Marianne

22 avril 2021.
 

Ce fut au moment où la coque basculait que Simon comprit qu’il n’irait pas pêcher ce jour-là, pas plus que les jours suivants. Ses yeux rencontrèrent le visage blanc, presque diaphane, d’une jeune femme. Ses cheveux auburn flottaient autour de son visage, alors que sa longue robe blanche collait sa peau. Aperçue ainsi cette jeune femme ressemblait presque à un ange que la rigidité cadavérique avait figé comme une pénitente en prière. Simon ne sut bouger, pétrifié par la peur. La jeune femme était cachée sous sa barque. Comment était-elle arrivée là ? Que devait-il faire ? Ses pensées furent coupées quand son chien reprit son éternel couinement, suivit d’un cri.

Son cœur se mit à palpiter dans son torse ; il reprenait peu à peu ses esprits ; l’ambiance avait de suite changé et le temps commençait peu à peu à se recouvrir. La voix reprit de plus belle, et le jeune homme reconnut une voix masculine aux tonalités encore enfantines. Il se tourna lentement vers la source du bruit, la main tremblante, savoir qu’une femme, morte qui plus est, était à quelques pas de lui le terrifiait.

Simon tourna la tête vers la femme, ça devait-être elle, Marianne de son nom. Il finit par la recouvrir de fougères d’un geste paniqué, avant qu’un visage d’enfant ne se dessine face à lui. Les yeux du petit garçon rencontrèrent ceux de Simon, qui eux exprimaient de l’effroi.

Simon secoua la tête, n’ayant pas la force de parler, sa trachée desséchée bloquant chaque son de sa voix. Seule une petite voix dans sa tête tentait de communiquer avec le petit.

Le petit garçon sursauta et regarda l’homme face à lui, les yeux grands ouverts, il se recula et resta muet quelques secondes.

Simon hocha la tête, un soupir sortit de ses lèvres avant qu’il ne passe sa main sur sa barbe naissante, réfléchissant. Ses idées s’étant remises en place, il attendrait que le petit garçon s’en aille pour joindre la police.

L’enfant haussa les épaules, avant de regarder attentivement Simon, ses yeux plongeant dans les siens. Simon sentit une étrange caresse dans sa nuque, une caresse plutôt désagréable. Il tourna la tête, dès l’arrivée du jeune garçon l’atmosphère avait changé et était devenu étrange, bizarre, et surtout difficile à supporter. La respiration lourde Simon résonnait dans l’air, le vent frappait son dos, alors que les feuilles cachant le corps sans vie de Marianne bougeaient doucement.

Simon ferma les yeux et pinça l’arête de son nez, avant d’entrouvrir les yeux et de regarder le petit garçon attentivement.

Simon soupira, cette histoire n’arrangeait rien, il en venait presque à oublier la jeune femme morte.

Simon regarda son chien et lâcha avec fermeté, en regardant le petit garçon pointait du doigt son chien.

Le petit garçon le regarda avant de secouer négativement la tête, ne voulant pas obéir aux paroles de Simon. Ce dernier grogna et attrapa avec fermeté le bras du gamin perdant alors patience. Il l’entraina plus loin et soupira.

Un mouvement de recul prit Simon, avant de secouer la tête et de dire :

Simon secoua la tête et regarda ses mains trempées qui se couvraient peu à peu de gouttes rougeâtres.

Il baissa la tête et face à lui se dessinait une cour de justice, des visages d’inconnus le regardaient attentivement, alors qu’il sentait des regards remplis de jugements, des regards le déterminant comme coupable.

Le temps s’était écoulé : une troupe d’hommes et de femmes débarquèrent, plus précisément les jurés de cette affaire s’avancèrent, l’un d’eux resta debout et lâcha :

Comme l’avait si bien pressenti Simon, il n’irait pas pêcher ce jour-là, pas plus que les jours suivants.