Lun. 10h, Rotonde Surcouf

Faire taire le poète, écrire est un combat

21 mai 2023.
 

Libres ! Par définition, les poètes sont libres ! Au point qu’ils sont une menace pour les dictatures et les obscurantismes de tous ordres. Et leurs premières cibles. Ils doivent vivre cachés, jouer avec la censure ou fuir leurs pays. Ainsi de Salman Rushdie blessé en août dernier par un fanatique. Écrire est un combat. Avec la poétesse syrienne Samar Yazbek (La demeure du vent) qui documente la tragédie syrienne de récits en romans, Nasim Marashi (L’automne est la dernière saison) qui raconte les dilemmes de sa génération en Iran, Nasim Vahabi qui dans Je ne suis pas un roman, nous transporte dans un monde où la liberté d’expression est brimée par une bureaucratie aux allures dystopiques, et aussi l’Haïtien Lyonel Trouillot (Malséance), romancier et poète engagé s’il en est, qui puise dans les réalités sociales et politiques de son île et livre un récit puissant de ses convictions et aspirations.

Animé par Arnaud Wassmer. Interprète : Julie Duvigneau

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Je ne suis pas un roman

Tropismes éditions - 2022

« En ce qui concerne la vie des livres à publier, il est bon de savoir que dans certains pays, ce n’est pas l’éditeur qui a le dernier mot, mais plutôt un bureau rattaché à un ministère qui décide du destin d’une oeuvre. Quel que soit intitulé du ministère (l’Intérieur, la Culture ou la Sécurité), il paie des salariés qui travaillent à temps plein pour lire les romans, la poésie, les recueils de nouvelles en attente de publication ; et ils sont censés décider du sort d’un ouvrage, à savoir s’il est publiable ou pas. »

Une autrice et son éditeur se rendent au bureau de la censure pour tenter de comprendre l’interdit de publication dont ils sont victimes. Alors que l’éditeur repart bredouille, l’autrice se retrouve oubliée par l’agent lecteur dans la salle des manuscrits interdits. Elle commence à tourner les pages mises en quarantaine…

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

La demeure du vent

Stock - 2023

Ali, un soldat de l’armée syrienne de 19 ans, gît à quelques pas d’un arbre. Il a une vision, celle d’un enterrement. S’agit-il du sien ? Tandis qu’il reprend ses esprits, Ali se souvient : c’étaient les funérailles de son frère. Il y a un an peut-être.

Ali comprend alors qu’il a dû être blessé par une bombe et tente de localiser la douleur, d’identifier la blessure. Son désir le plus cher est de s’envoler jusqu’à l’une des branches de l’arbre. Les arbres ont toujours été son refuge, sa maison. Ils n’ont pas de secret pour lui. Là-haut, il serait également à l’abri des animaux sauvages après le coucher du soleil.

Tout en essayant péniblement de s’en rapprocher, Ali se remémore différents épisodes de sa vie, de sa naissance auréolée de mystère à la gardienne presque centenaire du sanctuaire de son village qui l’initie à leur foi ancestrale, jusqu’à son arrivée au poste de contrôle de l’armée où il est enrôlé de force.

Enfant silencieux et contemplatif, inadapté à l’école, Ali est d’une rare force et agilité. Sa sensibilité ainsi que son amour et sa profonde compréhension de la nature lui confèrent une aura presque mystique. Son chemin semblait tout tracé, menant ultimement au sanctuaire et aux arbres qui l’ont vu naître. Mais la guerre en a décidé autrement…

Dans La demeure du vent, Samar Yazbek explore avec force et poésie la puissance de la nature, et la vanité des hommes. Elle révèle la richesse de la foi alaouite et sa relation aux éléments. Au cœur du roman, un appel universel au retour à la terre au sens le plus primitif.

Un grand texte sur la beauté et l’âpreté de la vie.

Traduit de l’arabe (Syrie) par Khaled Osman et Ola Mehanna

 

DERNIER OUVRAGE

 
Poésie

Malséance

Atlantiques déchaînés - 2023

Prenant élan sur un poème écrit à vingt ans et lu par Hervé Denis le 1er août 1980 dans un spectacle par la suite interdit par la dictature de Jean-Claude Duvalier, Malséance oppose la violence verbale à la violence de l’histoire et du réel : pauvreté, racisme, héritages coloniaux, migration forcée, postures, impostures... mille formes de domination et de travestissements dans ce que le poète René Philoctète appelait « le procès des hommes contre l’homme ».
Complicité, évidente ou discrète avec de nombreux poètes dans la fonte d’un je/nous : voix singulière et sujet collectif, la poésie devant être faite par tous. Passé, présent, colère, révolte, adhésion et rejet, voyages et transbordements, repères et pertes de repères, implacablement hostile à l’ordre, aux ordres, critique de la permanence et des actualités des malheurs du monde, Malséance est un soupçon de ce que la poésie ou peut-être l’intention poétique se doit d’être envers tous les pouvoirs : l’abolition des frontières et la plus résolue des impolitesses.

Couverture provisoire

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

L’automne est la dernière saison

Zulma - 2023

Dans le brouhaha des rues agitées de Téhéran, Leyla, Shabaneh et Roja sont à l’heure des choix. Trois jeunes femmes diplômées, tiraillées entre les traditions, leur modernité et leurs désirs.

Leyla rêve de journalisme ou de devenir libraire. Son mari, pourtant aimant et attentionné, a émigré sans elle. A-t-elle eu raison de ne pas le suivre et de rester ? Shabaneh est courtisée par son collègue, qui voit en elle une épouse parfaite. Comment démêler si elle l’aime, si elle peut se résoudre à abandonner son frère handicapé, alors qu’elle en est l’unique protection ? Roja, la plus ambitieuse, travaille dans un cabinet d’architectes, et s’est inscrite en doctorat à Toulouse – il ne manque plus que son visa, passeport pour la liberté. Vraiment ? La solution est-elle toujours de partir ?

En un été et un automne, elles vont devoir décider. D’espoirs en incertitudes, de compromis en déconvenues, elles affrontent leurs contradictions entre rires et larmes, soudées par un lien indéfectible mais qui soudain vacille, tant leurs rêves sont différents. L’automne est la dernière saison est une magnifique histoire d’amour et d’amitié, sensible et bouleversante, profondément ancrée dans la société iranienne d’aujourd’hui, et pourtant prodigieusement universelle.

Traduit du persan (Iran) par Christophe Balaÿ