Lun. 10h, salle Maupertuis
Créateurs de monde
16 mai 2023.
Le propre de l’homme, conter, raconter, se raconter. Mais le roman peut-il embrasser le monde, le tout ? Quel est donc le pouvoir de la littérature et de l’imagination ? Incroyable sentiment de liberté que celui du poète, du romancier au moment d’inventer son monde ! Le roman, une utopie littéraire ? Dans chacun de ses textes, faits de voyages et d’horizons multiples, Laurent Gaudé remet au centre de son écriture l’acte d’imagination, affirmant la nécessité et le plaisir particulier de créer des mondes. Il ouvre avec Chien 51 une porte à la dystopie, élargissant son univers de bâtisseur. Philosophe et romancier, Tristan Garcia, qui poursuit son roman-monde de la souffrance, du point de vue des opprimés et de l’ailleurs, voue une confiance inébranlable en la puissance du romanesque, capable « d’embrasser tous les êtres qui palpitent ». Il affirme vouloir donner corps à un répertoire vivant de tous les récits, tous les lieux et tous les temps, la joie du récit infini. Emmanuelle Pirotte mélange les genres dans Les Reines, une épopée d’après La Chute, mêlant mythes nordiques et tragédie grecque, illustration parfaite d’une imagination fertile.
Une rencontre animée par Marie-Madeleine Rigopoulos.
DERNIER OUVRAGE
Romans
Les Reines
Le Cherche Midi - 2022
Sur les ruines de nos civilisations, un nouveau monde s’est bâti. L’humanité a renoncé au progrès matériel et retiré au sexe masculin ses anciens privilèges. Les royaumes sont désormais gouvernés par des femmes, autant de Reines que l’épreuve du pouvoir révèle parfois autoritaires et souvent rivales.
Dans ce monde aux immenses espaces sauvages, des groupes de nomades, artisans, chasseurs et comédiens se croisent sur les vestiges des routes d’autrefois. Parmi ces communautés, celle des Britannia, où les jeunes Milo et Faith brûlent d’un désir réciproque et néanmoins interdit. Leur attirance va provoquer le bannissement de Milo. Commence alors pour le jeune homme une longue errance à travers les terres du Nord ; mais si Milo espère retrouver Faith, il n’imagine pas combien son voyage obéit aux lois de la destinée – ce grand compas qui, toujours, nous entraîne vers nos origines.
Sous la surface agitée de l’épopée, Emmanuelle Pirotte installe le décor et les enjeux de la tragédie antique. Jalousies, tensions amoureuses, filiations cachées, prophéties et vœux de vengeance électrisent les personnages qui se donnent à toutes les passions. Et l’on retrouve enfin, loin des potions prudentes et morales, la plus aberrante et la plus formidable des littératures.
DERNIER OUVRAGE
Témoignage
Je me souviens de la foulée de Marie-José Pérec (et autres madeleines sportives)
Seuil - 2024
À l’occasion des Jeux Olympiques de Paris, de grandes plumes de la littérature française chaussent les crampons pour raconter leurs souvenirs sportifs. De Pierre Assouline à Maylis de Kerangal, de Jean-Paul Dubois à Maria Larrea, JO ou les souvenirs d’enfance sous l’égide de Pérec.
LE LIVRE
À la manière de Georges Perec, les vingt-huit auteurs réunis dans ce collectif sportif pourraient débuter ainsi chacun de leurs textes : « Je me souviens du visage d’Hassiba Boulmerka lors de sa victoire à Barcelone en 1992 ; je me souviens de la reine du bronze Merlene Ottey, et comment parfois les vaincus sont victorieux ; je me souviens des reportages d’Antoine Blondin pendant les Jeux Olympiques ; je me souviens de l’exploit d’Alain Mimoun ; je me souviens de Christine Caron dit Kiki Caron, l’icône des bassins aux Jeux de Tokyo en 1964 ; je me souviens de Guy Drut et des haies enjambées ; je me souviens de Dick Fosbury, et de son saut révolutionnaire entre lévitation et vitesse ; je me souviens de la naissance au monde du géant Mohamed Ali et sa médaille d’or à Rome en 1960 ; je me souviens des Jeux de 1996 d’Atlanta, dans la ville de Coca-Cola ; je me souviens de la foulée merveilleuse de Marie-José Pérec sur 200 et 400 mètres ; je me souviens du drame de Munich ; je me souviens de la note 10 de Nadia Comaneci ; je me souviens de Hans-Gunnar Liljenwall, le pentathlonien tricheur ; je me souviens de Michael Jordan et la Dream Team de Basket-ball de 1992 ; je me souviens de Mark Spitz et de la nage papillon ; je me souviens, je me souviens, ou le sport refuge des souvenirs d’enfance... »
Un ouvrage coordonné par Benoît Heimermann (auteur et ancien grand reporter à l’Équipe) avec Kaouther Adimi, Nathacha Appanah, Pierre Assouline, Évelyne Bloch-Dano, Geneviève Brisac, Bernard Chambaz, Philippe Claudel, Bernard Comment, Philippe Delerm, François-Henri Désérable, Pierre Ducrozet, Jean-Paul Dubois, Éric Fottorino, Paul Fournel, Thierry Frémaux, Tristan Garcia, Jérôme Garçin, Jean Hatzfeld, Alexis Jenni, Maylis de Kerangal, Luc Lang, Marria Larrea, Lisette Lombé, François-Guillaume Lorrain, Blandine
Rinkel, Colombe Schneck, Larry Tremblay.
- « Vingt-sept écrivains ont accepté de relever le gant, de Jean-Paul Dubois à Colombe Schneck. Pour tous, une même épreuve : quelques pages évoquant les JO et commençant par « Je me souviens… », en double clin d’œil à Georges Perec et à Marie-José Pérec. Les textes, très réussis dans l’ensemble, montrent la puissance du mythe olympique. Deux lettres, « JO », et voici resurgir les après-midi d’enfance, l’été, la famille devant la télévision, les exploits d’Alain Mimoun et d’Emil Zatopek, la flèche Carl Lewis, le saut révolutionnaire de Dick Fosbury, le short si sexy de Hassiba Boulmerka, et surtout, surtout, la grâce infinie de Nadia Comaneci. » Le Monde
- « « Je me souviens que les JO provoquaient une extension subite du monde connu », écrit Maylis de Kerangal, âgée de 9 ans lors de l’Olympiade de Montréal en 1976. Chez beaucoup d’écrivains sollicités par l’ancien de « L’Equipe magazine » Benoît Heimermann, les impressions d’enfance se mêlent à une première - et relative - prise de conscience géopolitique lorsqu’ils évoquent des épisodes de l’histoire olympique. Une lecture idéale pour se mettre dans l’ambiance à six mois du jour J. » Les Échos
DERNIER OUVRAGE
Romans
Terrasses ou notre long baiser si longtemps retardé
Actes Sud - 2024
Vendredi 13 novembre 2015, il fait exceptionnellement doux à Paris – on rêve alors à cette soirée qui pourrait avoir des airs de fête. Deux amoureuses savourent l’impatience de se retrouver ; des jumelles s’apprêtent à célébrer leur anniversaire ; une mère s’autorise à sortir sans sa fille ni son mari pour quelques heures de musique. Partout on va bavarder, rire, boire, danser, laisser le temps au temps. Rien n’annonce encore l’horreur imminente.
Laurent Gaudé signe, avec “Terrasses”, un chant polyphonique qui réinvente les gestes, restitue les regards échangés, les quelques mots partagés, essentiels – écrit l’humanité qui éclot au cœur d’une nuit déchirée par l’impensable. Et offre à tous un refuge, face à un impossible oubli.