samedi 17:45-18:45
Un nécessaire décentrement du regard
Avec : Pascal DIBIE, Romain BERTRAND, Bruno LATOUR
27 mai 2021.
Que faire quand nos grilles d’interprétations du réel ne nous sont plus d’aucune aide pour pen- ser le monde qui nous entoure ? Peut-être faut-il changer de perspective. Le courant dit « d’histoire globale » est né quand, s’arrachant à une pers- pective exclusivement occidentale sur l’histoire du monde, est apparue la revendication d’un décentrement du regard : nous ne sommes pas le centre du monde. Cette reconquête d’une histoire plurielle nous paraît la condition pour que l’on débouche sur une perception renouvelée de notre commune humanité dans le dialogue des points de vue et des cultures. L’historien Romain Ber- trand aime ainsi défaire les mythes, donner à voir les échecs autant que les réussites... Voilà plus de quatre décennies que Bruno Latour observe et questionne les sciences et les cultures. Lui aussi nous invite à changer nos cadres de pensée pour pouvoir bâtir un nouveau régime climatique. Pour Pascal Dibie, l’ethnologie c’est explorer « com- ment nous humains, nous nous organisons par rapport à des choses extrêmement banales.
DERNIER OUVRAGE
Essais
California Dream - Voyage chez les rêveurs d’avenir
Anne-Marie Métailié - 2023
L’auteur, un jeune ethnologue, est envoyé à Berkeley dans les années 1980 pour enquêter sur l’“écologie humaine”.
À la suite de Henry David Thoreau et de Henry Miller, il vit dans une communauté de Big Sur des aventures tendres et cocasses que le regard aigu de l’ethnologue et son écriture curieuse et amusée transforment en une sorte de fable écologique.
On se laisse emporter avec bonheur par cette relecture de nous-mêmes où l’on retrouve à la fois nos inquiétudes, notre modernité et nos espoirs. Sortant de cet ouvrage éminemment humain et politique, on se demande surtout pourquoi on n’a pas écouté ni pris au sérieux ces “rêveurs d’avenir” qui, il y a quarante ans de cela, nous avertissaient déjà de l’état catastrophique dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui.
Un récit candide et vif sur un essai de construction d’un monde plus vivable et respectueux de la nature, un texte en résonance avec les débats actuels.
- « Au moment où l’on termine ce récit de voyage très personnel, nous ne pouvons nous empêcher de nous demander : « et si nous avions davantage écouté ces "rêveurs d’avenir" ? » Riche par la multitude des sujets abordés, ce texte nous offre l’occasion de nous questionner tout en voyageant dans le temps et dans l’espace avec Henry David Thoreau et Henry Miller comme compagnons ! » Page des libraires
- « California Dream vous emporte d’abord par sons style, son regard amusé et tendre, cette manière de raconter plus proche d’Henry Miller que des titulaires de chaires à Berkeley. Mais ce professeur émérite n’oublie pas qu’il est aussi l’importance des détails qui font sens. il traite donc les hippies californiens comme les indiens yukunas en Amazonie ou les éleveurs de rennes du Grand Nord, avec le même respect et la même méthodologie. » Livres Hebdo
- « On ne sait pas si elle est bleue, et pas davantage si elle est adossée à une colline. Nous ne sommes pas à San Francisco, mais à Berkeley, juste de l’autre côté du Bay Bridge. Mais comme dans la chanson de Maxime Leforestier, on y vient à pied, on ne frappe pas, les colocataires du 54 Rigg Street, se retrouvent ensemble et viennent s’asseoir pour un repas et plus souvent une bière (chacun à son étage individuel dans le double frigidaire, seul le stock de bières est commun). » L’Alsace
- « California Dream,Voyage chez les rêveurs d’avenir est le récit de sa découverte de cette écologie en devenir - et qui, donc,le restera. Entre cam pus de Santa Cruz, canyon de Palo Colorado et Big Sur, l’auteur va rencontrer babas et gourous. » DNA
- gourous.
DERNIER OUVRAGE
Essais
Qui a fait le tour de quoi ? L’affaire Magellan
Verdier - 2020
Imaginez une histoire, une belle histoire, avec des héros et des traîtres, des îles lointaines où gîtent le doute et le danger. Imaginez une épopée, une épopée terrible, avec deux océans où s’abîment les nefs et les rêves, et entre les deux un détroit peuplé de gloire et de géants. Imaginez un conte, un conte cruel, avec des Indiens, quelques sultans et une sorcière brandissant un couteau ensanglanté. Un conte, oui, mais un conte de faits : une histoire où tout est vrai. De l’histoire, donc.
Cette histoire - celle de l’expédition de Fernand de Magellan et de Juan Sebastián Elcano -, on nous l’a toujours racontée tambour battant et sabre au clair, comme celle de l’entrée triomphale de l’Europe, et de l’Europe seule, dans la modernité.
Et si l’on changeait de ton ?
Et si l’on poussait à son extrême limite, jusqu’à le faire craquer, le genre du récit d’aventures ? Et si l’on se tenait sur la plage de Cebu et dans les mangroves de Bornéo, et non plus sur le gaillard d’arrière de la Victoria ? Et si l’on faisait peser plus lourd, dans la balance du récit, ces mondes que les Espagnols n’ont fait qu’effleurer ? Et si l’on accordait à l’ensemble des êtres et des choses en présence une égale dignité narrative ? Et si les Indiens avaient un nom et endossaient, le temps d’un esclandre, le premier rôle ? Et si l’Asie - une fois n’est pas coutume - tenait aussi la plume ? Que resterait-il, alors, du conte dont nous nous sommes si longtemps bercés ?
La vérité, peut-être, tout simplement.
DERNIER OUVRAGE
Essais
Où suis-je ?
La Découverte - 2021
L’expérience du confinement a été terrible aussi bien au niveau individuel qu’au niveau collectif. Les États comme les individus en sont tous à chercher comment se déconfiner en espérant revenir aussi vite que possible au « monde d’avant » grâce à une « reprise » aussi rapide que possible.
Mais il y a une autre façon de tirer les leçons de ces épreuves, en tous cas pour ceux que l’on pourrait appeler les terrestres. Ceux-là semblent commencer à saisir qu’ils ne se déconfineront pas, d’autant que la crise sanitaire s’encastre dans une autre crise autrement plus grave ; et que c’est une chance à saisir : celle de comprendre enfin où ils sont, dans quelle terre ils vont pouvoir enfin s’envelopper – à défaut de se développer ! Où suis-je ? fait assez logiquement suite au livre précédent Où atterrir : comment s’orienter en politique ?
Une fois atterris, parfois violemment, il faut bien que les terrestres explorent le sol où ils vont désormais habiter. Comment les aider ? Tel est l’objet de cet essai sous forme de courts chapitres. Après Face à Gaïa, ces deux livres dessinent de plus en plus précisément le Nouveau Régime Climatique.
Revue de presse
- "Dans son essai, le sociologue veut « tirer des leçons positives » du confinement, appelant les humains à revenir sur Terre."
Nicolas Truong, Le Monde