M. Bouvilliers

27 avril 2021.
 

George invite machinalement le vieillard à entrer, et c’est précisément au moment où il referme la porte derrière lui qu’il remarque qu’aucune trace de pas n’imprime la neige. Une sueur froide s’empare de lui alors qu’il essuie une goutte de sueur qui perle à son front.

Le soir venu, George se couche, haletant comme s’il venait de courir un marathon. « Un personnage de livre qui veut m’aider à écrire un livre ? Je délire complètement c’est certain… Je devrais sûrement me faire interner, ce serait plus sécurisant pour tout le monde ».
La nuit, il rêve de son grand-père, de cette maison qu’ils avaient partagé toute leur vie jusqu’à cette nuit tragique, l’an passé, où la mort a décidé que Paul ne se réveillerait jamais. C’était mieux ainsi, mourir de vieillesse, sans même s’en rendre compte, peut-on espérer une meilleure fin ? Il se repassa dans la tête ces journées d’été, où le soleil caressait leur peau. Et leurs éclats de rires. Ils jouaient en attendant que les poissons mordent à la ligne. Il y avait aussi les hivers, le froid tiraillait leur peau mais ils s’en fichaient. Ils faisaient de beaux bonhommes de neige avant de rentrer se sécher devant la cheminée avec une bonne tasse de thé. Tout cela, tous ces moments, ils appartenaient au passé, il ne les revivrait plus jamais se dit-il. Il sent quelque chose d’humide contre ses joues, d’abord, la sensation semble lointaine et douce. Mais bientôt, il la ressent parfaitement. Il ouvre ses yeux bouffis par le réveil et les larmes glissent le long de ses joues. Cela faisait longtemps qu’il n’avait plus pleuré. Il regarde l’heure, midi douze, et se rend compte qu’il est en retard. Il file se laver, avale difficilement un café, lace ses chaussures et gagne le salon. Quatre coups résonnent depuis l’entrée. George s’empresse d’aller ouvrir.

Quelques jours après, alors même qu’il écrivait le livre pour son grand-père, ayant recouvré son inspiration dans sa totalité, M. Bouvilliers débarqua. Il ne prit pas le soin de frapper et entra directement.