21 septembre 2021.
(en visio)
Avant d’être un économiste, un penseur de renom, engagé dans la vie publique, et le cofondateur des Ateliers de la pensée à Dakar, Felwine Sarr est surtout un poète, un essayiste et un romancier. Sa vocation poétique s’ancre très tôt dans une quête spirituelle et une guerre intérieure pour sortir de lui-même. « La littérature, les arts, la production d’imaginaires et de sens demeurent de formidables boussoles pour l’humanité. Nous sommes dans une crise de l’imaginaire, nous n’arrivons pas à déboucher les horizons. » (France Culture). Son dernier livre, Traces, qui met en lumière l’histoire du Continent africain, est un texte poétique, politique et essentiel.
Au Sénégal, Fodé et Bouhel sont deux frères jumeaux que la vie a mis sur des chemins initiatiques différents. Fodé doit reprendre une charge religieuse importante au village, il devra veiller sur le Ndut, la plus puissante des divinités du pays Sérère après la mort de Ngof, le vieux maitre des initiations. Quant à son frère Bouhel, il choisit de partir pour l’Europe étudier. Il est admis à l’université d’Orléans, où il fait la connaissance d’Ulga, une jeune polonaise qui suit une formation d’ingénieur. Leur histoire d’amour les conduit en Pologne où Bouhel est présenté à la famille d’Ulga. Mais un tragique accident fait basculer sa vie. Lors d’un accès de démence, le frère d’Ulga menace sa soeur avec un couteau. En voulant s’interposer, Bouhel tue le frère accidentellement. Bouhel est jeté en prison en attendant qu’il soit traduit en justice. Mais l’avocat commis d’office n’est pas très rassurant sur l’issue du procès. En désespoir de cause Bouhel contacte son frère Fodé au Sénégal et lui demande d’intercéder auprès des puissantes divinités du pays Sérère pour le faire libérer. L’auteur confronte deux cultures, deux manières de résoudre notre rapport au monde, avec une intelligence et une créativité littéraire qui impressionnent. L’écriture de Felwine Sarr est envoutante et d’une richesse qui se déploie au fil des pages.