PATTERSON Kevin

Canada

21 janvier 2009.
 
Kevin Patterson
© L. Melious

Né dans la province du Manitoba, au Canada, Kevin Patterson se préparait vaguement à devenir mécanicien quand il décide sur un coup de tête et alors que son frère s’inscrit en médecine de suivre son exemple... sans avoir, lui, réfléchi au moyen de financer ses études, ce qui le mène à une seconde décision hasardeuse : s’engager dans l’armée canadienne afin de financer ces mêmes études. Il atterrit donc sur une base militaire à une centaine de kilomètres de la ville la plus proche, avec finalement peu de travail et du temps à revendre pour commencer à écrire des nouvelles et meubler ces longues journées.
L’armée finalement, fut l’endroit idéal pour permettre la mutation de Kevin Patterson médecin en Kevin Patterson médecin-écrivain. Conseil à tous les jeunes auteurs désireux de terminer leur première œuvre : « trouver un boulot qui nécessite d’être réveillé, sobre et habillé dès sept heures du matin, sans quoi on viendra beugler à votre porte. Un boulot qui ne demande aucune attention particulière à porter sur quoi que ce soit. Qui paye suffisamment bien pour que l’argent ne soit pas une source d’angoisse (…) et offre une totale absence de conversations intéressantes ou de stimulation intellectuelle. » De tels boulots on en trouve peu : « médecin du régiment dans l’armée canadienne en période de paix était tout à fait idéal. »
C’est à cette période aussi que Kevin Patterson découvre Redmond O’Hanlon, Paul Theroux, Apsley Cherry-Garrard ou Eric Newby... soit la crème de la littérature anglo-saxonne de voyage au vingtième siècle... Déjà croît en lui la séduction du nomade solitaire. C’est en lisant Bruce Chatwin qu’il « tombe dedans pour de bon. » Suite à une déception sentimentale, il prend le large, sur un vieux voilier de 37 pieds de long, il quitte la Colombie Britannique direction Tahiti ! Un voyage qu’il relate dans son premier récit : The water in between : A journey at sea.
Esprit libre et frondeur, Kevin Patterson a tout de l’insolence juste d’un gavroche du grand Nord et un réel talent d’observation à l’image de celui qui nourrit les oeuvres de ces aventureux aînés. Il a le coeur au voyage et la tête tournée vers le monde qui l’entoure. En 2007, il dirige la publication d’un recueil de textes de soldats basés en Afghanistan... Puis il s’y rend lui même, six semaines à l’hiver 2007 sur une base de l’OTAN. Il en rapporte un récit polémique sur l’agonie d’un soldat, Talk to me like my father publié dans le numéro de juillet-août 2008 de Mother Jones Magazine aux USA déchaîne quelques virulentes critiques contre Patterson.
Son premier roman, Consomption, devait être au départ un recueil de nouvelles. Progressivement pourtant toutes les histoires apparaissent reliées et Kevin Patterson, hissant de nouveau la voile pour un trajet de six semaines en mer vers la Polynésie, emporte son ordinateur et accoste en terre française, dans l’Hémisphère Sud, avec un roman. En ayant voyagé fréquemment en Arctique, en y ayant travaillé en tant que médecin, Kevin Patterson a acquis une bonne connaissance des Inuits, « passés du traditionnel chasseur-cueilleur à l’ère de Facebook en quelque chose comme un quart d’heure » ! C’est toute la base de ce roman, le choc des cultures, l’évolution des moeurs. Mais par effet d’échelle, Kevin Patterson s’applique à montrer que finalement, ce qui est vrai sur une échelle temporelle extrêmement ramassée pour les peuples du Grand Nord n’est pas différent de ce qui arrive au civilisations plus méridionales.
Kevin Patterson prépare actuellement le second tome de sa trilogie sur le voyage, abordant cette fois ses navigations dans le Pacifique Nord.

in English


Bibliographie :


Présentation de Dans la lumière du Nord :

Née dans la toundra à la fin des années 1950, Victoria Pauloosie n’a connu que la vie traditionnelle inuit jusqu’à l’âge de dix ans où elle est envoyée loin vers le Sud, à Montréal, pour y être soignée de la tuberculose.
Pendant plusieurs années, elle est restée coupée des siens, et quand enfin elle est autorisée à les retrouver, c’est pour constater que leur monde est en train de radicalement changer.
Devenue femme et mère de famille, Victoria n’a jamais vraiment pu guérir de cet exil intérieur qui est le sien. Ni ses enfants aux désirs contradictoires, ni son mari ou son ami d’enfance, pas d’avantage que ce médecin venu de New-York exercer parmi les Inuits n’ont su vraiment le comprendre...
À travers le destin de cette jeune femme et des siens, Kevin Patterson dresse le portrait d’une culture déchirée entre des aspirations contradictoires : de la viande de morse aux boîtes de conserve, des attelages de chiens de traîneaux aux mines de diamants, du soleil de minuit à la télévision par satellite.