Retour sur l’escale malouine d’un étonnant conteur : Souleymane Mbodj (Les contes de la Téranga)

25 juin 2009.
 
Souleymane Mbodj
D.R.

Chaque jour, la foule ne s’y trompait pas et se pressait aux portes du Magic longtemps avant l’heure dite pour s’assurer une place aux spectacles de contes musicaux du fabuleux Souleymane Mbodj !

Ce charismatique conteur a en effet fait salle archi-comble à chacune de ses représentations, et bien malin serait celui qui pourrait dire si à la sortie les plus conquis étaient les enfants ou bien les adultes ! Les deux se bousculaient d’ailleurs ensuite en un joyeux capharnaüm au salon du livre jeunesse pour obtenir une dédicace-souvenir…
Quatre livres-CD aux éditions Milan jeunesse permettent en effet de s’immerger à loisir dans les contes de Souleymane. Les superbes images de l’abeille et des giraphes illustrant cet article sont issues du troisième opus : Contes d’Afrique pour les tout petits (Milan, 2007) et sont nées du talent d’Hervé Le Goff.

Hervé Le GoffChacune des histoires que ce magicien des mots tire pour nous de son inépuisable répertoire est l’occasion d’un voyage au cœur de l’Afrique. Il sait comme personne invoquer Leuk le lièvre, Gaïndé le lion, les sorciers-chasseurs et les baobabs magiques pour peupler son univers envoûtant. Avec lui, parfois nous rions, parfois nous chantons, parfois nous pleurons mais malheur à qui ne regarderait pas plus loin que le bout de son nez : toute histoire a sa raison d’être, et même la petite araignée a beaucoup à nous apprendre, Souleymane y veille !

Hervé Le Goff

Les double-sens sont nombreux dans ses contes, et les ponts établis entre notre vie quotidienne et l’Afrique ancestrale constants. Relations homme-femme, acceptation de la différence, danger de la jalousie... autant de thèmes universels traités avec humour mais jamais avec légèreté. Le public est souvent invité à participer aux contes, soit en battant des mains, soit en chantant, soit en en répondant aux questions du conteur, et il sait avec brio tenir son public en haleine du début à la fin du spectacle.

La Téranga est un mot wolof du Sénégal. C’est un concept qui recouvre les valeurs d’hospitalité, d’accueil, de disponibilité et de générosité. Raconter une histoire, pour Souleymane Mbodj, c’est offrir le plus beaux des cadeaux, un cadeau qui se transmet de génération en génération, un cadeau qui se partage.
Ce qu’il nous a offert chaque jour pendant le festival avec ses mots et sa musique, c’est un peu de lui-même et de sa culture, mais aussi, tel un miroir, un regard décalé sur les petits travers humains. Ce que son public conquis peut lui offrir en échange, c’est garder au fond du cœur des petits éclats de cette sagesse ancestrale, et les laisser germer…

Merci à cet étonnant conteur de nous avoir fait l’honneur de faire escale à Saint-Malo ! Nul doute qu’il marquera les annales de notre festival jeunesse.

NB : Trois représentations des contes de la Téranga ont été données à l’occasion du festival saint-Malo Etonnants Voyageurs 2009.

Et pour découvrir les dernières histoires de Souleymane Mbodj : Contes et sagesse d’Afrique, illustrations de Marie Lafrance, (Milan, 2009)

 Marie Lafrance