Les pas sans trace

21 avril 2021.
 

George invite machinalement le vieillard à entrer, et c’est précisément au moment où il referme la porte derrière lui qu’il remarque qu’aucune trace de pas n’imprime la neige.

Le jeune écrivain, perplexe, ne peut pas s’empêcher de frissonner, tout en regardant son étrange hôte. Celui-ci se dirige sans un bruit vers la cheminée où crépite un bon feu, pose son vêtement trempé, et en fouille la poche intérieure pour y récupérer un objet qui se met à briller à la lueur des flammes. Une première idée traverse l’esprit du romancier. Effectivement, l’homme vient de sortir de son manteau une très vieille montre à gousset rouillée par les années, qu’il sèche à présent soigneusement dans son mouchoir usé. Les initiales H. T. gravées sur le dessus arrachent un cri de stupeur à l’écrivain :

Quelques jours plus tard, son téléphone n’arrête plus de sonner : on l’appelle à Paris pour faire la promotion de son livre dont le succès est phénoménal. En quelques semaines, l’auteur enchaine les interviews pour les journaux et la télévision, son roman s’arrache dans les librairies, et George est même cité pour les prochains prix littéraires.
Le visage de notre écrivain est désormais connu du grand public, il y a des affiches de lui dans les couloirs du métro, il est invité partout, les gens l’arrêtent même dans la rue pour faire des selfies.
George craque, il n’en peut plus… Du jour au lendemain, il décide de quitter la capitale pour se réfugier chez lui, à l’abri de l’agitation parisienne et des regards indiscrets.
Il passe Noël isolé, la neige recouvre les champs tout autour de sa maison. En regardant les flocons tomber doucement sur le sol, il se rappelle soudain que cela fait tout juste un an qu’Hector est venu frapper à sa porte.
Alors qu’il s’apprête à entamer une petite sieste, il entend quelqu’un toquer, et se précipite dans l’espoir de revoir son ami. Sa déception est forte, lorsqu’il découvre qu’il s’agit en réalité d’un groupe de quatre ados du village.