé, George lui demande s’il compte rester pour la nuit. Celui-ci répond que oui : il ne va quand même pas dormir dehors ! Son hôte lui indique la chambre à l’étage au bout du couloir, dans laquelle il pourra s’installer et poser ses affaires.
Tandis que le vieillard monte les escaliers, George songe à cette rencontre inattendue. C’est bien la première fois depuis qu’il habite ici qu’un inconnu lui rend visite. Il n’a plus l’habitude de voir du monde : cela fait un peu plus d’un an qu’il vit dans cette maison perdue dans la campagne. A l’époque, il y avait emménagé pour fuir la ville, les interviews, les séances de dédicaces, les gens qui le reconnaissaient dans la rue. Il pensait y trouver le calme, la sérénité, l’inspiration aussi. Mais de la même manière qu’il s’est lassé de la notoriété, il s’est emmuré dans la solitude.
Le vieil homme, descendant les marches, l’interrompt dans sa réflexion :