MEMMI Albert

France - Tunisie

6 avril 2010.
 

Biographie

Ecrivain et essayiste, Albert Memmi est l’une des plus grandes figures de la littérature tunisienne d’expression française. Personnalité incontournable de la lutte anticoloniale et antiraciste, il est à l’origine des concepts de judéité et d’« hétérophobie » ainsi que de définitions inédites du racisme ou de la décolonisation (adoptées notamment par l’Encyclopédie Universalis). Traduite dans une vingtaine de pays, son œuvre a été saluée par les plus grands penseurs, de Senghor à Camus, qui voyaient en lui « une figure de proue (…) de la littérature maghrébine » (Le Magazine Littéraire).

Né à Tunis en 1920 d’une famille juive de langue arabe, Albert Memmi est formé au lycée Carnot de Tunis. Il poursuit ensuite des études de philosophie à Alger puis à Paris. Après la guerre, marié à une Française, il retourne en Tunisie, y enseigne et commence à écrire. Bien qu’ayant soutenu le mouvement d’émancipation de la Tunisie, il ne peut trouver sa place dans le nouvel état musulman et s’installe en France après l’Indépendance (1956). Il devient alors professeur de psychiatrie sociale à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, puis à HEC et à l’Université de Nanterre (1970).

En 1953, il publie son premier roman largement autobiographique, La Statue de sel, avec une préface d’Albert Camus. Son œuvre la plus connue est un essai théorique préfacé par Jean-Paul Sartre : Portrait du colonisé, précédé du portrait du colonisateur publié en 1957 et qui apparaît, à l’époque, comme un soutien aux mouvements indépendantistes. Ce texte de dénonciation du système colonial fait date dans l’œuvre de Memmi ainsi que dans la réflexion sur le fait colonial en général, mettant en lumière un « couple » colonisateur-colonisé, antagoniste et conditionné. En 1964, il dirige la publication d’une Anthologie des écrivains maghrébins d’expression française (avec Roth, Arnaud, Déjeux). Comme nombre de ses contemporains, la littérature francophone maghrébine « post-indépendance » lui semble vouée à une histoire courte, bientôt supplantée par la langue arabe.

Cinquante ans après Portrait du colonisé, portrait du colonisateur, Albert Memmi publie en 2004 Portrait du décolonisé : Arabo-musulman et de quelques autres, un ouvrage dans lequel l’auteur se propose de répondre à la question : qu’est devenu l’ex-colonisé ? Il dresse ainsi un portrait sous forme de triptyque : le nouveau citoyen, demeuré dans son pays natal, l’immigré vivant dorénavant à l’étranger et le fils de l’immigré, né dans le pays d’accueil, chacune de ces figures possédant sa cohérence.

Entre fictions et essais, Albert Memmi interroge la place et la singularité du Juif dans le monde arabe et revisite les notions de Racisme, de Colonisation, de Dépendance. Son œuvre, internationalement reconnue, s’est vue décerner de nombreux prix dont, en 2004, le Grand prix de la francophonie pour l’ensemble de celle-ci.


Bibliographie :


Présentation de Portrait du décolonisé arabo-musulman et de quelques autres

Cinquante ans après les indépendances, qu’est devenu l’ex-colonisé ? Cet ouvrage tente une peinture aussi fidèle que possible d’un homme nouveau apparu sur la scène de l’histoire. On verra qu’il s’agit d’un triptyque : le nouveau citoyen, demeuré dans son pays natal, l’immigré vivant dorénavant à l’étranger et le fils de l’immigré, né dans le pays d’accueil, chacune de ces figures possédant sa cohérence. Sont ainsi passés en revue la plupart des problèmes qui, à la suite de l’interdépendance inédite du monde contemporain, nous assaillent tous. À l’intérieur des jeunes nations, la liaison inexorable entre la pauvreté, la corruption et la tyrannie. Entre les nations, les mouvements de populations, les collisions entre les cultures et le probable métissage. D’où les tentations passéistes, le recours aux mythes, politiques ou religieux, aux intégrismes et à la violence.