Lun. 14h, Grande Passerelle 3

Éclairer les ombres, éloge de la non-fiction

21 mai 2023.
 

Comment écrire le réel aujourd’hui ? Le champ d’un journalisme littéraire à l’européenne s’ouvre et assoit une manière d’écrire le monde, qui laisse la place à la création littéraire et au sensible. Pour Justine Augier, la lecture de l’œuvre de Svetlana Alexievitch, Nobel de littérature 2015, a été une révélation, lui ouvrant un espace où réconcilier son «  intérêt pour le monde et la littérature   ». Avec Allons enfants de la Guyane, Hélène Ferrarini met en lumière une histoire méconnue de l’emprise coloniale sur les êtres. Taina Tervonen (Les Otages), récompensée pour ses enquêtes littéraires, se définit comme «  conteuse d’histoires vraies   ». Nikolaï Kononov choisit le biais du roman documentaire (La Révolte) pour raviver la mémoire d’un héros rattrapé par les purges staliniennes.

Une rencontre animée par Olivier Weber. Interprète : Guillaume Odin.

À la suite, le film The Eclipse de Nastaša Urban, qui traverse entre deux éclipses quarante ans d’histoire de la Yougoslavie et révèle une histoire collective enfouie.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Essais

Les Otages : Contre-histoire d’un butin colonial

Marchialy - 2022

Derrière les objets issus des guerres coloniales que nous admirons dans les musées se trouve une histoire violente, il est temps de l’écouter.

1890 : un colonel français entre dans Ségou, ville d’Afrique de l’Ouest, et s’empare d’un trésor. Parmi les objets du butin, des bijoux et un sabre. Alors que le Sénégal réclame la restitution du sabre depuis des décennies, symbole de sa mémoire collective, la France peine à répondre, prise dans un carcan idéologique et juridique. Ironie du sort, les bijoux ont, eux, été perdus, oubliés ou volés.
Partie sur les traces de ce trésor, Taina Tervonen découvre une histoire coloniale violente dont les objets sont les témoins silencieux, une histoire dont nous resterons prisonniers tant qu’elle ne sera pas racontée.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Récit
Essais

Croire

Actes Sud - 2023

Justine Augier, qui pratique et incarne une forme de pudeur et d’éthique littéraires assez uniques, voit son projet d’écrire sur la littérature comme lieu de l’engagement entrer en collision avec la maladie et bientôt la mort de sa mère. Alors que la nature même de l’urgence mute, l’intime et l’universel se tressent dans un texte bouleversant de justesse et de clairvoyance. Et qui rappelle le potentiel devenir résistant de chaque lecteur.

À l’intersection du littéraire et du politique un livre bref et fulgurant qui trouve sa place entre Hannah Arendt et Joan Didion. Pas moins.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Récit
Romans

La Révolte

Noir sur Blanc - 2023

La Révolte est un récit mené à la première personne : celui d’un jeune homme, topographe de formation, qui n’aspirait qu’à vivre libre, en harmonie avec la vaste nature russe, et à se consacrer à sa passion pour les cartes de géographie. Mais comme de nombreux autres, cet homme est rattrapé par la guerre mondiale, puis par les répressions staliniennes. Engagé dans l’armée de Vlassov, emprisonné dans un camp de concentration nazi, puis réfugié dans la Belgique d’après-guerre, Sergueï Soloviev décide de rentrer en URSS pour retrouver sa famille et sera déporté au Goulag. Il est à l’origine du légendaire soulèvement des prisonniers dans le camp de Norilsk en 1953.
Devant le peu de documents à disposition, car Soloviev a dissimulé les traces de son existence jusqu’à sa mort (à l’exception de merveilleux carnets de rêves), l’auteur Nikolaï Kononov a dû « devenir Sergueï Soloviev » : il écrit à la première personne, du point de vue de Soloviev, ce qui donne au récit une extraordinaire puissance d’évocation.
Le roman documentaire de Nicolas Kononov met en lumière le destin d’un nouveau héros de l’époque soviétique ; il montre son immense aspiration à la liberté dans un pays qui en était privé.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Essais

Allons enfants de la Guyane : Éduquer, évangéliser, coloniser les Amérindiens dans la République

Anacharsis - 2022

« En Guyane, pendant des décennies – et aujourd’hui encore à Saint-Georges-de-l’Oyapock –, des enfants de différentes communautés autochtones ont grandi dans des « homes indiens », pensionnats tenus par des congrégations catholiques. La politique d’assimilation forcée ainsi menée par l’État français avec l’appui du clergé atteste des persistances coloniales dans ce jeune département d’outre-mer. »

Dans une enquête approfondie mêlant archives et témoignages, Hélène Ferrarini lève le voile sur une histoire jusqu’alors ignorée dans laquelle la parole des anciens pensionnaires trouve enfin une place.