Les mésaventures de Marine

écrit par Daria Doubina, élève de 6ème au collège Louis Juvet à Villeurbanne (académie de Lyon)

22 avril 2009.
 

Le sac à dos de Marine n’est pas comme tout le monde ! Elle s’assure tous les soirs qu’elle y a mis des pansements, de l’aspirine, du désinfectant, du fil et une aiguille, des crayons et des stylos en plus des cahiers blancs, des trombones, un stick de colle, des ciseaux, des mouchoirs en papier, des tampons, du sel et du poivre, de l’huile d’olive, une culotte de rechange, des enveloppes, son couteau suisse, un compas, une bouteille d’eau, des barres énergétiques, des allumettes, une pince à épiler, une lime à ongle, du savon, du shampoing, des cubes de bouillon, des sachets de thé, du sucre, des épingles à nourrices, du chocolat une lampe de poche, son téléphone portable, un dictionnaire, son doudou. On ne sait jamais quand il va falloir sauver une vie. Peut-être même… la sienne. Aujourd’hui, elle est allée jusqu’à y enfoncer sa brosse à dents et un tube de dentifrice neuf, son oreiller et tous les sous de sa tirelire. Parce que cette fois-ci ça y est, elle a décidé de quitter la maison. Il est temps que sa vie commence.

« A ce soir ma chérie ! » crie sa mère en entendant la porte claquer.

Marine ne répond pas. Elle part comme si elle, la bonne élève, la fille modèle, allait sagement au collège, comme tous les jours. Aujourd’hui, elle ne court pas, elle suit doucement ses jambes vers la gare. Aujourd’hui est le premier jour du reste de sa vie.

Une fois arrivée à la gare, Marine vérifia encore une fois le contenu de son sac. Tout y est. Tout ? Non ! aujourd’hui, Marine a oublié son rouge à lèvre fétiche !

« Vite, récupérer mon rouge à lèvres avant que le train parte ! » pensa Marine en courant.
Elle croisa en chemin une jeune fille du même âge qu’elle, qui courait dans la même direction qu’elle, et visiblement aussi pressée. Marine la doubla. La jeune fille reprit la tête de la course. Elle n’avait pas l’air de se fatiguer. Marine fait un effort et resta près d’elle.

« Comment t’appelles-tu ? Où vas-tu ? » demanda enfin la jeune fille.

« Marine. Je vais à ma mai… son ! » répondit Marine en heurtant un lampadaire. Mais elle ne ralentit pas et cria en courant :
« Je vous demande pardon, Monsieur ! »

« Voyons, Marine, regarde un peu devant toi : c’est un lampadaire ! réprimanda la fille – Moi je m’appelle Isabelle et je vais à la gare ! »

Marine regarda Isabelle avec des yeux ronds comme des billes.

« A la gare ? Voyons Isabelle, tu en as une plutôt bien… même très bien juste derrière toi ! »

« J’ai vu ! Mais dans celle–là, il n’y a pas de train pour Bruxelles ! »

« Et qu’est-ce que tu vas faire à Bruxelles ? »

« Retrouver un para… pluie égaré il y a trois mois ! » répondit Isabelle en heurtant à son tout une poubelle, faisant une culbute complète, retombant sur le derrière et demandant :

« Et çà c’était quoi ? Un CP ? Une poussette ? »

« Une poubelle. Mais ton parapluie, s’il a été oublié il y a trois mois, aucune chance de le retrouver ! Tu n’as pas reçu de colis de Bruxelles, par hasard ? »

« Si, si. »

« Ben voilà ! Et il contenait quoi ? »

« Euh… Je ne l’ai pas encore ouvert… »

Les yeux de Marine ressemblaient maintenant à des petites clémentines.

« Mais va le chercher ! Moi, je vais chez moi ! On se retrouve… euh… ici, tiens ! » ordonna Marine en ajoutant à mi-voix dès qu’Isabelle fut partie ; « C’est incroyable ! »

Un peu plus tard, Marine avait déjà retrouvé son rouge à lèvres et l’observait pour voir s’il n’était pas abîmé, quand soudain elle remarqua qu’Isabelle avançait avec une moue dépitée.

« Alors ? » demanda Marine.

« Incroyable ! Ma sœur l’a prise sans permission par un temps venteux ! »

« Et alors, je ne vois pas le rapport. »

« Elle s’est envolée avec le parapluie ! » s’écria Isabelle, agacée par l’événement.

Les deux filles étaient tellement absorbées par leur discussion qu’elles ne remarquèrent pas la foule se formant autour d’elles que quand celle-ci se mit à hurler :

« Un objet volant non identifié criait la foule. Un objet volant non identifié ! Un extraterrestre ! Un OVNI ! »
Isabelle leva les yeux au ciel :

« Oh ! C’est un objet volant identifié : ma sœur volant sur mon parapluie ! »

Effectivement, au milieu du ciel volait une fille, se tenant à un parapluie. Isabelle sauta et l’attrapa par les pieds. Marine fit de même. Un instant plus tard, les trois filles volaient, accrochées l’une à l’autre.
La petite compagnie vola longtemps, longtemps, avant d’atterrir quelque part vers le nord. Mais le pays d’atterrissage ne ressemblait à rien de déjà vu.

« Oh ! Mais quel est ce pays ? s’exclama la sœur d’Isabelle, Amélie. En tout cas, ce qui nous est arrivé est une véritable histoire à dormir debout ! »

« Dormir debout ? demanda Marine. Sur un lit vertical ? J’aimerais bien mais j’ai peur de tomber ! »

Les deux sœurs la regardèrent mais ne dirent rien.

« En tous cas, la première chose à faire est de trouver un bon petit restaurant ! Moi j’ai une faim de l… enfin, je veux dire que j’ai très faim », annonça Isabelle en regardant Marine du coin de l’œil.
Elles ne tardèrent pas à trouver un restaurant. En entrant, Marine remarqua dans un coin une énorme fourchette en plastique.

« Garçon ! cria-t-elle. Donnez moi une fourchette plus petite immédiatement ! Je ne suis pas habituée à manger avec ça ! »

Le garçon bafouilla quelque chose dans une langue inconnue. Isabelle et Amélie regardèrent leur camarade et sortirent du restaurant pour aller s’installer dans un hôtel. Lorsque Isabelle et Amélie partirent visiter la ville, Marine resta écrire son journal intime :

« Cher journal intime,
Aujourd’hui, je suis arrivée dans un pays bizarre. Le moyen de transport était bizarre lui aussi : une Amélie volant sur un parapluie !
Dans ce pays bizarre ; les gens sont bizarres eux aussi car :

Les deux sœurs n’étaient revenues que très tard, vers les dix heures du soir. Marine, un petit sourire aux lèvres, dormait. Isabelle et Amélie partirent chacune dans leur chambre mais soudain, un hurlement émana de la chambre d’Amélie :

« Qui a osé mettre mon lit en position verticale ? C’est toi, n’est-ce pas Marine ? »

Marine pénétra dans la pièce, s’étranglant de rire et se tenant les côtes :

« Ben c’est toi qui a parlé de dormir debout ! »

Isabelle jugea son intervention nécessaire :

« C’est une expression, Marine ! Le sens figuré, tu connais ? »

« Et d’ailleurs, ajouta Amélie, j’ai bien compris que tu trouvais les gens d’ici bizarres, non ? »

Marine hocha la tête sans dire un mot. Comment Amélie a-t-elle pu le deviner ?

« Eh bien, continua Isabelle, ce pays existe et ces gens sont tout à fait ordinaires. Ce sont des Belges ! »

« Des Belges ! s’exclama Marine avec stupéfaction. Et la fourchette géante ? »

« Une décoration », répondirent en chœur Isabelle et Amélie.

« C’est super, la Belgique, annonça Marine, c’est super mais il faut partir ! Les vacances sont terminées demain. »

Voilà comment les filles quittèrent la Belgique et retournèrent dans leur pays. Après ça, elles ont vécu une vie longue et tranquille, mais elles restèrent toujours aussi étourdies !