Etoiles de la Scam

René Char, nom de guerre Alexandre

(Jérôme Prieur, Compagnie des Phares et Balises, 2007, 61’)

17 avril 2008.
 

En 1941, le poète René Char (1907-1988) prend les armes et passe au maquis dans la région de Céreste, en Provence. Ami des surréalistes, l’auteur du Marteau sans maître renonce alors à publier. Ce documentaire évoque ces années de fureur et de mystère vécues par l’un des plus grands poètes français du XXe siècle.

René Char, nom de guerre Alexandre
D.R.

Sur les bords de la Méditerranée, entre Marseille et Nice, des intellectuels allemands et autrichiens trouvent, à partir de 1933, un refuge contre le nazisme. Dès la déclaration de guerre, à l’été 1939, nombre d’entre eux pourtant vont grossir les rangs des camps d’internement français, comme celui des Milles à côté d’Aix-en-Provence, où le Comité de secours américain s’emploiera à sauver des centaines d’artistes et d’écrivains européens "indésirables". À quelques dizaines de kilomètres à vol d’oiseau, dans l’arrière-pays provençal, le poète René Char décide de passer du surréalisme à la résistance, de l’absolu du langage à l’action clandestine. Rare de son espèce parmi les écrivains, Char prend une décision irrévocable : ce qu’il écrit restera secret "aussi longtemps que ne se sera pas produit quelque chose qui retournera entièrement l’innommable situation dans laquelle nous sommes plongés". Le poète devient le capitaine Alexandre, l’un des chefs locaux de la résistance intérieure, responsable de la réception des atterrissages et des parachutages alliés en France occupée. Ces années souterraines sont pour René Char une période tragique et magique à la fois. Il n’en oubliera jamais plus la fureur et le mystère.