La dernière larme

2 avril 2010.

Clémentine DALIGAULT, en 3ème au collège Paul-Eluard, Gennes (49), classée 1ère de l’académie de Nantes

 

La dernière larme

Victor était chasseur de rêves.
C’était un métier qui demandait beaucoup d’agilité, pour bondir de toit en toit, beaucoup de dextérité, pour manier le filet à rêves, beaucoup de courage, pour sortir seul la nuit et beaucoup d’imagination, pour effectuer un tri entre beaux rêves et rêves anodins, tout en évitant les cauchemars dangereux et les hallucinations inutiles.
Agilité, dextérité, courage et imagination.
Victor était agile, dextre, courageux et avait toujours fait preuve d’imagination. C’est d’ailleurs cette imagination qui lui avait permis, lorsque ses parents étaient morts, de ne pas se retrouver enfermé à l’orphelinat mais d’être embauché par monsieur Paul.
Mystérieux et inquiétant monsieur Paul.
Victor ignorait ce qu’il fabriquait avec les rêves qu’il lui achetait, pas très cher d’ailleurs, mais cela n’avait pas vraiment d’importance. La seule chose qui comptait pour Victor, c’était de voir les songes se glisser à l’extérieur des maisons par les interstices entre les tuiles des toits, se déployer en fines volutes colorées, onduler un instant comme s’ils cherchaient leur route puis filer vers les étoiles.
Sauf s’il se montrait assez rapide.
S’il se montrait assez rapide et abattait son filet avec suffisamment de précision, le rêve finissait dans sa besace.
Une nuit de printemps, alors qu’il n’avait capturé qu’un petit rêve bleu et cherchait quelque chose de plus consistant à attraper, Victor aperçut une silhouette adossée à une cheminée.
Elle regardait le ciel et ne parut pas surprise lorsqu’il s’assit à ses côtés.
« Tu t’appelles comment ? »
« Victor… et toi ? »
« Ever. »
Ses yeux étaient fixés sur l’horizon. Le ciel était dégagé et la nuit remplie d’étoiles. Ils restèrent ainsi pendant de longues minutes, sans oser se regarder. Enfin la jeune fille se leva :
« Je dois y aller, salut. »
« Non, attends s’il-te-plaît ! »
Elle était partie si vite ! Il n’avait pu saisir que ses yeux bleus. Toutes les âmes du monde auraient pu se perdre dans les vagues de son regard intense. Il n’osait pas faire un geste de peur de perdre son odeur délicieuse de roses fraîches.
Victor ne savait plus ce qu’il ressentait. Ses sens et son esprit étaient confus. Il avait des papillons dans le ventre et ne pouvait chasser de son esprit cette Ever.
Il se releva, le cœur encore battant d’émotion. Lorsque le soleil commença à poindre, Victor revint à la boutique de M. Paul. Comme à l’accoutumée, il déposa son panier rempli de rêves derrière le comptoir où il retrouverait son maigre salaire après avoir dormi. Il s’était aménagé un coin dans le grenier de la maison vide, adjacente à la boutique. On y accédait par une porte condamnée à l’arrière du bâtiment, il suffisait de déplacer les planches mal fixées pour pouvoir entrer. Cet espace relativement réduit lui convenait parfaitement. Il y vivait assez confortablement, même en hiver, grâce à la cheminée au fond de la pièce et au matelas quasiment neuf ainsi qu’aux draps et aux couvertures qu’il avait récupérés dans une brocante. Tout cela lui permettait d’être à l’aise dans son nid douillet.
A peine la tête posée sur l’oreiller, il s’endormit dans un profond sommeil. Ever était là. Assise sur le toit à regarder les étoiles. Elle était tout ce dont il rêvait. Il était comme paralysé, lui, le chasseur de rêves le plus courageux de toute la région ! Elle ne disait pas un mot. Tout à coup, elle se tourna vers lui. Ses grands yeux bleus plongèrent dans les siens et elle lui dit de sa voix mélodieuse :
« Tes rêves deviendront réalité, il suffit d’y croire. »
Victor se réveilla, l’esprit encore embrumé de fatigue. Pourquoi avait-il rêvé une chose aussi absurde ? Il frotta ses yeux éblouis par la lumière du soleil filtrant à travers le drap tendu à la fenêtre. Son estomac gronda. Il était temps d’aller acheter son déjeuner. Il mit ses chaussures et se hâta de retourner à la boutique de M. Paul. Il l’attendait au comptoir comme tous les midis avec son sourire énigmatique aux lèvres :
« Bonjour Victor ! Alors, que s’est-il passé hier soir ? Tu n’as pas pris grand-chose ! »
« C’est vrai que ces temps ci, les cauchemars et les rêves futiles sont de plus en plus nombreux ! »
« Ah ! Mais cela risque de ruiner notre commerce ! »
« Ne vous inquiétez pas, vous savez que je connais les meilleurs endroits pour la chasse aux rêves d’enfants. »
« Tu as raison, mon garçon ! Je te fais confiance. Tiens, à ce propos, voilà ta paye : deux pièces d’argent. »
« Merci monsieur ! Avec ça je vais manger comme un prince aujourd’hui ! »
Il sortit de la boutique de bonne humeur. Cela n’avait pas été sa meilleure chasse mais il s’en sortait avec de quoi se payer le déjeuner et le dîner sans piocher dans ses économies. Ces achats terminés, il retourna dans son grenier pour manger puis retourna chez M. Paul. C’était une sorte de bric-à-brac. Vue de l’extérieur personne ne penserait qu’autant d’objets pourraient rentrer dans un si petit espace, mais c’était cela qui faisait le charme du magasin. Victor s’arrêta au comptoir et fit sonner la petite cloche pour prévenir M. Paul de son arrivée. C’était un monsieur bedonnant, avec un début de calvitie et toujours un sourire étrange sur le visage. Victor n’aurait pu lui donner un âge précis mais il estimait qu’il devait se situer entre trente cinq et cinquante ans. Son employeur apparut dans l’encadrement de la porte qui donnait accès à l’arrière boutique, une serviette autour du cou :
« Ah, c’est toi. Tu viens pour prendre la commande ? »
« Oui. Excusez-moi, je vous ai interrompu pendant votre repas. »
« Oh ! Ce n’est rien, mon garçon. Voilà ce que tu m’avais commandé. »
« Merci beaucoup. »
Victor sortit une fois de plus de la petite boutique avec son gros carton sous le bras. Il se dépêcha de rentrer chez lui pour pouvoir le déballer. Une fois installé confortablement sur son matelas, il commença à ouvrir son paquet… Elle était là, la machine à écrire qu’il avait découverte quelques temps auparavant dans un prospectus qui trainait sur le comptoir de la boutique. Depuis longtemps il voulait écrire. Petit déjà il s’inventait des histoires de chevaliers, de dragons, de princesses… Son plus grand rêve était de devenir célèbre et apprécié de tous grâce à ces écrits. Depuis qu’il était chasseur de rêves, son souhait s’était intensifié et était devenu une véritable obsession. C’était ce qu’il voyait dans les rêves et les cauchemars des autres qui lui fournissait sa principale source d’inspiration et il allait désormais pouvoir mettre tout cela par écrit. Le jeune chasseur de rêve passa le reste de la journée à écrire sur sa nouvelle machine. De nouvelles histoires lui revenaient sans cesse.
Il fut stoppé par son estomac qui réclamait à manger et il se rendit compte que la nuit était tombée depuis une demi-heure. Il mangea le reste de ses provisions rapidement puis enfila des vêtements plus chauds pour la chasse. Il se rendit à la boutique pour prendre son matériel puis pris le chemin habituel pour se rendre aux toits. Une fois sur le toit de la maison, il commença à repérer les fenêtres où les beaux rêves commençaient à se profiler. Il n’en trouva que quelques-unes. Heureusement il avait découvert un endroit où les enfants et les nouveaux nés étaient assez nombreux. Ce lieu n’était pas vraiment à proximité mais le courage et le goût du risque du jeune garçon le poussaient à prendre plaisir aux acrobaties qu’il effectuait lorsqu’il sautait de toit en toit et qu’il manquait de tomber. Il était rapide et arriva là-bas en quelques minutes. Ever était assise au bord d’une toiture, les pieds dans la gouttière. Sans bruit, il vint s’asseoir près d’elle :
« Pourquoi es-tu partie si vite hier ? »
« Je ne pouvais pas rester. »
Victor ne savait plus quoi faire. Il ne voulait pas qu’elle fuie comme la fois précédente :
« Alors, pourquoi viens-tu jusqu’ici pour capturer des rêves ? »
« Ceux près de chez moi sont ternes, futiles, anodins… et les cauchemars sont de plus en plus nombreux, lui répondit-il sans se demander comment une inconnue pouvait être au courant de ce qu’il faisait de ses nuits. »
« Pourquoi ne les captures-tu pas pour en faire de beaux rêves ? »
« Je ne savais pas que cela était possible ! Comment faut-il s’y prendre ? »
« Et bien tu dois les dresser. Je suis sûre que tu as déjà essayé. »
« Oui… Oui je pense savoir comment faire ! »
La conversation se poursuivit jusqu’à la moitié de la nuit. Il s’avéra qu’Ever savait énormément de choses sur les songes et elle les partagea avec Victor. Il captura (grâce aux précieux conseils de la jeune fille) un cauchemar et un rêve banal qui manquait énormément d’imagination. Il n’avait pas pris beaucoup de rêves colorés ni de rêves d’enfants et encore moins de rêves heureux mais cela suffirait pour un repas et demi et ce ne serait pas la première fois qu’il ne mangerait pas à sa faim. Il dormit peu ce jour-là, tout excité de ce qu’il venait d’apprendre ! Il passa essentiellement sa journée à tenter de dresser le cauchemar et à égayer le pauvre rêve banal avec de jolies couleurs. Il se désintéressa même de sa fameuse machine à écrire ! Au bout de plusieurs heures de travail, il fut enfin satisfait du résultat. Il avait transformé des rêves en apparence inutilisables, en des rêves fantastiques ! Ceux- là lui rapporteraient sûrement de quoi s’acheter plusieurs repas et en plus de quoi faire des économies !
Plusieurs mois passèrent ainsi. Victor retrouvait Ever sur les toits où elle lui enseignait tout ce qu’elle savait puis durant la journée, il s’entraînait à dresser les cauchemars et autres songes inutilisables. A force d’entraînement il devint très doué. Même les pires cauchemars pouvaient devenir de doux rêves enfantins entre ses mains. Heureusement, ses activités de dompteur ne l’empêchaient pas d’écrire, au contraire cela donnait beaucoup de vie et d’action aux récits passionnés qu’il créait. M. Paul et Ever avaient déjà eu le droit d’en lire quelques-uns et les avaient trouvés extraordinaires ! Victor en était très fier. Cette nuit-là, il retrouva Ever sur le toit d’une maison où vivaient cinq enfants de six, sept, huit, neuf et dix ans, un endroit où l’on trouvait de doux rêves à profusion. Ils ne se donnaient jamais rendez-vous mais pourtant, il n’aurait su dire pourquoi, il la retrouvait toujours. Il s’assit près d’elle comme à chaque fois. Il était fasciné par cette fille. Depuis quelques temps il se posait de nombreuses questions à son sujet… son cœur battait tellement fort lorsqu’il pensait à elle, lorsqu’il l’apercevait ou lorsqu’il sentait son odeur et croisait son regard… Près d’elle il était heureux :
« Alors, quelle sera la leçon du jour ? » demanda la jeune fille envoûtante.
« Eh bien j’aimerais savoir… que se passe-t-il lorsque l’on ne réussit pas à reprendre les mauvais rêves ? »
« C’est une bonne question. Ces mauvais rêves sur qui le dressage n’a pas fonctionné deviennent des rêves brisés. »
« Qu’est-ce qu’un rêve brisé ? »
« C’est un rêve qui n’a plus de raison d’être… »
« Que deviennent les rêves qui se brisent ? »
« Les rêves ne se brisent pas totalement… »
« Que deviennent-ils ? »
« Le terreau des rêves à venir.* »
« Alors il faut que certains rêves soit sacrifiés pour que d’autres puissent voir le jour… »
« Les rêves sont éphémères Victor, mais il n’en reste pas moins les plus belles choses au monde. »
« C’est vrai. Quels sont les rêves les plus puissants ? »
« Ce sont… les rêves heureux. »
« Je pensais que… enfin je ne sais pas ce que je pensais. »
« Peu importe, allez viens, éloignons-nous d’ici ! Il te faut un cauchemar bien dangereux pour que tu fasses un peu d’exercice ! »
Ils se mirent en chasse tout les deux en riant.
Quelques jours plus tard, Victor décida de regrouper ses textes. Il y en avait pour environ six cent pages ! Il décida d’aller en parler avec M. Paul qui était toujours de bon conseil lorsqu’il s’agissait de ses écrits ou de ces problèmes personnels quel qu’ils soient. Mais son recueil n’était pas la seule raison qui poussait Victor à aller parler au monsieur bedonnant qu’il considérait presque comme son père : il était maintenant certain d’être amoureux d’Ever et il ne savait pas comment le lui annoncer. Evidemment M. Paul ne la connaissait pas car chaque soir elle s’en allait sans jamais lui dire où elle vivait et il ne l’avait jamais croisée de jour. Pourtant il aurait aimé la présenter à son employeur pour connaître son avis. Il entra dans la boutique toujours autant encombrée. M. Paul n’était pas au comptoir. Victor sonna la cloche à plusieurs reprises sans aucun résultat. Il hésita un moment puis comme il commençait à s’inquiéter il décida d’aller jeter un œil dans la réserve. Il s’avança lentement vers l’ouverture. Il entendit de drôles de bruits, comme si quelqu’un mangeait.
« M. Paul, vous êtes là ? »
Victor écarta le rideau de perles qui fermait l’entrée et se retrouva devant un bien étrange spectacle. M. Paul était assis à une table en face de sa besace à rêves et il était en train de les dévorer. Ne sachant pas quoi faire, Victor resta sur place, trop ébahi pour effectuer un seul geste. L’homme qu’il pensait connaître comme étant une personne qui ne ferait pas de mal à une mouche était en train de dévorer voracement un ancien rêve futile devenu rêve heureux. Cela lui fit mal au cœur ! M. Paul entendit alors le gémissement que Victor n’avait put retenir. Il se retourna :
« Tiens Victor ! Que fais tu ici à cette heure ? Décidément les rêves que tu captures ces dernier temps sont exquis ! »
Le jeune garçon s’enfuit les larmes aux yeux. Il ne pouvait admettre ce qu’il venait de voir ! Comment M. Paul pouvait-il dévorer sereinement les rêves qu’il capturait pour lui et qu’il dressait avec soin ? Jamais il n’aurait pensé que ce que cachait son employeur était aussi atroce ! Il rentra chez lui et s’effondra sur son lit. Il n’avait pas le cœur à écrire et surtout pas à dresser un féroce cauchemar.
Il resta ainsi jusqu’à ce qu’il fasse nuit. Une fois l’heure venue il se leva et prit son matériel de chasse, plus par habitude que pour s’en servir. Il se rendit sur les toits où il erra au hasard pendant un quart d’heure puis il retrouva Ever de façon imprévue, comme toujours. Elle était assise dos à une cheminée. Victor regarda autour de lui et s’aperçut qu’ils se trouvaient à l’endroit de leur première rencontre. Il vint s’asseoir près d’elle comme la première fois. Elle était toujours aussi belle et fascinante… Il se dit que ce soir aurait été le moment idéal pour lui avouer ses sentiments mais il n’avait pas la tête à ça. Sa découverte sur M. Paul l’avait bien trop retourné.
Ever attendait qu’il ouvre la bouche :
« J’ai découvert quelque chose. »
« Je sais. »
« Je suis allé à la boutique un peu plus tôt que d’habitude pour parler de… mes textes à monsieur Paul, et comme il ne répondait pas lorsque je l’appelais, je suis allé jeter un œil dans l’arrière boutique… Et… je l’ai trouvé en train de dévorer les rêves que je lui avais apportés le matin même ! »
Sa voix se brisa sur les derniers mots. Ever le prit dans ses bras. Jamais elle n’avait fait un tel geste. Victor se sentit instantanément mieux. Il se ressaisit et lui demanda :
« Tu ne paraîs pas vraiment surprise ? »
« Il y a des choses que je ne t’ai pas dites Victor… Tu sais l’autre fois… tu m’as demandé quels étaient les songes les plus puissants ? »
« Oui et alors ? »
« Je t’ai menti. Je t’ai dit que c’était les rêves heureux mais c’était faux. Les rêves les plus puissants sont les rêves qui se réalisent. »
« Qu’est-ce que les rêves qui se réalisent ? »
« Ce sont des rêves qui prennent vie et forme… comme… M. Paul. »
« Quoi ? M. Paul est un rêve ? Comment… mais ! C’est impossible voyons ! »
« Rien n’est impossible. »
« Mais si M. Paul est un rêve, pourquoi dévore-t-il ceux que je chasse pour lui ? »
« C’est le seul moyen pour un rêve réalisé de se nourrir, sinon il ne tient que quelques mois sur Terre puis il file vers les étoiles. M. Paul n’a rien d’un monstre. En réalité c’est toi même qui l’a créé lorsque tes parents sont morts. Tu étais désespéré et effrayé par l’orphelinat. Tu as un don Victor. Celui de réaliser tes rêves. Il suffit d’y croire… »
« Tu m’as déjà dit ça… »
« Oui c’était en rêve. »
« Mais… Je ne comprends plus rien ! »
« Tu avais besoin de te recréer un univers pour survivre ! Alors tu as créé M. Paul, une sorte d’oncle pour toi. Ce rêve avait besoin de se nourrir pour survivre afin que tu ne te retrouves pas seul, alors il t’a expliqué les bases pour que tu lui ramènes des rêves. »
« Mais… comment sais-tu tout ça ? Et tous ces trucs sur les rêves et sur moi ? »
« Je suis un rêve réalisé moi aussi. C’est toi même qui m’a créée. Tu avais besoin de savoir. Inconsciemment tu demandais des réponses… et aussi un peu de compagnie. Et j’ai pris vie pour toi. »
« Mais alors, toi aussi tu manges des rêves ? »
« Non… les rêves ne peuvent pas attraper leurs semblables. »
« Mais comment tu fais pour survivre ? »
Je peux vivre ainsi plusieurs mois, mais ton amour pour moi m’a donné de la force.
« Alors tu le savais… »
« Je suis ton rêve. Je sais tout sur toi. »
« Qu’allons-nous faire maintenant ? »
« Nous n’allons plus rien faire Victor… »
« Qu’est-ce que tu racontes encore ? »
« Je suis arrivée à la fin de mes réserves… ton amour m’a aidée à tenir plus longtemps mais c’est la fin. Je dois m’en aller. »
« Quoi ? Mais non ! Non ! Tu ne peux pas ! Tu ne peux pas partir ! »
« Je suis désolée… Ne perds pas confiance, continue de croire ! Un jour tu deviendras un grand écrivain ! »
« Non, Ever je t’en supplie ne me laisse pas ! Je t’aime ! »
« Moi aussi je t’aime Victor… ne t’en fais pas, tu créeras un rêve formidable qui survivra éternellement. Il suffit d’y croire. »
Elle s’approcha de lui et posa ses lèvres douces et sucrées sur les siennes. Lorsqu’elle s’écarta, Victor pleurait à chaudes larmes. Elle en recueillit une et la déposa dans la main de son bien-aimé.
« Garde-la précieusement. Elle te permettra de garder l’espoir. »
Soudain, Ever se mit à flotter dans les airs. Elle ondula ainsi quelques instants puis fila vers les étoiles. Victor rouvrit sa main serrée sur la larme. Elle était s’était transformée en une minuscule fleur bleue.
Il la serra contre son cœur et se mit en chasse. Après tout, il lui restait M. Paul, il n’allait pas laisser partir cet homme, ou plutôt ce rêve, qui avait tant fait pour lui.

(* Hommage à P. Bottero)