dimanche 17:30 (Heure de Tunis)/18:30 (Heure de Paris)

Que signifie écrire en français aujourd’hui

Avec Kamel DAOUD, Maïssa BEY, Fawzia ZOUARI

21 septembre 2021.
 

De son père, instituteur, mort sous la torture de l’armée française pendant la guerre d’Algérie, Maïssa Bey dit avoir reçu en héritage la langue française, qu’il lui a enseigné avant même qu’elle aille à l’école. Ses livres racontent son Algérie natale et plus particulièrement la condition des femmes. Son nouveau roman, Nulle autre voix, se fait le témoignage bouleversant d’une femme qui soigne les maux avec les mots, après avoir commis l’irréparable aux yeux de la société. Chroniqueur engagé, journaliste et écrivain talentueux, la plume de Kamel Daoud suscite de nombreuses réactions parmi ses lecteurs : son discours sur l’Islam dérange car il en condamne les travers de façon cinglante, sans détour. Son dernier livre, il le dédie « Aux femmes qui, dans le monde dit « arabe » ou ailleurs, n’ont pas droit à leur propre corps ». Invité à passer une nuit dans le musée Picasso à l’automne 2017, Kamel Daoud en tire un récit dans lequel il confronte les représentations que peuvent avoir du corps, du désir, de la nudité, de l’amour, du plaisir ou de la liberté, un artiste et un djihadiste. Prix des Cinq Continents en 2016 pour Le corps de ma mère, Fawzia Zouari bâtit à travers romans et essais une œuvre plurielle où se dessine la soif d’émancipation. Elle livre notamment sa vision de la religion musulmane aujourd’hui et questionne le rôle des femmes dans la modernisation nécessaire, affirme-t-elle, de sa religion. Pour elle la langue française est son pays, car le seul pays réel est une langue.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Nulle autre voix

L’Aube - 2018

«  Je suis ou je serai bientôt un personnage de roman. Un roman qui aurait pour mots clés : Femme. Meurtre. Prison. Violence. Silence.  »
Elle a tué. Elle a purgé sa peine. Elle se tait. Tout est dit. Jusqu’au jour où une femme vient frapper à sa porte. Pourquoi lui ouvre-t-elle ? Peut-être parce que celle qui se présente comme l’écrivaine a prononcé le mot «  criminelle  ». Elle ne sait pas. D’abord rétive, elle se (dé-)livrera peu à peu. Paroles nues, paroles crues, qui démaillent, point par point, une histoire ancestrale, qui ne se raconte pas.

 

DERNIER OUVRAGE

 

Le peintre dévorant la femme

Stock - 2018

Invité à passer une nuit dans le musée Picasso à Paris, un octobre au ciel mauvais pour le Méditerranéen que je suis. Une nuit, seul, en enfant gâté mais en témoin d’une confrontation possible, désirée, concoctée. J’appréhendais l’ennui cependant, ou l’impuissance.
Pour comprendre Picasso, il faut être un enfant du vers, pas du verset. Venir de cette culture-là, sous la pierre de ce palais du sel, dans ce musée, pas d’une autre. Pourtant la nuit fut pleine de révélations : sur le meurtre qui peut être au coeur de l’amour, sur ce cannibalisme passionné auquel l’orgasme sursoit, sur les miens face à l’image et le temps, sur l’attentat absolu, sur Picasso et son désespoir érotique. »

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Par le fil je t’ai cousue

Plon - 2022

« Du fil, du sang et des mots. Il n’en faut pas plus pour faire disparaître le corps d’une fille. La dématérialiser d’un coup, un seul. Net et sec. Une entaille. Et le liquide qui coule, tout naturellement, dans une odeur de femmes et de secret. »

Une fillette grandit dans l’ombre d’une famille traditionnelle et dans la soumission à une mère toute-puissante. Mais ce coin de Tunisie rurale est bousculé par la modernité, avec l’avènement de l’Indépendance, le départ des colons français, l’arrivée de Bourguiba, l’école obligatoire pour les filles. Alors l’enfant, destinée à vivre et à mourir voilée et analphabète comme ses sœurs aînées, va, première de sa tribu, prendre le long chemin de l’émancipation. Le prix à payer sera lourd pour celle qui devra se libérer des sortilèges, des interdits et des secrets maternels.