Dim. 14h15, Salle Maupertuis

La liberté de l’écrivain

23 mai 2022.
 

Aux temps de l’URSS nombreux furent les intellectuels à se retrouver au goulag au nom de la vérité. Envoyé dans un camp de Mordovie pour activités antisoviétiques, le Géorgien Levan Berdzenichvili dans son roman Ténèbres sacrées décrit ces années comme «  les plus belles de sa vie  » : en effet, «  où d’autre aurais-je pu côtoyer tous ces hommes, si soigneusement rassemblés par le KGB ?  ». Ses codétenus sont scientifiques, psychanalystes, philologues, poètes et passent leur temps à improviser des dialogues socratiques sur les thèmes les plus divers. Même en prison, l’être humain déploie cette capacité de résilience, pour croire encore que «  la lumière brille dans les ténèbres et que les ténèbres ne l’ont pas arrêtée  ». Qu’est-ce que la liberté ? N’est-ce pas justement cette quête d’absolu et de vérité qui fait de lui un être libre ? Avec Levan Berdzenichvili, Hubert Haddad, Zied Bakir, David Diop.

 

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Témoignage

Ténèbres sacrées

Noir sur Blanc - 2022

Basé sur des faits réels, mélange de reportage et de fiction, Ténèbres sacrées est sans doute le seul livre sur le Goulag qu’il est impossible de lire sans éclater de rire. L’auteur, Levan Berdzenichvili, semble avoir vécu dix vies : traducteur, spécialiste de langues anciennes, il a été un dissident très actif en Géorgie. En 1983, il est envoyé dans un camp de Mordovie pour activités antisoviétiques. Il décrit ces années comme « les plus belles de sa vie » : en effet, « où d’autre aurais-je pu côtoyer tous ces hommes, si soigneusement rassemblés par le KGB ? » C’est dans cette tonalité que se déploie son livre, avec humour, ironie et optimisme.

L’auteur dresse une galerie de portraits de ses codétenus : scientifiques, intellectuels, citoyens de tous horizons – chaque chapitre est consacré à l’un d’eux. Ils constituent ensemble un tableau vivant de la société soviétique, qui devient un vaste théâtre de l’absurde juste avant son effondrement.

« Ce n’est pas un livre sur moi, mais sur les gens que j’ai rencontrés et aimés en prison. Certains d’entre eux ne se reconnaîtront pas, parce que j’y décris une vérité plus grande qu’eux-mêmes, une vérité sur eux-mêmes qu’ils ne connaissent pas. »

 

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Revue

Apulée n° 9 - Art et politique

Zulma - 2024

L’art n’a-t-il pas toujours été politique en soi, qu’il l’affiche ou s’en défende ? Telle est la ligne de front d’Apulée #9, qui s’engage depuis le premier numéro dans les brèches et par-delà toutes les frontières de ce début de XXIe siècle.

De l’architecture comme métaphore du pouvoir à la reconnaissance poli- tique des peuples sans État via leur culture et patrimoine artistiques (les Inuit, les Tsiganes, les Berbères et autres nomades du sens), du pillage ou de la destruction en temps de guerre et de colonisation (de l’Acropole d’Athènes à Palmyre, en passant par l’Afrique) à l’universalisme de l’altérité, ce nouvel opus d’Apulée assume toutes les fulgurations et parie sur la voix et les gestes éminemment engagés d’artistes, écrivains, poètes et intellectuels qui portent, encore et toujours, l’idée de liberté, par-delà les identités fracassées sous les chocs de l’Histoire…

Chaudron des allégories et des résistances, critique inventive des mœurs, lien social, pratiques et voix émancipatrices et subversives, utopie en actes : ce nouvel opus s’attache cette fois encore à l’Humain – sans œuvres ni parole confisquées, à l’opposé de la « société du spectacle » – contre la pulsion de mort commune à toutes les politiques du pire. Et comme Apulée l’a toujours défendu !

 

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Romans

L’amour des choses invisibles

Grasset - 2021

Un jeune Tunisien francophile et sans-papiers mène une vie de bohème à Paris. À la suite d’une déception amoureuse, notre rêveur décide de revenir dans son pays d’origine, en profitant du dispositif du « retour volontaire », qui encourage les immigrants illégaux à rentrer chez eux.

S’il le fait, c’est pour marcher jusqu’à La Mecque  : il a l’idée chimérique d’inaugurer un chemin de pèlerinage pédestre vers la première ville sainte de l’islam. Seulement, il lui faut pour cela traverser la Libye en pleine guerre civile. Qu’à cela ne tienne  ! La mission du marcheur est sacrée. Il lui arrivera bien des ennuis, qu’il tentera de compenser par une philosophie de la vie faite d’amour, de littérature, d’un fatalisme qui n’empêche pas la combativité, et d’un humour à toute épreuve.

Ce roman aux airs de fable est un hymne à la liberté, celle de penser et d’aller et venir, où l’humour scintille à chaque page.

 

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Romans

La porte du voyage sans retour

Seuil - 2021

« La porte du voyage sans retour » est le surnom donné à l’île de Gorée, d’où sont partis des millions d’Africains au temps de la traite des Noirs. C’est dans ce qui est en 1750 une concession française qu’un jeune homme débarque, venu au Sénégal pour étudier la flore locale. Botaniste, il caresse le rêve d’établir une encyclopédie universelle du vivant, en un siècle où l’heure est aux Lumières. Lorsqu’il a vent de l’histoire d’une jeune Africaine promise à l’esclavage et qui serait parvenue à s’évader, trouvant refuge quelque part aux confins de la terre sénégalaise, son voyage et son destin basculent dans la quête obstinée de cette femme perdue qui a laissé derrière elle mille pistes et autant de légendes.

S’inspirant de la figure de Michel Adanson, naturaliste français (1727-1806), David Diop signe un roman éblouissant, évocation puissante d’un royaume où la parole est reine, odyssée bouleversante de deux êtres qui ne cessent de se rejoindre, de s’aimer et de se perdre, transmission d’un héritage d’un père à sa fille, destinataire ultime des carnets qui relatent ce voyage caché.