Cette Nouvelle est détournée par la FRIME. Le titre est bloqué par les manifestants.

écrit par Sylvain Onckelet, élève de 2nde au lycée Paul Hazard à Armentières (académie de Lille)

22 avril 2009.
 

Le sac à dos de Marine n’est pas comme tout le monde ! Elle s’assure tous les soirs qu’elle y a mis des pansements, de l’aspirine, du désinfectant, du fil et une aiguille, des crayons et des stylos en plus des cahiers blancs, des trombones, un stick de colle, des ciseaux, des mouchoirs en papier, des tampons, du sel et du poivre, de l’huile d’olive, une culotte de rechange, des enveloppes, son couteau suisse, un compas, une bouteille d’eau, des barres énergétiques, des allumettes, une pince à épiler, une lime à ongle, du savon, du shampoing, des cubes de bouillon, des sachets de thé, du sucre, des épingles à nourrices, du chocolat une lampe de poche, son téléphone portable, un dictionnaire, son doudou. On ne sait jamais quand il va falloir sauver une vie. Peut-être même… la sienne. Aujourd’hui, elle est allée jusqu’à y enfoncer sa brosse à dents et un tube de dentifrice neuf, son oreiller et tous les sous de sa tirelire. Parce que cette fois-ci ça y est, elle a décidé de quitter la maison. Il est temps que sa vie commence.

« A ce soir ma chérie ! » crie sa mère en entendant la porte claquer.

Marine ne répond pas. Elle part comme si elle, la bonne élève, la fille modèle, allait sagement au collège, comme tous les jours. Aujourd’hui, elle ne court pas, elle suit doucement ses jambes vers la gare. Aujourd’hui est le premier jour du reste de sa vie.

Ce dont Marine ne se doute pas, c’est qu’au même moment, un étrange groupe hétéroclite vient de la quitter, la gare. Armée, cagoulée,, déguisée, se mouchant le nez et menée par le vil Jacquou le Croquant, la troupe quitte le train. Mais ne vous inquiétez pas, ô chers lecteurs (je ne vais pas vous tutoyez quand même ! Nous ne nous connaissons que depuis la ligne 16 ! Je reviendrai là-dessus en temps voulu. Retournons à nos moutons. Donc la petite Marine vient de quitter sa maison avec la ferme intention de fuir sa vie de petite fille modèle. Arrivée près de la boulangerie du coin, elle s’arrête près de la vitrine.

Elle le fait parce que c’est dans le script que je lui ai donné, moi, le narrateur omniscient. C’est un peu moi le metteur en scène de cette histoire. J’en tire peu de gloire. Y en a partout, des narrateurs omniscients. Donc pour la célébrité, les soirées v.i.p., le champagne, les dîners avec des filles très très euh… disons intelligentes, c’est râpé. C’est triste, hein ? Y en a même qui préfère l’anonymat. Puis avec la hausse du pouvoir d’achat, la crise économique, l’obligation de se lever à 5h30, voir même à toutes les heures que ce despote d’auteur décide de vous trimbaler… Enfin, ce qu’il y a de bien, c’est que je sais tout de tout. Je connais même le nom de ton chien, ami lecteur ! La honte quand même… Enfin je dis ça, je dis rien, on a bien le droit d’appeler son clebs comme on veut. Bon alors la p’tite Marie regarde les baguettes, les sandwichs, les bonbons, les gâteaux… Bref tout ce qui n’était pas bon pour la ligne. Elle rêve de goûter à tous ces délices. Pendant ce temps le mystérieux groupe étrange s’approche.

Même si je sais qui ils sont, je ne vais pas te gâcher la surprise, ami lecteur. (Oui ami, On commence à se connaître, non ?)

Donc le groupe mystérieux, aux intentions louches et à la barbe mal rasée s’approchait dangereusement. Comprendre : c’est eux les méchants.

« Discrétion maximum, chers acolytes et amis fidèles ! » s’écrie leur chef, Jacquou, dit le croquant.

« Discrétion messieurs ! » dit William, dit le lèche-botte.

« Discrétion tu parles ! On est à 20, cagoulés, déguisés, se mouchant le nez et menés par le vil Jacquou le Croquant, le tout marchant sur un trottoir minuscule ! » grogna Ansem, dit le silencieux.

« Un peu de tenue messieurs ! » déclare Roberto, dit le… euh celui-là je l’ai oublié…

« Il faut kidnapper qui déjà ? » demande en rougissant Gérard, dit le timide.

« Un innocent. » répondit Jacquou, meneur né.

« Ça se trouve où des innocents ? » questionna Victor, dis le simplet.

« Partout. C’est facile à trouver, des innocents. » ajoute Clément, dit le chlorophyllien.

« Y a un signe particulier pour les reconnaître ? » renchérit Victor, de nouveau le simplet.

« Nan. C’est monsieur tout-le-monde l’innocent », déclare Ulrich, dont j’ai la flemme de trouver un surnom..

« Intéressant. Il faut donc trouver ce « Toullemonde »…

« Taisez-vous ! Vous allez nous trahir ! » cria Vincent dit le mammifère à respiration branchiale.

Mine de rien, ils approchent dangereusement de la jeune Marine. La petite ingénue ingénieuse est toujours en train de faire sa fixette sur les bonbons au caramel « Kollant » (pub subliminale non visible entre 6h et 20h, si vous travaillez dans le service public.) Jacquou s’approcha.

« Bonjour petite ! » fait Jacquou.

« Bonjour monsieur . »

« Ahem, tu fais quoi ? »

« Je regarde la vitrine comme c’est marqué dans le contrat. Il y est même stipulé « si possible comme une gourde . » Par contre on m’a pas expliqué la suite, pour que ça fasse « plus vrai » comme y disent. »

« En effet, en effet. Dis-moi tu n’es pas à l’école ? »

« Nan, comme toute le monde. Y a dératisation des rats aujourd’hui . » mentit Marine.

« Donc tu tues le temps, comme toute le monde. »

A ces mots, Victor choppe la petite par le col, lui passe un couteau sous la gorge.

« Tu es faite « Toullemonde » ! On va te zigouiller, te trucider, te laver les poils du nez ! »

« A… attends ! Les poulets arrivent ! » s’écrie Jacquou.

« C’est vrai qu’on approche midi. »

« Allez ! On l’embarque ! »

Et Marine se fait embarquer par une vingtaine de barbus, qui s’enfuient dans la bouche du métro non loin de là. (En passant, pas fâché de reprendre du service, je commençais à m’ennuyer avec tous ces dialogues.) Quand Marine se réveille, elle est dans un immeuble miteux, jaunâtre et décrépit. Le genre d’immeuble dans lequel ont vécu des anarchistes toxicomanes punks, communistes ne s’émouvant pas des massacres de bébés phoques au Canada. Il fait nuit. Et là, c’est le drame. Des lumières de projecteurs. Un hélico qui fait du bruit. Une pintade aux pêches chauffée 3 minutes de trop.

Des lueurs frappent le mur. Marine entend soudain la voix du meneur amplifiée par un porte voix :

« NOUS N’ABANDONNERONS PAS LE COMBAT ! NOUS MEMBRES DU FRIME (FRONT RÉVOLUTIONNAIRE DES INTERITTENTS DU MONDE DE L’ÉDITION), NOUS AVONS UN OTAGE, NOS REVENDICATIONS SONT UN TIRAGE PLUS IMPORTANT, UNE PLUS GRANDE OUVERTURE A LA NOUVEAUTÉ ET UN CHÈQUE DE 500 000 000 euros/ttc POUT TOUT LE MONDE ! NOUS, HÉROS ET PROTAGONISTES AU CHOMÂGE TECHNIQUE, RÉCLAMONS QUE NOS AUTEURS SOIENT PUBLIÉS, AINSI QU’UN MASSAGE DE LA VOUTE PLANTAIRE. LE BLOCUS DE CETTE NOUVELLE EST INSTAURÉ JUSQU’À CE QUE NOUS AYONS EU GAIN DE CAUSE. »

Satisfait du remous qu’il a causé, il traverse le salon, où son armée regarde la télé, traverse le couloir, ouvre la porte majestueusement et observe sa victime. Il rit comme un méchant de cinéma.

« Alors, c’est quoi ton problème, le timbré !? » disputa Marine

« Nous voulons un emploi stable et qui rapporte. Mes camarades n’ont que très rarement un emploi et un salaire. Puis tu as entendu, j’aime ne pas me répéter. T’as qu’à relire le haut de la page. »

« Tu l’as déjà, ton salaire et ton emploi Jacquou ! Ton bouquin est traduit en 36 langues et tu as deux adaptations au ciné et à la télé ! »

« Peut-être, mais toutes les célébrités utilisent leurs noms pour de grandes causes. Et puis il faut croire que je suis un meneur né ! Bon tu m’excuses, mais j’ai une révolution à boucler là... »

« Et moi je fais quoi ? Je reste ligotée à ma chaise, en criant et en attendant qu’un chevalier aux dents blanches vienne me sauver, vous pétez la tronche et m’emmène sur son cheval blanc ? »

« Ouaip. C’est ça l’idée… », puis il se retire…

« Beuh… Il est laxiste l’animal. Bon, faut que je me sauve là… » murmure Marine.

Marine regarde si la corde qui la maintient sur la chaise peut être coupée… Et ah, c’est la surprise ! La corde n’était pas du tout nouée ! Une chance. Ils sont vraiment laxistes dans cette organisation. Elle vérifie que personne n’est dans les environs, se lève de sa chaise, cherche son sac, le trouve et le fouille. Elle en sort l’épingle à nourrice, et la bloque dans la serrure, de manière à empêcher les méchants pas beau de rentrer. Elle cherche dans la poche extérieure, et trouve son téléphone portable coincé entre le dico et la tirelire. Soudain, elle reçoit un appel.

« Allo. Theophilius herbet bon groB messondedission am apparat. Le patron de la maison d’édition. Une des plus grosses fortunes du monde selon Forbes. Faisons court. Si vous arriver à faire sauter ces terroristes, vous aurez une augmentation de tirage à 110 000 exemplaires supplémentaires. »

« Euh…oui ? Et comment je m’y prends ? »

« Vous ne savez pas comment faire une bombe artisanale ? On vous apprend rien à l’école, les jeunes… Alors tout d’abord, utilisez le chocolat. Ecrasez le dans la tirelire avec le shampoing et le sachet de thé… »

« Quelles sont mes chances de survie ? »

« Autant que cette nouvelle gagne le concours ! »

Et 20 minutes plus tard tout saute. Marine a droit à une super production avec même une adaptation cinématographique. Jacquou se recycle en danseur de claquette. Voilà, c’est la fin. Quant à moi, j’ai décroché un bon rôle dans le prochain J.J.Bowlings. Enfin le rôle de ma vie. Bye !