Le souffle

22 avril 2021.
 

George invite machinalement le vieillard à entrer, et c’est précisément au moment où il referme la porte derrière lui qu’il remarque qu’aucune trace de pas n’imprime la neige.

Ce détail l’arrête une seconde, puis, trop las pour y réfléchir, il rejoint le vieil homme déjà installé dans le salon, à son aise.

Mais juste au moment où il va répliquer, la porte résonne de nouveau. Intrigué et un peu tendu, George s’excuse en marmonnant et se lève pour aller ouvrir.

Le vieil homme se met à fixer George dans les yeux. Peu à peu, le salon s’efface autour de sa silhouette pour laisser place à une lande écossaise.

...

George ouvre lentement les yeux. Il baille, s’étire, puis se lève pour préparer un café. Aujourd’hui, il se sent mieux. Bien mieux que les autres jours. Quelque chose a changé cette nuit. Une force imaginaire est revenue l’habiter. Il s’assoit devant son cahier, l’ouvre, et fronce les sourcils devant les dernières lignes : « Te voilà en forme pour un nouveau départ. N’oublie pas la créativité qui a toujours fait partie de toi, cette force qui provient de ton imagination d’enfant, et qui restera pour toujours dans ton esprit ».
George cligne des yeux, et les mots disparaissent. Incrédule, il promène son doigt sur le papier, puis relève la tête et fixe le ciel blanc par la fenêtre. Au fond, l’explication de ce phénomène importe peu. Ce message est plein de sens pour George, il n’a pas besoin d’en savoir davantage. Il attrape son crayon et commence à écrire avec ardeur la suite de son roman. Les mots lui viennent à l’esprit aussi vite qu’il les trace sur le papier. Tout lui paraît limpide, évident, les personnages s’animent au gré de ses désirs pour créer une histoire magique et captivante. L’inspiration est revenue.
Derrière lui, deux personnes, un homme et une femme, se jettent un regard complice, puis s’effacent de la pièce.