ASTIER Ingrid

France

20 mars 2017.
 
© F. Mantovani - Gallimard

Hédoniste tombée dans le chaudron des saveurs alors qu’elle était encore enfant, par ailleurs auteur de plus de 15 ouvrages, Ingrid Astier signe le 3e opus de sa "Trilogie du fleuve » à la Série Noire, toujours plus poignant et criant de réalisme, entre western urbain et romantisme noir. Elle fut saluée dès le 1er tome comme la relève du policier made in France, un genre qui, pour elle, a la faculté à se pencher sans réserve sur l’être humain.

Née en 1976 à Clermont-Ferrand, normalienne et spécialiste de Cioran, elle passe son enfance à la campagne, c’est « la clé de tout » ce qui viendra ensuite. Le jardin, le potager les virées avec son frère et sa mère, qui est enseignante de français, à chasser le chocolat le plus fin de la région, les meilleurs salons de thé… Arrivée à Paris afin de poursuivre ses études, Ingrid Astier se lance dans la cuisine comme pour recréer l’univers familial qui s’est éloigné, achète les livres des grands chefs, fait les marchés, cours les bonnes adresses, et finit par rencontrer les grands noms de la cuisine parisienne : Guy Martin, Pierre Hermé, Alain Passard…
En parallèle, Ingrid Astier mène une carrière impressionnante : Prix Strasbourg 1993 pour un mémoire rédigé en allemand intitulé « Rencontre avec Brecht et sa modernité », agrégée de littérature moderne et professeur de littérature à Paris VII, elle publie en 1999 une nouvelle, Face à faces, au Mercure de France, et obtient le prix du jeune écrivain. Elle a enseigné à Reid Hall Columbia University in Paris7, ainsi qu’à l’École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre de Lyon (ENSATT) et géré le fonds Cioran à la Bibliothèque littéraire Jacques-Doucet. Ses travaux universitaires portent sur le fragment, Nietzsche et Cioran.

Depuis, Ingrid Astier s’est mise en disponibilité de l’université et se consacre à l’écriture de livres précieux dans lesquels elle explore toujours les mystères du goût... Après le chocolat, le thé et la rose, elle publie en 2009 un ouvrage consacré au goût des parfums, quatrième volume de la série Le goût de... Elle écrit également sur le safran, le chocolat et la vanille, sans oublier l’excellent Cuisine inspirée (Agnès Vienot, 2007), dans lequel, mêlant portraits de chefs et d’artistes, elle évoque saveurs et souvenirs, et réussit l’anti-livre de cuisine parfait !

Avec Quai des enfers, publié en janvier 2010 dans la collection Série Noire de Gallimard, Ingrid Astier fait son entrée dans l’univers du polar. Ce premier "policier", couronné de prix (dont le Grand Prix Paul Féval de littérature populaire de la Société des Gens de Lettres), nous plonge dans les ventres obscurs de la Seine, théâtre de sombres meurtres… Angle mort sort en 2013, suivit cette année par Haute Voltige. Ingrid Astier continue de nous éblouir avec des romans noirs toujours plus poignants et criants de réalisme.

A noter son Petit éloge de la nuit (Folio Gallimard), fruit de notes vagabondes, de nuits inspirées, de lectures et de dialogues croisées, aujourd’hui adapté au théâtre. Et un roman jeunesse chez Syros, Même pas peur, une histoire magnétique et sentimentale d’adolescents le temps d’un été…


Bibliographie :

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Haute voltige

Gallimard - 2017

"Combien d’apocalypses peut-on porter en soi ?" Aux abords de Paris, le convoi d’un riche Saoudien file dans la nuit. Survient une attaque sans précédent, digne des plus belles équipes. "Du grand albatros" pour le commandant Suarez et ses hommes de la brigade de répression du banditisme, stupéfaits par l’envergure de l’affaire. De quoi les détourner un temps de leur obsession du Gecko - une légende vivante qui se promène sur les toits de Paris, l’or aux doigts, comme si c’était chez lui, du dôme de l’Institut de France à l’église Saint-Eustache... Derrière l’attaque sanglante, quel cerveau se cache ? Le butin le plus précieux du convoi n’est pourtant ni l’argent ni les diamants. Mais une femme, Ylana, aussi belle qu’égarée. Ranko est un solitaire endurci, à l’incroyable volonté. Mais aussi un homme à vif, atteint par l’histoire de l’ex-Yougoslavie. L’attaque du convoi les réunit. Le destin de Ranko vient irrémédiablement de tourner. Son oncle, Astrakan, scelle ce destin en lui offrant un jeu d’échecs. Le jeu de Svetozar Gligoric, le grand maître qui taillait ses pièces dans des bouchons de vin. Et lui demande de se battre - à la boxe et aux échecs, pour infiltrer le monde de l’art et dérober ses plus belles oeuvres à Enki Bilal, le célèbre artiste. La guerre et l’amour planent comme des vautours. De la police, d’une femme ou du destin, qui est capable de faire chuter Ranko ?


Revue de presse :