L’exploitation d’une carrière de granit met en péril plusieurs villages autour d’un bourg de Haute-Bretagne. L’un d’eux, La Ville Jéhan, entièrement détruit, appartient aux souvenirs de Guy Darol qui y a vécu tous les étés de son enfance, auprès de ses grands-parents, jusqu’en 1971. Devant une telle désolation, il a reconstruit de mémoire un ensemble de fermes aujourd’hui disparues et donné vie aux anciens habitants en s’attachant à détailler tous les aspects de leur quotidien. Du battage des blés à la fabrication du pain, La Ville Jéhan témoigne d’un temps où les solidarités et l’autosuffisance étaient les moyens et le but. Un tableau se dessine, celui d’un village d’autrefois dont les principes fondés sur l’économie du peu fait écho à l’idéal d’entraide que l’on cherche désormais à réhabiliter comme une utopie nécessaire.
Pour Şeyhmus Dağtekin, écrire, c’est tenter d’être juste envers soi-même et envers l’autre qu’il soit humain, animal, végétal, minéral. De la bête et de la nuit est issu de cette attention, de ce regard qui voudrait serrer, cerner l’autre au plus près de son être et de sa nuit.
De la bête et de la nuit marque à nouveau le lien profond que Şeyhmus Dağtekin entretient entre sa langue maternelle, le kurde, et sa langue d’adoption, le français. L’auteur renoue ainsi avec le Kurdistan à travers la langue française et les sonorités du kurde. Il impose une musique unique qui défie le temps et l’espace pour défier les agresseurs et les commandeurs éternels. Ces poèmes marquent une étape capitale dans sa quête d’identité qui dépasse les frontières.
« Figure tutélaire à la force tranquille et à la belle humeur contagieuse, le grand-père de Jean-Pierre Otte avait, pendant la grande guerre, instauré “La chronique du blutoir”, accroché à l’entrée de son moulin et sur lequel il épinglait des aphorismes aux vertus revigorantes. Le présent recueil s’inscrit dans cette lignée. Colligés au fil des lectures, les fragments qui constituent sont autant de cristallisations d’une pensée, d’éclairs d’évidence surgis au détour d’une page. Miroirs angulaires disposés à l’intérieur de l’œuvre, ils en éclairent les multiples facettes et la cohérence remarquable. Leitmotive d’un prélude, ils en exposent la tonalité et les thèmes majeurs. Un seul désir a présidé à leur choix et à leur présentation : vous inviter à (re)lire celui qui invite le lecteur à inventer sa vie. »
Manuel Schmitz, Extrait de l’avant-propos.
Quand Yvon Le Men parle de son enfance dans le Trégor, de son père trop tôt parti, de sa mère chevillée au réel, de la pauvreté, des galères et des guerres, la lumière dessine des rigoles sur son visage. Mon ami a alors le coeur à marée basse. Mais écoutez parler de poésie et de peinture, de Guillevic ou de Claude Vigée, de Millet, de Rembrandt ou d’Hokusai, accompagnez-le dans le récit de ses voyages, en Haïti, en Afrique ou en Chine, et vous verrez la marée battre les digues de la mélancolie. Quand la voile du poème se gonfle, Yvon n’est jamais seul à monter à bord. Il embarque les autres pour un voyage à travers mots, relie les pays et les langues, les terres et le ciel, les paysages immenses et les choses minuscules. Et s’il part, c’est pour revenir, le regard empli d’autres promesses.
« la main qui m’ouvre le chemin
dans ce pays où je me perdsm’est plus proche
que celle qui menace
dans mon pays où l’on se perddès que de l’autre côté de la route
qui relie nos villages
nos quartiers
dans notre ville
de notre paysils font de l’inconnu
un étranger. »