Touristes, mais pas trop

(Pierre-Henry Salfati, 13 Production, France, 2005, 65’)

10 mai 2006.
 

Qu’il suffise de suivre au quotidien un petit groupe de touristes " occidentaux ", et ce durant deux semaines, en terre d’Islam, pour illustrer, et ce sans aucune provocation ou esprit critique, cette douce incompatibilité des civilisations.

On aurait pu intituler ce film " Le doux choc des cultures ", puisque s’effleurent et ne font que s’effleurer, sous prétexte de voyage culturel, deux mondes définitivement étrangers semble-t-il l’un à l’autre.

Traversée du désert

Celui des gens du Yémen et celui d’un petit groupe de bourgeois français, guidés par Dominique, jeune femme, jolie et dynamique, conférencière de son état.
Incompatibilité, malgré les meilleures volontés. Et pourtant Dominique est animée des meilleures intentions, sa générosité, sa sincérité parlent pour elle, comme l’application qu’elle met à partager ce qu’elle a lu dans des livres bien plus spécialistes qu’elle... Mais, par la force des choses, Dominique, ne fera que surfer à la frontière des deux cultures, sachant ou ne sachant pas que davantage est impossible.Mais cette inanité du partage, cette illusion de l’échange ne sont ils pas le reflet d’une évidence notoire ? Celle que le voyage culturel serait la plus efficace illustration du non-voyage et la non-culture ?

Dominique, la guide

Il y a effectivement gros à parier que ce genre d’expédition rapide aux quatre coins d’une contrée aussi singulière que le Yémen n’en demeure pas moins une caricature d’expédition, un semblant de découverte, une illusion de dépaysement et d’école de la vie.
Mais il y a en fait plus que cela. Car au-delà de l’épiphénomène du voyage culturel, nous prenons délicatement conscience qu’inéluctablement deux mondes, deux civilisations, deux cultures ne feront jamais plus que s’effleurer.