Bretagne 1959-1989 : la deuxième révolution

Michel Le Bris et Serge Aillery (1989, 58’)

14 mai 2009.
 

1959-1989 : les trente années qui ont changé la Bretagne. Sur des images-choc, le récit d’une révolution : celle qui fera rentrer la Bretagne dans le monde moderne. Passage de la polyculture traditionnelle à la culture intensive de l’artichaut et du chou-fleur, crise violente de mévente, soulèvement paysan comme la France n’en avait jamais connu dans le siècle, véritable guerre civile, mobilisation des élus tous partis confondus : en quelques années la Bretagne sort par la force d’un quasi Moyen-Age. 1962 : plan routier breton, première ligne SNCF électrifiée, Télécoms à Pleumeur-Bodou, arrivée de la télévision — et aussi victoire de Rennes en coupe de France de football, victoire de Tabarly dans la Transat en solitaire, inauguration de l’usine du Joint Français comme usine modèle d’une nouvelle Bretagne. La grève du Joint Français en 1972 sonne comme un avertissement : dix ans pour que la Bretagne « moderne » entre en crise. Et une question de plus en plus actuelle : quelle sera la Bretagne de demain ? Les images proposées ici de la « guerre de l’artichaut », faute de télévision en Bretagne, à l’époque, n’avaient jamais été vues — elles ont suscité un véritable choc lors de leur diffusion, en 1989.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Essais

Pour l’amour des livres

Grasset - 2019

« Nous naissons, nous grandissons, le plus souvent sans même en prendre la mesure, dans le bruissement des milliers de récits, de romans, de poèmes, qui nous ont précédés. Sans eux, sans leur musique en nous pour nous guider, nous resterions tels des enfants perdus dans les forêts obscures. N’étaient-ils pas déjà là qui nous attendaient, jalons laissés par d’autres en chemin, dessinant peu à peu un visage à l’inconnu du monde, jusqu’à le rendre habitable  ? Ils nous sont, si l’on y réfléchit, notre première et notre véritable demeure. Notre miroir, aussi. Car dans le foisonnement de ces histoires, il en est une, à nous seuls destinée, de cela, nous serions prêt à en jurer dans l’instant où nous nous y sommes reconnus – et c’était comme si, par privilège, s’ouvrait alors la porte des merveilles.

Pour moi, ce fut la Guerre du feu, « roman des âges farouches  » aujourd’hui quelque peu oublié. En récompense de mon examen réussi d’entrée en sixième ma mère m’avait promis un livre. Que nous étions allés choisir solennellement à Morlaix. Pourquoi celui-là  ? La couverture en était plutôt laide, qui montrait un homme aux traits simiesques fuyant, une torche à la main. Mais dès la première page tournée… Je fus comme foudroyé. Un monde s’ouvrait devant moi…

Mon enfance fut pauvre et solitaire entre deux hameaux du Finistère, même si ma mère sut faire de notre maison sans eau ni électricité un paradis, à force de tendresse et de travail. J’y ai découvert la puissance de libération des livres, par la grâce d’une rencontre miraculeuse avec un instituteur, engagé, sensible, qui m’ouvrit sans retenue sa bibliothèque.

J’ai voulu ce livre comme un acte de remerciement. Pour dire simplement ce que je dois au livre. Ce que, tous, nous devons au livre. Plus nécessaire que jamais, face au brouhaha du monde, au temps chaque jour un peu plus refusé, à l’oubli de soi, et des autres. Pour le plus précieux des messages, dans le temps silencieux de la lecture  : qu’il est en chacun de nous un royaume, une dimension d’éternité, qui nous fait humains et libres. »